C’est une histoire qui, cycliquement, remonte à la surface depuis 2002 : celle d’une technologie de pointe issue des recherches aérospatiales, qui permet à très haute température de produire un combustible (gaz) à partir de déchets. Développée aux USA et au Japon, elle n’est encore appliquée que dans peu de pays, et pour des déchets dangereux dont l’élimination coûte cher et reste problématique pour l’environnement.
A Bertrix, un privé veut lancer un projet pilote testant la faisabilité d’une usine « Torche à plasma » pour déchets organiques. Vu son caractère pilote, le projet n’a pas été soumis à étude d’incidences, mais les fonctionnaires techniques et délégués de la Région wallonne doivent donner leurs avis.
Or, il reste beaucoup -voire trop- d’inconnues dans la notice descriptive du projet pour pouvoir l’autoriser.
Les grands points d’interrogation qui subsistent sur les rejets (dans l’air, dans l’eau) et leurs probables impacts non maîtrisés, sur le devenir des vitrifiats (les résidus solides et dangereux du processus) et sur les caractéristiques techniques de différents éléments du process, invitent clairement à faire appel au principe de précaution.
Aucun bilan énergétique en vue, alors que la torche consomme énormément d’électricité, que le gaz produit est un combustible et que les déchets organiques utilisés pourraient être valorisés par d’autres procédés comme la biométhanisation.
Pas d’évaluation durable non plus des impacts de ce type de filière d’élimination pour des déchets qui pourraient être recyclés ou valorisés autrement ; la notice parle de bois (!), de poudres d’os d’animaux, de pneus… Dans la demande, ces « entrants » ne sont cependant pas catalogués comme des déchets : la demande est donc incomplète !
Enfin, à nouveau, le projet est uniquement axé sur l’accessibilité « route » : des projets industriels avec de grandes quantités d’entrants méritent une localisation privilégiée en bordure de voix navigables…
Bref, nous sommes en présence d’un projet non abouti, dont les nombreuses inconnues risquent de peser sur la qualité de l’environnement et dont les objectifs ne semblent pas rencontrer le cadre que la Région s’est fixée pour gérer ses déchets -le principe de précaution et la hiérarchie de bonne gestion qui encourage la prévention, la réutilisation et le recyclage des déchets.