La face cachée des piles et batteries

Pile
Selon les instances européennes, le secteur des piles et batteries en Belgique serait à la pointe de l’écologie industrielle et des recommandations en matière de collecte de déchets : meilleur taux de collecte (59%) et de recyclage de l’Union ! Compliment donc à Bebat, asbl fondée par l’industrie au moment de la loi sur les éco-taxes, lesquelles éco-taxes avaient pour fonction première d’orienter le consommateur vers des produits plus durables, en l’occurrence, ici, les piles rechargeables. Et Bebat, il faut le reconnaître, excelle non seulement dans la récupération et le traitement des piles usées, mais aussi dans la communication, à laquelle elle consacre un budget non négligeable. « Piles collectées, nature respectée », entonne-t-elle à qui veut l’entendre, et surtout aux écoles qu’elle choit à renfort de dossiers pédagogiques, concours divers, et autre matériel de collecte. Sympas, les piles! L’enfant s’habitue et en redemande, l’adulte, déculpabilisé achète.  Dans le fond, le consommateur est content de la communication qui est faite avec son argent : il est en effet évident que le coût de Bebat (0,1239 EUR + TVA par pile) est répercuté dans le prix d’achat de la pile. Lequel coût n’est pas trop lourd pour le producteur quand on sait que le prix de vente est fréquemment 10 fois plus élevé que le prix de fabrication. L’industrie de la pile se porte donc très bien – 5% de croissance annuelle, 160 000 tonnes de piles mises sur le marché européen par an – et le consommateur est déculpabilisé: il jette au bon endroit et croit respecter la nature.

Face
Au niveau du coût environnemental (sans tenir compte de la collecte et du recyclage), la fabrication d’une pile jetable consomme selon les cas, de 40 à 140 fois plus d’énergie qu’elle ne fournira pendant sa durée de vie. En comparaison, pour une pile rechargeable, ce rapport n’est plus que de 2,5 fois environ. Le gain pour notre environnement est clair et le consommateur plus riche car en choisissant cette alternative, il évite également l’achat d’une centaine de piles à usage unique. De tels chiffres (mais beaucoup d’autres arguments seraient à faire valoir) démontrent la limite, voire le non-sens écologique et économique du fameux slogan facile de Bebat.

Que faut-il de plus?
Tout (ou quasi) est en place pour que le changement de comportement soit au rendez-vous. Des alternatives efficaces existent déjà. Les chargeurs de piles actuels permettent de les recharger jusqu’à plus de 200 fois. Et de nombreux objets utilitaires sans pile  existent : lampes de poche, calculettes, montres automatiques fonctionnant seulement avec l’énergie fournie par les mouvements du bras,…
Alors? Une meilleure rentabilité pour libérer des budgets publicitaires pour ces alternatives? Ou mieux, et de loin: une éthique publicitaire qui interdise les messages tendancieux et des budgets publics pour des messages socio-éducatifs "efficaces".  Et des parents-consommateurs responsables!

Pour en savoir plus :
http://www.ecoconso.org/
http://www.bebat.be/

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