La semaine dernière, le journal Le Soir[ [Le Soir, 10 avril 2009 ]] révélait qu’en dépit d’un parc nucléaire largement amorti, le prix de l’électricité restait relativement cher en Belgique. Ce mercredi 15 avril, le magazine Questions à la Une (RTBF) s’interrogera à son tour sur le nucléaire belge avec deux questions centrales: Peux-t-on s’en passer ? La facture va-t-elle exploser? Alors, finalement, qu’en penser ?
L’article du Soir détaille la différence de la structuration des prix en France et en Belgique. Dans les deux cas, une majeure partie de l’électricité (55% en Belgique, plus de 80% en France) provient du parc nucléaire. Mais chez nos voisins du Sud, les prix sont régulés par l’Etat, actionnaire majoritaire d’EDF[[A plus de 80%.]], le principal producteur d’électricité national.
Régulation versus libéralisation
A la différence d’EDF, Electrabel n’a jamais été une entreprise étatique. Jusqu’à la libéralisation des années 2000, les prix étaient certes régulés par l’Etat au travers du Comité de Contrôle de l’Electricité et du Gaz (CCEG) mais c’était bel et bien Electrabel qui menait la danse, entre autres par le biais de conventions.
Le CCEG avait prévu un amortissement accéléré des centrales nucléaires (sur 20 ans !) à travers les tarifs destinés aux particuliers. Au terme de cette période, les prix devaient descendre. Les premières centrales belges (Doel 1 et 2, Tihange 1) ont été construites en 1975 et les dernières (Doel 4, Tihange 3) en 1985. Coïncidence (ou pas…), l’échéance des 20 ans d’amortissement coïncide avec la libéralisation du marché et la diminution des prix promise n’aura jamais lieu. Les garanties apportées par l’Etat ainsi que les efforts réalisés par les citoyens pour garantir l’amortissement rapide des centrales ne seront donc pas récompensés. Et oui, Electrabel est une entreprise privée…
Plantureux bénéfices belges pour investissements étrangers
Electrabel réalise de plantureux bénéfices (estimés à un milliard d’euros annuels – donc bien plus que la taxe de 250 millions d’euros réclamés par le Gouvernement) car elle revend une électricité produite à bon marché au prix maximum[Voir [Sortir du nucléaire est un choix responsable ]]. Ces bénéfices vont maintenant dans les poches de GDF-Suez, propriétaire d’Electrabel. Et que compte faire le groupe, dont l’Etat français est actionnaire à plus de 35% ? Investir dans des centrales nucléaires en Grande-Bretagne. Ce qui est possible sans l’aide de l’Etat britannique… grâce aux deniers des contribuables belges, versés en abondance depuis l’amortissement anticipé des centrales.
Pour la Fédération, l’Etat doit récupérer ces bénéfices indus et illégitimes afin, essentiellement, de promouvoir l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables, deux domaines qui ont été négligés ces quarante dernières années où la quasi totalité des investissements et de la recherche se sont concentrés sur le nucléaire.