Le projet d’accueillir des déchets nucléaires à Fleurus-Farciennes est irresponsable. C’est la conclusion à laquelle les organisations de protection de l’environnement, associées au comité des riverains, aboutissent après une étude attentive des informations relatives à ce dossier. Les associations demandent aux conseillers communaux des deux entités, qui doivent se prononcer sur le sujet ce 23 février, d’assumer leur responsabilité en votant contre ce projet dangereux tant pour la santé et la sécurité des habitants que pour l’environnement.
L’énergie nucléaire est chère, dangereuse et inacceptable d’un point de vue social. C’est la raison pour laquelle les organisations environnementales plaident depuis des années contre son utilisation. Loin d’être une solution énergétique pour demain, le nucléaire crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Un de ces problèmes réside en la production de déchets, qui restent radioactifs pendant des centaines, voire des milliers d’années, et pour lesquels il n’existe, après plus de cinquante ans de recherche, toujours aucune solution réelle.
Les raisons qui motivent la demande des associations environnementales de rejeter le projet de stockage de déchets radioactifs à Fleurus-Farciennes (1) tiennent tant aux spécificités de celui-ci qu’à la question de la gestion des déchets nucléaires en général :
* L’avant-projet comporte des risques importants pour les populations concernées. Le lieu de stockage envisagé est, en effet, particulièrement inadapté et dangereux, se situant dans une zone densément peuplée, au- dessus d’anciennes mines, dans une région sismiquement sensible et avec une nappe phréatique affleurante.
* La radioactivité réelle et effective des déchets qui seront accueillis n’a pas été déterminée à ce stade de l’avant-projet, empêchant la population (qui n’a d’ailleurs pas encore pu s’exprimer dans le cadre d’une consultation populaire) et le Conseil Communal de se positionner en toute connaissance de cause.
* L’avant-projet envisagé à Fleurus-Farciennes prévoit un stockage vertical définitif des déchets, qui seraient coulés dans du béton. Ceci handicaperait à la fois leur surveillance, une intervention en cas de problème et surtout un traitement futur par d’autres techniques que celles aujourd’hui connues.
* Le site prévu est éloigné des principaux lieux de production de déchets nucléaires, multipliant inutilement les risques en matière de transport et de manutention de la matière radioactive.
* Les compensations financières que font miroiter les autorités fédérales peuvent sembler attrayantes pour les budgets communaux, mais les communes ne disposent d’aucune garantie quant à la disponibilité de ces fonds.
« Avant même la constitution du ‘Partenariat Local Fleurus-Farciennes’ (PaLoFF), l’Organisme national belge des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) déclarait qu’au terme de l’avant-projet, il ne devait plus subsister d’incertitudes techniques importantes (2), précise Mikaël Angé, d’Inter-Environnement Wallonie. Or, de nombreuses questions restent à ce jour sans réponse, notamment concernant les caractéristiques du sous-sol et d’hydrologie, mais aussi la nature des déchets. »
C’est pour ces raisons que Greenpeace et Inter-Environnement Wallonie, associés au comité des riverains, ont récemment adressé une lettre aux représentants démocratiquement élus de la population de Fleurus et de Farciennes, en leur demandant de bloquer le projet.«D’un point de vue démocratique, il est inadmissible de demander aux communes de Fleurus et Farciennes leur accord avant que les questions en matière de radioactivité réelle des déchets n’aient été éclaircies , souligne Gabriele Saporosi, du Comité de vigilance Fleurus-Farciennes. La santé de nos concitoyens et celle des générations à venir ne peuvent être monnayées contre d’hypothétiques compensations financières. »
En matière de gestion des déchets nucléaires existants, les associations environnementales préconisent d’opter pour le stockage sur les lieux de production. Ce stockage doit être ‘réversible’, afin de permettre un traitement des déchets dans l’hypothèse où la connaissance technique évoluerait et une surveillance étroite des déchets, notamment en cas de fuite radioactive.
Pour Jean-François Fauconnier, de Greenpeace, « vu que ce projet engagerait les générations futures pour plusieurs centaines d’années, la responsabilité des conseillers communaux est particulièrement importante. Pour ne pas répéter les erreurs du passé, il est aussi temps que la Belgique tourne définitivement la page du nucléaire. »
Notes pour la rédaction :
Par projet, il faut entendre le document proposé à l’adoption du Conseil communal, c’est-à-dire « l’Avant-projet intégré de dépôt final de déchets radioactifs de catégorie A à Fleurus-Farciennes ».Etudes relatives à l’implantation éventuelle d’un dépôt pour déchets radioactifs de catégorie A à Fleurus-Farciennes, septembre 2002.
Contact:
Gabriele Saporosi, Comité de vigilance Fleurus-Farciennes, 0486/617.609
Jean-François Fauconnier, Greenpeace, 0496/161.587
Mikaël Angé, Inter-Environnement Wallonie, 0477/495.434