Les organisations environnementales (les Fédérations Inter-Environnement Wallonie – IEW, Inter-Environnement Bruxelles – IEB, Bond Beter Leefmilieu – BBL, et Brusselse Raad voor het Leefmilieu – BRAL ainsi que Greenpeace, le WWF, Natagora et Natuurpunt) appelées à participer au Printemps de l’Environnement initié par le Ministre Magnette s’inquiètent de l’absence de mesures réellement environnementales dans le volet « Mobilité » de ce processus. Les mesures présentées par le ministère pour être discutées entre les participants s’avèrent en effet sans ambition et parfois même néfastes à l’environnement.
Des sujets primordiaux comme la taxation kilométrique intelligente, le régime fiscal des voitures de société ou la réglementation du transport aérien pourraient même ne pas être abordés. A l’opposé, des mesures d’ores et déjà approuvées ou, pire, des dispositions susceptibles de doper le marché automobile se retrouvent sur la table…
Etonnement et déception: tels sont les deux sentiments éprouvés par le mouvement environnemental en découvrant les propositions mises sur la table des négociations du volet « Mobilité » du Printemps de l’Environnement. Pour rappel, ce processus « participatif et décisionnel » initié par le Ministre de l’Energie et du Climat, Paul Magnette, débutera le mardi 13 mai prochain et se donne pour objectif d’impliquer « tous les acteurs belges concernés par les problèmes liés au réchauffement climatique, à la perte de biodiversité, à la santé, ou encore à la mobilité (…) pour aboutir à des réponses cohérentes et précises ». Il semble malheureusement qu’en ce qui concerne la mobilité, on se place d’entrée de jeu bien loin de la cohérence revendiquée.
L’input des ONG a été totalement évacué. Des enjeux majeurs tels que des mesures concrètes contre les voitures de société, la taxation kilométrique intelligente (modulée en fonction de l’usage effectif du véhicule) ou encore la maîtrise du transport aérien seront ainsi exclus du débat. Dès lors, les mesures proposées à la discussion, apparemment concoctées par le Secrétaire d’Etat à la Mobilité, Etienne Schouppe, se révèlent marginales et sans ambition. On y fixe par exemple un objectif de croissance du trafic-voyageurs de la SNCB de 3,8% alors que cela figure d’ores et déjà dans le nouveau contrat de gestion de la SNCB adopté il y a peu. De même, le package présenté prévoit d’accélérer le renouvellement du parc automobile mais cette mesure, appuyée par les constructeurs automobiles, ignore totalement les coûts environnementaux liés au cycle de vie des véhicules.
De facto, le contenu de ce volet « Mobilité » se révèle moins volontariste et ambitieux que des initiatives précédentes: avis-cadre du CFDD (Conseil fédéral du développement durable) de 2004, Plan fédéral du développement durable 2004-208, plan Kyoto-Transport du SPF Mobilité-Transport de 2008, etc.
Face à ce constat, les organisations environnementales s’interrogent sur l’opportunité de s’impliquer dans une discussion vidée de toute substance. Elles rappellent au Ministre Magnette (mais aussi au Premier Ministre et aux Ministres régionaux de l’Environnement qui cosignent le propos), son plaidoyer développé dans la note d’intention du Printemps de l’Environnement: « Les pouvoirs publics doivent avoir le courage de prendre des mesures fortes, audacieuses, qui dérangent peut-être. L’heure est à la prise de responsabilité, à la prise d’engagements fermes et irréversibles. » Il reste quelques jours pour poser des actes en adéquation avec ce discours.
Le Ministre doit amener le Secrétaire d’Etat à la Mobilité à revoir sa copie. De même, les Ministres régionaux doivent investir leur champ de compétence et exercer toute leur influence pour enrichir ce package de mesures anémiques. Sans quoi, ce Printemps de l’Environnement commencera sur une sérieuse fausse note.