Pour une transition agricole durable au niveau local

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Ce 13 octobre, les Belges seront à nouveau appelé.e.s à voter. Mais cette fois-ci pour leurs représentants communaux et provinciaux.

A leur échelle, les villes, communes et provinces disposent de compétences et outils essentiels contribuant à la nécessaire transition vers une agriculture plus respectueuse du vivant (agroécologie et agriculture biologique). 

Avec nos partenaires de Agroecology in Action, nous avons défini 5 mesures prioritaires que les politiques locales doivent intégrer si elles veulent faire de cette transition une réalité.

C’est à nous, société civile et citoyens, de rappeler aux politiques que nous nous préoccupons de l’état de notre santé, de l’état du vivant et de nos ressources (eau, sol, …) et de la santé de nos agriculteurs. Ce 13 octobre, réveillons-nous et demandons à nos politiques la mise en place de mesures fortes et ambitieuses pour sortir de cette impasse.

Nos 5 priorités pour une transition vers une agriculture plus vertueuse

1. Développer la démocratie alimentaire au niveau local

Il est urgent d’opérer à une transition des systèmes agroalimentaires, permettant aux citoyen·nes et aux petit·es producteur·ices de décider du type d’alimentation et de sa production. Il est temps de prendre en main collectivement la gestion de l’alimentation, en adoptant une approche véritablement démocratique.

Nos recommandations :

  • Promouvoir une alimentation saine et de qualité dans les collectivités (écoles, CPAS, maison de repos…)
  • De créer des lieux de débats entre agriculteur·rices, citoyen·nes et acteur·rices de l’alimentation pour construire ensemble des projets pour l’agriculture et l’alimentation de leur territoire.
  • En résultat ou en parallèle de ces débats, d’adopter une stratégie communale de soutien aux agriculteur·rices, à la transition agroécologique et l’alimentation locale et solidaire.
  • D’adopter la Charte des communes paysannes du Mouvement d’action paysanne (MAP).
  • De souscrire à des engagements internationaux tels que La déclaration de Glasgow sur l’alimentation et le climat.
  • Renforcer les structures de démocratie alimentaire favorisant les liens entre agriculteurs·rices et consommateurs·rices (ex. Système Participatif de Garantie – SPG, Conseil de Politique Alimentaire – CPA).

2. Protéger la terre et les ressources naturelles et soutenir l’installation de nouveaux·elles paysan·nes

Les campagnes se désertifient, faute de repreneur·euses, alors que la majorité des agriculteurs·rices ont plus de 55 ans, et que 67 % d’entre eux quitteront bientôt la profession, dont 80 % sans successeur·euse. Les petites exploitations agricoles sont les premières touchées, souvent sans repreneurs, ce qui les expose à des acquisitions par des fermes plus grandes, des entreprises agro-industrielles ou des acteurs externes. Cela peut conduire à un accaparement des terres, à une concentration foncière et à la disparition de l’agriculture locale.

Nos recommandations :

  • Faciliter l’installation et la reprise des fermes par les agriculteurs·rices en améliorant leur accès à la terre grâce à des mécanismes de portage foncier.
  • Adopter une politique foncière communale en faveur de l’agroécologie, en établissant un cadastre des terres publiques.
  • Préserver les terres agricoles avec des politiques d’aménagement axées sur leur fonction nourricière.
  • Encourager la transmission des fermes et accompagner les cédant·es, en priorisant les jeunes agriculteurs.
  • Assurer le respect de l’interdiction des pesticides dans les espaces publics et promouvoir des communes « zéro phyto » en collaboration avec agriculteurs et citoyens.
  • Faciliter l’installation paysanne en offrant des services de soutien à la reprise et l’installation de fermes agroécologiques et nourricières (à l’échelle communale, pluri-communale, ou d’un GAL).
  • Soutenir les coopératives paysannes locales en facilitant l’accès à des locaux gratuits et en offrant des ressources logistiques, humaines et financières.
  • Encourager les initiatives paysannes et citoyennes pour développer des filières et ceintures alimentaires locales.

3. Promouvoir des modes de consommation agroécologiques

Il est crucial de repenser toute la chaîne alimentaire (de la fourche à la fourchette) pour répondre aux défis sociétaux. Le renforcement des circuits courts est crucial pour opérer un changement d’échelle et permettre une transition agroécologique, indispensable pour créer un système alimentaire plus durable, équitable et résilient.

Nos recommandations :

  • Intégrer les produits locaux, agroécologiques, de commerce équitable dans les marchés publics alimentaires de restauration collective (ex. écoles, maisons de repos, CPAS).
  • Intégrer les communes pilotes expérimentant la sécurité sociale de l’alimentation (SSA), permettant l’achat de produits de qualité via une carte type chèque-repas.
  • Envisager un approvisionnement direct pour les restaurations collectives via des régies agricoles communales, qui gèrent la production et la transformation agricoles localement.
  • Soutenir la création de marchés alimentaires pour les producteurs locaux et envisager des marchés de intercommunaux pour un approvisionnement local équitable.
  • De soutenir les alternatives à la grande distribution, telles que les groupements d’achats communs et solidaires à l’agriculture paysanne (GAC, GASAP) et les (super)marchés coopératifs.
  • D’interdire la vente de malbouffe dans les structures communales, en particulier les établissements de jeunes.
  • De lutter contre la prolifération de fast-food en refusant la délivrance de permis d’exploitation pour des raisons de santé publique.  
  • D’interdire la publicité pour la malbouffe sur tous les affichages publicitaires communaux.

 4. Garantir le droit à l’alimentation et à la nutrition pour tou·tes

Il est urgent d’agir pour revaloriser l’agriculture paysanne, essentielle à la sécurité alimentaire et à la durabilité. En soutenant les petits exploitant·e·s et en promouvant des circuits courts, nous pouvons réduire l’impact environnemental tout en améliorant la qualité de notre alimentation. Il est également crucial d’éduquer la population sur les enjeux nutritionnels et d’appeler à des politiques publiques favorables qui protègent les agriculteur·rice·s face à l’industrialisation de l’alimentation. Enfin, l’engagement communautaire doit être renforcé pour favoriser l’accès à une alimentation saine et locale, établissant ainsi un lien direct entre producteur·rice·s et consommateur·rice·s.

Nos recommandations :

  • Diversifier l’offre alimentaire en intégrant des produits frais et locaux dans l’aide alimentaire. 
  • Réviser les cahiers des charges pour offrir des produits de qualité en quantité adaptée aux besoins. 
  • Proposer une soupe-collation à base de produits locaux à tous les enfants des écoles. 
  • Promouvoir une alimentation saine et de qualité dans les collectivités (écoles, CPAS, maison de repos…).
  • Développer des projets d’insertion socio-professionnelle et offrir une production locale aux citoyens. 
  • Soutenir les services d’aide alimentaire existants et privilégier les approvisionnements en produits de qualité via les circuits courts, encourager les collaborations entre acteurs locaux. 
  • Organiser une gestion solidaire des excédents agricoles et invendus. 
  • Développer des projets d’insertion professionnelle sur les terres publiques en lien avec l’agriculture agroécologique. 
  • Lancer des projets agroécologiques à vocation sociale (potagers collectifs, marchés locaux, etc.).  

5. Réduire les inégalités de genre pour favoriser la transition agroécologique

L’agroécologie, en plus de promouvoir une production plus respectueuse de l’environnement, encourage également l’égalité des genres et des relations de pouvoir équitables et justes. La lutte contre les inégalités de genre est indispensable pour assurer la transition durable de nos systèmes alimentaires.

Nos recommandations :

  • L’organisation de formations en mixité choisie (ex. prise de paroles en public, soudure, mécanique) qui permettent aux femmes* de développer leurs capacités.
  • Mettre des espaces à disposition où les agricultrices peuvent mettre leur expérience en avant et partager (centres culturels, salles communales…).
  • Inclure les femmes* dans les lieux de décision et de formations au niveau communal en établissant des quotas garantissant une représentation des femmes et minorités de genre au sein des instances décisionnelles.
  • Renforcer l’accessibilité, l’abordabilité et la qualité des services d’aide pour les violences sexistes et sexuelles en milieu rural, adaptées aux réalités agricoles (isolement, dépendance économique, LGBT-phobies).
  • De mettre en place une budgétisation sensible au genre et d’intégrer les enjeux de genre dans toutes les actions des communes.  
  • Collaborer avec les Groupes d’Action Locale (GAL) pour mettre en place les mesures proposées ci-dessus.

Le mémorandum complet est disponible ici : Mémorandum communal.

Crédit image d’illustration : Unsplash

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