On commémore ce dimanche 26 avril le 23ème anniversaire de l’accident nucléaire de Tchernobyl. Si on a retiré de cet événement effroyable plusieurs leçons en matière de sûreté nucléaire, le facteur humain reste une source de risques considérables et la vieillissement des centrales accroît sans cesse la probabilité de l’incident technique. La perspective d’un autre Tchernobyl ne relève donc (malheureusement) pas du fantasme.
Le fonctionnement des réacteurs nucléaires n’est pas un long fleuve tranquille. Chaque jour, on relève de de multiples écarts et au moins une anomalie… Le risque ultime, l’accident grave, voire une catastrophe d’ampleur comparable à Tchernobyl, est lui aussi bien présent et augmente avec l’âge du réacteur. En effet, avec le temps, celui-ci accumule les sollicitations thermiques, mécaniques et neutroniques qui engendrent une fragilisation des matériaux, laquelle peut conduire à des défaillances graves ou des ruptures de pièces importantes.
Exploiter une centrale nucléaire sur le long terme, c’est une aventure risquée
D’abord, parce qu’on ne dispose d’aucune expérience du comportement des réacteurs vieillissants puisque, sur un parc mondial actuel de 436 réacteurs en fonctionnement, 9 seulement ont atteint 40 ans d’âge (respectivement 7 ont 40 ans, 1 en a 41 et 1 en a 42).
Ensuite, parce que la durée de vie moyenne des 119 unités qui ont été mises à l’arrêt est de 22 ans, bien moins que les 40 ans prévues pour le centrales belges… qui ont été conçues pour fonctionner 30 ans. Il s’agit donc bien d’un pari effectué à nos risques et périls.
Incompatibilité du nucléaire avec une logique de marché où le paramètre dominant est la compétitivité
On sait depuis l’accident de Three Mile Island (1979) que l’erreur ou la défaillance peut être décisive pour la sécurité des réacteurs ; or, la libéralisation du secteur de production de l’électricité et l’appétit des actionnaires des grandes entreprises ont entraîné une course à la compétitivité entraînant une recherche permanente de réduction des coûts de maintenance et de contrôle, au détriment des impératifs de sécurité, ce qui rend d’autant plus problématique le maintien en activité de réacteurs vieillissants. Les travailleurs du nucléaire peuvent aisément en témoigner, ils le font d’ailleurs dans RAS – Nucléaire, rien à signaler, un film édifiant réalisé par Alain de Halleux.
Rappelons au passage que le secteur nucléaire belge n’est tenu d’intervenir qu’à hauteur 300 millions d’euros en cas d’accident. A titre de comparaison, le coût des dégâts provoqués par un accident comme celui de l’usine AZF dans la banlieue toulousaine en 2001 est estimé entre 1,5 et 1,7 milliards d’euros. C’est donc l’Etat – le citoyen – qui paiera en cas de pépin. Privatisation des bénéfices – illégitimes, dans ce cas on bat des records[Plus d’infos [ici.]] – socialisation des pertes. Et rebelote concernant l’après nucléaire : démantèlement, gestion des déchets. A-t-on suffisamment provisionné d’argent ?[A ce sujet, lire [cet article.]]
Dans le nucléaire comme ailleurs, le modèle ultra-libéral de gestion des pollutions et d’exploitation des ressources a montré ses limites.
Sortir du nucléaire est un choix responsable
Dans notre pays, une campagne manipulatrice visant à réhabiliter le nucléaire a trouvé une audience chez certains « responsables » politiques décidés à remettre en cause la décision de sortie du nucléaire prise en 2003.
La question de savoir si on peut se passer du nucléaire n’est pas pertinente. Il faut confirmer définitivement la décision de s’en passer pour protéger certes les générations futures qui auront à gérer les déchets radioactifs produits pendant un demi-siècle d’insouciance mais aussi pour protéger les générations actuelles d’une catastrophe comme celle de Tchernobyl.