Protection de la biodiversité : une politique privée de moyens

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La séance plénière du Parlement wallon devrait entériner le budget 2025, incluant la réduction controversée du montant alloué à la politique de protection de la biodiversité. Pour les organisations environnementales Canopea, Natagora et le WWF, ce budget n’est pas à la hauteur des enjeux et mettra la Wallonie en difficulté par rapport à ses engagements européens et internationaux. 

À l’occasion de la plénière du Gouvernement wallon, les députés voteront le budget 2025, incluant la réduction controversée du montant alloué à la protection de la nature. C’est confirmé, celle-ci sera de plus de 17 millions d’euros (1). Le gouvernement se défendait par ailleurs d’une augmentation de 14 millions mais ceux-ci seront limités à la biodiversité agricole et, à la lecture des chiffres, cette augmentation était déjà prévue dans le plan stratégique de la Politique Agricole Commune (PAC) de 2022 (2).  

Pour justifier cette importante coupe budgétaire, le gouvernement invoque la nécessité d’assainir les finances publiques. Il décide ainsi de couper dans le budget alloué à la biodiversité, qui ne représentait pourtant en 2024 que 0,11 % du budget total de la Wallonie. La décision de réduire cette petite enveloppe est interpellante, alors que d’autres postes budgétaires bien plus importants, aux mains de la même Ministre , restent presque inchangés (3).

Le gouvernement pose donc là un choix politique. Il affirme vouloir « faire mieux, avec moins » en matière de protection de la nature. La façon dont il compte s’y prendre reste peu claire. Et alors qu’il s’était doté d’un certain nombre d’objectifs en la matière dans sa Déclaration de politique régionale, une question essentielle subsiste : comment compte-t-il concrètement « faire mieux » avec une telle réduction de moyens ?

Alors qu’une étude parue l’année dernière faisait l’état d’un important déficit de financement de la biodiversité en Belgique pour atteindre ses objectifs, une telle coupe semble difficile à combiner avec l’atteinte de ceux-ci, notamment celui de remédier à l’état alarmant de la biodiversité en Wallonie, où 95% des habitats naturels sont en état défavorable. La division par deux des moyens d’actions du DNF (4), entre autres, soulève une question sur la capacité future de l’administration à travailler sur d’importants chantiers à venir. Pourtant, ceux-ci ne manquent pas : dans les deux ans, la Wallonie doit présenter sa contribution au Plan national de restauration à la Commission européenne. Le gouvernement wallon s’est également engagé à passer de 1 à 5 % du territoire wallon sous statut de protection fort d’ici à 2030.

Face à ces incertitudes, Canopea, Natagora et le WWF appellent le gouvernement wallon à établir un plan de financement à 2030 qui devra se baser sur un inventaire clair des dépenses actuelles allouées à la biodiversité ainsi que sur une estimation du déficit à combler pour arriver aux objectifs et obligations internationales et européennes en matière de biodiversité d’ici à 2030. Cet appel, déjà partagé en novembre, est d’ailleurs soutenu par de multiples autres organisations de la société civiles (5) qui expliquaient également qu’une piste concrète pour mobiliser les fonds nécessaires se trouve dans la redirection d’une partie des subventions fédérales allouées aux énergies fossiles, dont seuls 5,75% seraient nécessaires pour combler l’ensemble du déficit de financement belge pour la biodiversité.

Les associations environnementales rappellent que la protection de la biodiversité est un investissement  visant à préserver les équilibres écologiques et garantir l’avenir des générations présentes et futures et invitent le gouvernement à dialoguer pour trouver des solutions en 2025. 

FIN

Contacts presse

Natagora – Philippe Funcken – philippe.funcken@natagora.be – 0487971711

WWF- Laurence Drèze – laurence.dreze@wwf.be – 0494259381

Canopea – Corentin Roland – c.roland@canopea.be – 0472735356

Notes aux éditeurs

  • Voir la présentation de la Ministre lors de la Commission de l’Agriculture, de la Nature et de la Ruralité, ici, aux environs de la 49ème minute.
  • Voir cet article de presse, ou voir le budget PAC déposé à la CE en décembre 2022. La très large majorité de l’augmentation entre 24 et 25 des moyens consacrés aux mesures agroenvironnementales (MAEC) et à l’agriculture biologique était déjà programmée dans le plan stratégique déposé en décembre 2022 par la Wallonie (voir ligne 34 – Part réservée aux objectifs environnementaux et climatiques dans le cadre du Feader – montant). Les montants repris dans ce document sont la part FEADER, soit 37,08 %. Le montant évoqué par la Ministre étant la part wallonne soit 62,92 %.
    Par ailleurs, cette enveloppe a été réduite lors de la récente révision du plan stratégique PAC, au profit d’un transfert vers les aides à l’installation. Un transfert du bio vers les MAEC a également été validé lors de cette révision du plan stratégique, voir le communiqué de presse de Natagora à ce sujet ici.
  • Voir les tableaux budgétaires dans le projet de décret de la Ministre.
  • Voir cet article de presse ou les tableaux budgétaires dans le projet de décret de la Ministre, en particulier le programme 060.
  • https://wwf.be/fr/communiques-de-presse/investir-dans-la-biodiversite-cest-investir-pour-lensemble-de-la-societe