Grâce à l’obstination de la députée Groen! Tinne Van der Straeten, l’Ondraf[ [Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies.]] a enfin rendu public un rapport que l’organisme qui gère les déchets nucléaires refusait auparavant de divulguer. Le contenu de ce document n’est pas fait pour nous rassurer quant à la sécurité d’un secteur pourtant particulièrement sensible.
Pourquoi faut-il systématiquement l’acharnement tantôt de fédérations environnementales, tantôt de parlementaires, pour que le secteur nucléaire sorte quelque peu de son opacité ?
Le rapport qui vient d’être dévoilé grâce à l’opiniâtre de la députée Van der Straeten permet d’établir l’inventaire des passifs nucléaires en Belgique ou, autrement dit, un état des lieux de la contamination : les sites en activité ou non, les lieux d’entreposage de déchets, les installations médicales ou industrielles utilisant des matériaux radioactifs.
L’Ondraf avait identifié, au 30 novembre 2007, quelque 824 sites. Coût total estimé pour leur décontamination : 8 milliards d’euros, dont 4,5 sont « provisionnés ».
En annexe du rapport de l’Ondraf figure une lecture par un comité international d’experts qui notent que les «incertitudes concernant l’ampleur du passif restent importantes» et relèvent qu’il n’existe «pas d’obligation pour les responsables financiers de constituer des actifs dédiés à la couverture des charges futures, et, partant, pas de système de garantie de disponibilité des ressources financières». Conclusion : «L’Etat belge encourt des risques importants de non couverture financière des travaux de gestion des substances, matières radioactives et de démantèlement des sites». Ce qui pourrait «entraîner des soucis de sûreté». Le fonds est donc insuffisamment contrôlé ou pire, mal géré. Et in fine, ces seront les citoyens belges qui en subiront les conséquences.
Au-delà de ces informations peu rassurantes, d’autres interrogations surgissent :
les provisions pour le démantèlement seront-elles suffisantes ? Elles ont été récemment majorées de 50%. Parce qu’on les avait sous-estimées ? Pourquoi est-ce une filiale (Synatom) d’un groupe privé (Electrabel) qui est en charge de la gestion des provisions financières ?
quelles garanties avons-nous que le principe du pollueur-payeur s’appliquera bien à Electrabel quand les réacteurs seront démantelés et que la société privée ne fera plus aucun bénéfice grâce à ceux-ci ?
quel crédit donner à l’Ondraf, qui procède pour le moment à une campagne d’«information et de dialogue» sur son projet de plan déchets[Lire: [Quelle solution pour les déchets radioactifs belges ?. Remarquons au passage la curieuse définition de «durable» par l’Ondraf : qui dure mais certainement pas qui est «soutenable» comme on l’entend d’habitude dans développement durable.]] ?
Ce manque de transparence interpelle et permet de douter de la sûreté du secteur. Et à voir les conditions de travail qui y règnent, on est peu enclins à l’optimisme…[Lire [« RAS – Nucléaire, rien à signaler. » – C’est à voir… .]].