Libérons Namur de la publicité !

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Le 6 juin 2023, nous réactualisions notre position de 2008 sur la régulation de la publicité pour la rendre la plus cohérente face à l’évolution de nos sociétés et aux réalités mondiales. Et dans la foulée, nous éditions un dossier Education Permanente sur le sujet.

Dans la perspective des élections de cette année, plusieurs collectifs citoyens lancent des initiatives de campagne et pétition afin de réguler la pub et de la supprimer de l’espace public.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de la Campagne La fin de la PUB à Bruxelles lancée par le collectif Bruxelles sans Pub ?

Hé bien aujourd’hui, c’est au tour du collectif Namur Sans Pub de lancer sa propre campagne. Les membres du collectif demandent aux futurs responsables namurois de créer un plan de suppression de la publicité et, en priorité, de ne pas renouveler le contrat avec JCDecaux, gestionnaire du mobilier urbain.

D’autres mesures sont notamment demandées : interdire l’installation de nouveaux panneaux et démanteler le réseau existant, interdire la publicité dans un rayon de 300 mètres autour des écoles, interdire les publicités promouvant les produits nocifs pour la santé et l’environnement, etc.

Une de leur première action est de lancer une pétition afin de récolter un maximum de signatures pour faire poids et ainsi faire entendre leurs voix lors de l’interpellation les différents partis communaux.

N’hésitez donc pas à la signer et à la partager autour de vous.

Vous pouvez retrouver ci-dessous le texte complet de la position du collectif namurois qui fait, bien entendu, écho à celle de Canopea.

Supprimons la publicité à Namur !

Créons des espaces d’expression libres, artistiques et populaires !

Si les controverses entourant la publicité existent depuis longtemps, il n’a jamais été aussi urgent d’agir pour libérer l’espace public et nos esprits de ses effets. Dans un contexte d’augmentation des inégalités et de la pauvreté, d’aggravation des dérèglements climatiques et de défiance croissante envers les institutions démocratiques, l’omniprésence de la publicité est non seulement une violence sociale et psychologique de plus, mais constitue également un outil permettant à un système de production et de consommation nuisible de se perpétuer. Nous vous proposons d’agir ensemble pour soulager l’espace public de l’emprise de la publicité. Faisons de Namur la première ville sans pub en Belgique !

C’est quoi la pub ?

Par « publicité », nous entendons toutes les communications commerciales visant à promouvoir des produits, des services ou des idées auprès d’un public cible, quel qu’en soit le support. Elle vise principalement à maximiser un profit privé.

La publicité est efficace et c’est un problème

Bien qu’on aimerait croire qu’un esprit critique bien entraîné puisse déjouer les mécanismes de la publicité, il n’en est rien, selon les recherches scientifiques actuelles. Non seulement la publicité affecte bien nos cerveaux au niveau du « circuit de la récompense », mais son omniprésence conditionne également nos imaginaires sur le temps long. Les enfants et les adolescents sont particulièrement visés par les publicités, ce qui nuit sérieusement à leur santé, car leur système nerveux est encore en développement.

La seule existence de la publicité prouve d’ailleurs son efficacité. Si elle n’influençait pas les comportements d’achat, les annonceurs s’épargneraient cette dépense devenue inutile.

Impacts nocifs de la publicité 

La pub nuit à l’environnement ! Comme l’indique le GIEC, la publicité incite à la surconsommation en créant des besoins souvent artificiels, ce qui est largement incompatible avec la sobriété nécessaire dans un contexte d’urgence climatique. Elle promeut majoritairement des produits ou des services ayant une faible valeur sociétale mais un coût écologique très élevé (contribution à l’épuisement des ressources, fabrication et utilisation polluante, obsolescence programmée ou stimulée, usage unique etc). Dans les villes, les panneaux d’affichage rétroéclairés et les écrans publicitaires numériques engendrent à la fois une agression visuelle, une pollution lumineuse (impacts sur les habitants, la faune et la flore) et un gaspillage de ressources.

La pub nuit à la santé publique!  La publicité influence les choix alimentaires notamment vers des aliments malsains, tels que les fast-foods et les boissons sucrées (McDonald’s dépense plus de 2 milliards d’euros annuels en communication). Elle favorise les addictions en mettant en avant les jeux d’argent et l’alcool. La publicité a des conséquences nocives sur la santé, engendrant des problèmes tant physiques que psychologiques comme le stress, l’agressivité, l’obésité, l’anorexie et l’anxiété.

La publicité renforce les stéréotypes et favorise la discrimination! La publicité renforce et légitime les stéréotypes de genre, de classe, ethniques ou culturels, ainsi que les préjugés, ce qui contribue à la discrimination et à l’injustice sociale. La publicité renforce les normes de beauté inaccessibles, entraînant de lourds problèmes d’estime de soi. Elle accentue les pressions sociales et alimente les sentiments d’insécurité et d’inadéquation chez de nombreuses personnes.

A qui profite le crime ?

Seuls ceux ayant des ressources financières importantes peuvent communiquer de manière significative. Les grandes entreprises créent facilement une image positive et vendeuse, même si leurs produits sont médiocres et leurs comportements irresponsables. En revanche, les petit·es producteur·rices, artisan·es , entrepreneur·es et commerçant.es locaux, aux pratiques éthiques, ont du mal à se faire entendre en raison du manque de moyens. Les secteurs les plus actifs incluent l’alimentation (particulier les fast-foods et les sodas) l’industrie automobile, ainsi que les jeux de hasard. Cependant, d’autres secteurs tels que l’industrie chimique, le transport aérien, la fast fashion, le luxe et l’énergie sont également fortement impliqués. Par exemple en France, parmi les quelques 3 millions d’en­treprises, moins de 1 % ont accès au marché publicitaire, 25 annon­ceurs contrôlent à eux seuls un quart du marché, avec des budgets moyens de plus de 200 millions d’euros. Les vrais gagnants de ce business sont donc les grandes entreprises et les annonceurs eux-mêmes.

Qu’est-ce qu’on y gagne ?

La publicité est souvent considérée comme une importante source de revenus pour les finances publiques. Cependant, il est crucial de comparer ces revenus avec le budget global d’une ville et les effets sociaux négatifs de la publicité. La publicité crée des externalités négatives, qui coûtent plus cher à la société que la valeur qu’elle génère. Une étude britannique a montré qu’à chaque livre sterling de valeur créée par la publicité, elle détruit 11,5 livres de valeur. En d’autres termes, les coûts des impacts environnementaux, sociaux et sanitaires de la publicité sont onze fois plus élevés que les revenus que la ville peut en tirer. Réparer les dommages causés par la publicité coûte beaucoup plus cher à la société que ce que les contrats publicitaires rapportent.

Namur, première ville sans pub de Belgique?

Le mouvement « Villes sans pub » gagne du terrain. En 2014, Grenoble a montré l’exemple en supprimant la publicité de son centre-ville à la suite de la fin d’un contrat avec un fournisseur. Le manque à gagner pour les finances de la municipalité a rapidement été compensé. On estime que cette initiative a permis de réduire les émissions de CO2 de cinquante tonnes par an. En 2017, Rennes a suivi le même chemin, suivi par Bordeaux et Nantes. Des mesures visant à réduire l’impact de la publicité, notamment numérique, sont en cours à Bruxelles, Lyon et Marseille. Pourquoi ne pas inclure Namur dans cette liste vertueuse ?

Nous demandons donc aux futurs responsables namurois·es de créer un plan de suppression de la publicité et en priorité de ne pas renouveler le contrat avec JCDecaux. D’autres mesures devront être prises notamment : interdire l’installation de nouveaux panneaux et démanteler le réseau existant, interdire la publicité dans un rayon de 300 mètres autour des écoles, interdire les publicités promouvant les produits nocifs pour la santé et l’environnement, etc.

En remplacement des espaces publicitaires, nous souhaitons des panneaux d’expression publique et des espaces dédiés à l’art, à la créativité et à l’expression libre. Nous croyons fermement que ces mesures contribueront à créer un environnement urbain plus harmonieux et respectueux, en accord avec les valeurs démocratiques et humanistes de notre communauté.

Crédit image d’illustration : Adobe Stock

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