Mouvement « Zéro Déchet », chasse aux plastiques devenus indésirables, circularité des matières…Une effervescence autour de la question des déchets, de la fin d’un modèle consistant à «prélever-fabriquer-jeter » et des opportunités à développer une économie plus circulaire poussent dans le dos nos politiques à agir sur ces questions. Mieux vaut tard…
La gestation du Plan wallon Déchets-Ressources fut longue et sa sortie devenait plus qu’urgente avec un plan Horizon 2010 obsolète mais surtout en raison d’une évolution inédite du contexte.
En effet, de la Commission européenne à l’épicerie locale, de la multinationale au lombricomposteur, la question d’une meilleure gestion des ressources et valorisation des déchets est devenue centrale. C’est dire si le Plan wallon Déchets-Ressources (PwD-R), adopté au printemps 2018 était attendu. Avec plus de 700 actions réparties à travers 157 mesures, tout l’enjeu est maintenant de le mettre en œuvre.
Dans sa note d’orientation politique, le Ministre Di Antonio, insiste sur une dizaine d’objectifs et actions de ce plan qui doivent être poursuivis et renforcés. Rien de très innovant mais quelques engagements qui traduisent une volonté de ne plus se contenter d’être les champions du monde du tri des déchets et de remettre l’incinération à sa place dans l’échelle de Lansink, avec, il faut le souligner, un objectif de diminution de capacité d’incinération d’au moins 15%. Mais à quel horizon ? Cela reste flou.
Le PwD-R développe en parallèle, et c’est bien normal, plusieurs axes :
- Prévention,
- Gestion des déchets ménagers,
- Gestion des déchets industriels,
- Propreté publique.
Néanmoins, on peine encore à voir, notamment à travers les budgets, où seront placées les priorités. Quelle place occupera la récupération par rapport au recyclage (avec par exemple des subsides aux collectes préservantes ou encore la densification du réseau de centrales de réparation et de revente en seconde main) ? Force est de constater qu’il n’y a pas de visibilité quant à l’affectation du Fonds pour la gestion des déchets.
LA priorité est donc à présent de… prioriser, de programmer et de financer les actions du PwD-R en toute cohérence, non seulement avec les besoins des secteurs concernés mais aussi avec les aspirations citoyennes en terme de changement dans les modes de production et de consommation.
Á ce titre, davantage de pression et de responsabilisation des producteurs via l’accord de coopération relatif à la prévention et la gestion des déchets d’emballage, actuellement sur la table, serait un signal fort pour continuer à diminuer l’impact environnemental des emballages.
Dans sa note, le Ministre Carlo Di Antonio, insiste sur l’importance du gisement de déchets industriels : plus de 85% du total des déchets produits en Wallonie ! Or, en termes d’objectifs précis et d’actions concrètes, le volet Déchets ménagers est plus étoffé que celui relatif aux déchets industriels.
Même s’il est indispensable de poursuivre les efforts de prévention, de tri et de recyclage des déchets ménagers, on voudrait voir plus d’engagements sur le gisement industriel, au vu des opportunités socio-économiques et environnementales qu’il recèle.
Opportunités que le Gouvernement wallon tentera tout de même de capter avec la prise de participation en capital à hauteur de 30 millions d’euros dans des projets d’entreprises actives dans le recyclage des plastiques en Wallonie. Projet, inscrit dans le Plan wallon d’investissement, porté conjointement par le Ministre de l’Economie Pierre-Yves Jeholet, en charge du développement de l’économie circulaire.
Dans sa note d’orientation, M. Jeholet revient sur les différentes initiatives lancées en la matière :
- Ébauche de stratégie Economie circulaire,
- Renforcement du programme NEXT (mais avouons que les actions de ce programme sont assez nébuleuses),
- Mesures d’accompagnement et de formation auprès des entreprises…
Des mesures certes intéressantes mais qui nécessiteraient d’être incluses au sein d’une réelle stratégie régionale en la matière, avec une vision 2050 et des partenariats publics-privés à l’instar de la Flandre qui a une longueur d’avance.
Gageons que cette stratégie régionale, dépassant les cloisonnements environnement/économie figure dans les priorités de la prochaine Déclaration de politique régionale.