Deux millions de Belges exposés à de graves problèmes de santé à cause des particules ultrafines émises par les avions

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Communiqué de presse co-signé par Canopea, la SSMG (Société scientifique de médecine générale), la Belgian Lung Fundation, la Fédération des maisons médicales.

Une nouvelle étude (ici le briefing, ici l’étude) menée par le groupe environnemental Transport & Environment (T&E) indique que des milliers de cas d’hypertension artérielle, de diabète et de démence en Belgique et en Europe pourraient être liés aux minuscules particules émises par les avions.

Plus de deux millions de personnes (2,28 millions)1 – soit près de 20 % de la population belge – vivent dans un rayon de 20 km autour de l’aéroport de Bruxelles. Selon une nouvelle étude réalisée par CE Delft et commandée par T&E (Transport & Environment), ces personnes sont particulièrement exposées aux particules ultrafines provenant de l’aviation. Dans l’ensemble de l’Europe, 52 millions de personnes sont concernées par les 32 aéroports les plus fréquentés2,3. Cette exposition aux particules ultrafines peut être liée au développement de problèmes de santé graves et à long terme, notamment des problèmes respiratoires et cardiovasculaires ainsi que des problèmes de grossesse.

Selon cette nouvelle étude, l’exposition aux particules ultrafines (PUF) pourrait être associée à 280 000 cas d’hypertension artérielle, 330 000 cas de diabète et 18 000 cas de démence en Europe. L’étude a extrapolé les cas signalés de ces maladies autour de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol et fournit la première estimation des effets sanitaires imputables aux PUF de l’aviation en Europe. En Belgique, le Conseil supérieur de la santé (CCS) a récemment déclaré que la pollution causée par les avions pouvait avoir des effets néfastes sur la santé4[4],5.

Les particules ultrafines sont particulièrement préoccupantes car elles pénètrent profondément dans le corps humain et ont été retrouvées dans le sang, le cerveau et le placenta. Les PUF ont un diamètre inférieur à 100 nanomètres, soit environ 1 000 fois plus petit qu’un cheveu humain. À ce jour, il n’existe aucune réglementation sur les niveaux de sécurité des PUF dans l’air, bien que l’OMS ait prévenu qu’il s’agissait d’un polluant émergent préoccupant il y a plus de 15 ans.

Sébastien Cleeren de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), s’indigne que « la problématique des PUF est, malheureusement, une illustration de plus parmi tant d’autres que le profit économique d’une très petite partie de la population passe avant la santé de tous et surtout des plus pauvres. Non seulement, le principe élémentaire de précaution n’est pas appliqué mais lorsque les preuves scientifiques s’accumulent, il faut bien souvent attendre des décennies avant que des mesures contraignantes soient mises en place pour protéger la santé de la population. C’est évidemment intolérable et en total violation des droits de l’Homme puisque « le droit à un environnement propre, sain et durable » est depuis le 8 octobre 2021 inscrit dans les droits humains. »

Les particules ultrafines sont émises à haute altitude, mais également au moment du décollage et de l’atterrissage, ce qui signifie que les personnes vivant à proximité d’un aéroport sont particulièrement touchées. Les personnes vivant dans un rayon de 5 km autour d’un aéroport respirent un air qui contient, en moyenne, de 3 000 à 10 000 particules ultrafines par cm3 émises par les avions. De plus, dans de nombreuses villes, il existe une corrélation entre les personnes vivant à proximité d’un aéroport et les faibles revenus. Ce sont en effet les personnes les plus vulnérables de la société qui sont les plus touchées par la pollution de l’air.

La Belgian Lung Foundation (BeLF) attire l’attention sur « l’importance de préserver au maximum de l’exposition aux particules certaines populations fragiles (enfants, femmes enceintes, patients atteints de maladies cardiaques ou respiratoires, …). »

Pierre Jamar de la Fédération Canopea souligne que « Depuis plus de trois décennies, les pouvoirs publics misent sur le développement des activités aéroportuaires au détriment de la santé des riverains. Les aéroports se félicitent que les concentrations de polluants mesurées à proximité des pistes sont similaires à celles mesurées le long des axes routiers. Cela n’est vrai que pour les « polluants classiques » faisant l’objet d’un monitoring systématique. Cette nouvelle étude souligne clairement la responsabilité de l’activité aérienne quant aux concentrations excessives de polluants émergents tels que les particules ultrafines. »

En revanche, l’utilisation de carburéacteur de « meilleure qualité » permet de réduire les émissions de PFU jusqu’à 70 %, selon l’étude. En effet, la quantité de PUF émise par les avions dépend en grande partie de la composition du carburant. Plus celui-ci est propre, moins sa combustion est polluante. Le nettoyage de ce carburant (hydrotraitement)6. est effectué depuis des décennies pour éliminer le soufre des carburants destinés aux voitures et aux navires et pourrait coûter moins de cinq centimes par litre de carburant. Mais les normes applicables aux carburants pour avions n’ont jamais été améliorées, alors qu’elles permettraient de réduire considérablement la pollution de l’air aux abords des aéroports.

« La réduction du trafic aérien permettrait non seulement de réduire les PUF et d’améliorer la qualité de l’air mais aussi de réduire les nuisances sonores qui impactent également les populations riveraines et de limiter l’impact de l’aviation sur le climat planétaire » précise Canopea.

Les PUF font partie de ce que l’on appelle les « émissions non-CO2 » des avions, qui comprennent de nombreux autres polluants toxiques, gaz et particules, tels que les oxydes d’azote et le dioxyde de soufre. Bien que ces polluants n’entrent pas dans le champ de l’étude, ils ont également des effets connus sur la santé qui s’ajoutent à ceux décrits précédemment. Ces émissions ont également un effet néfaste sur le climat, ce qui rend la contribution de l’aviation au réchauffement climatique au moins deux fois plus importante qu’on ne le pense généralement. Par exemple, la formation de traînées de condensation – les lignes blanches qui sillonnent le ciel derrière les avions et qui ont un effet de réchauffement significatif – est également liée aux émissions d’UFP. Réduire les émissions d’UFP en améliorant la qualité du kérosène serait bénéfique non seulement pour la population vivant à proximité des aéroports, mais aussi pour la planète.

Signataires : Canopea, Belgian Lung Foundation (BeLF), Fédération des maisons médicales (Fmm), Société scientifique de médecine générale (SSMG)

Crédit image d’illustration : Adobe Stock

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  1. Sources : IWEPS à partir de Statbel et du RN au 01/01/2023
  2. Cette étude porte sur I ‘Espace économique européen et le Royaume-Uni.
  3. Les effets du vent et l’éventuelle diffusion des PUF n’ont pas été pris en compte dans la modélisation. Les effets finaux pourraient en être légèrement affectés.
  4. Conseil Supérieur de la Santé (CSS), Avis n°9741, « Impact sur la santé du trafic aérien autour de Brussels Airport », 07/05/2024
  5. https://www.rtbf.be/article/trafic-aerien-le-conseil-superieur-de-la-sante-recommande-une-interdiction-des-vols-de-nuit-11370169
  6. Les procédés d’hydrotraitement ajoutent de l’hydrogène au combustible, éliminant les impuretés et améliorant sa composition et ses propriétés de combustion.