Fost+ : quand on stagne, l’environnement trinque !

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Est-ce encore nécessaire de le rappeler ? Le belge trie bien ses déchets. C’est ce que nous rappelle chaque année Fost+ dans son rapport annuel (www.fostplus.be ). Fost+ asbl est l’organisme agréé pour la gestion des emballages et déchets d’emballages ménagers sur le territoire belge dont les membres sont les producteurs et distributeurs de produits emballés.

+ de 100%!!

Avec des taux de recyclage (par type d’emballage) supérieurs à 100%, on peu difficilement faire mieux, on peut même faire moins bien tout en restant parfait, mais, si on y réfléchit, il y a un « bug » : « Je recycle plus que ce que je ne mets sur le marché belge » !

Nuançons dès lors le propos en reprenant 3 cas distincts :

1) La collecte des emballages « rafle » une partie de déchets qui ne sont pas des emballages ménagers (papiers).

2) Les déchets collectés n’ont pas été déclarés chez Fost+, qui n’a donc pas comptabilisé ces quantités « entrées » sur le territoire belge (verres).

3) Les flux de déchets pour le recyclage intègrent des déchets d’origine toute différente (métaux récupérés dans les imbrûlés des incinérateurs ménagers).

Si l’on ajoute à ces quantités les tonnes d’emballages que l’on retrouve encore sur les bords de nos routes ou dans les poubelles des cantines et bureaux où un tri n’existe pas, on comprendra aisément qu’il y a là une légère exagération quelque peu inutile !

Pour les flux plastiques, le taux de recyclage est nettement plus faible: 37,6%. Bon nombre d’emballages plastiques ne sont en effet pas admis dans les collectes PMC (pour les ménages qui font du compost, c’est ce qui remplit votre sac d’ordure ménagère). Sans oublier que certains emballages plastiques finissent aussi dans l’environnement ou dans les poubelles non sélectives des bureaux.

Comme chaque année, nous recommandons à Fost+, de plafonner les taux de recyclage par type d’emballage à 100% pour faire leur bilan général; ce qui équilibrerait un tant soit peu le fameux « 93% de recyclage pour l’ensemble de nos emballages ».

Alors, on trie OUI, mais on pourrait s’améliorer; ce qui ne semble pas prioritaire aux yeux de l’organisme agréé dont les rapports annuels et les tableaux et chiffres se ressemblent étrangement d’année et année (voir niews et l’analyse détaillée du rapport annuel de Fost+ de l’époque, dont l’ensemble des observations et conclusions restent d’actualité !).

C’est pas cher !

Les membres de Fost+ paient une cotisation sur base des quantités d’emballages qu’ils déclarent mettre sur le marché belge chaque année. Chaque type d’emballage a un coût à la tonne (le tarif point vert). Ce tarif est réévalué chaque année par Fost+, en fonction des coûts de gestion des déchets et des ventes des flux en vue du recyclage. Par exemple, si le cour des métaux est élevé, le tarif point vert « métaux » sera bas; si le diesel augmente, le coût de collecte des sacs PMC augmentera, ce qui pourra être répercuté sur le tarif point vert des plastiques (volumineux et légers). Il faut savoir que Fost+ sous-traite la gestion des déchets aux intercommunales et entreprises privées qui collectent, trient, recyclent ou éliminent ces emballages. A titre d’exemple, en 2010, mettre une tonne d’emballages de verre ou de papier-carton coûtera 18 euros, une tonne d’emballages plastique PET, 199 euros. En fonction des quantités globales d’emballages déclarées mises sur le marché belge, cela revient en moyenne à 71 euros par tonne, tout type d’emballage confondu.

La démarche n’est plus environnementale

Fost+ vise à limiter les tarifs points verts de ses membres, ce qui peut se traduire par des mesures d’austérité et la diminution de certaines exigences en matière d’objectifs à atteindre. La FEGE (www.fege.be ), fédération patronale qui regroupe en Belgique les entreprises privées actives dans la gestion des déchets déclare à ce propos : « Que l’organisme agréé souhaite limiter ses coûts est compréhensible mais on constate de plus en plus une réticence pour perfectionner le système mis en place. Concrètement, cela se manifeste notamment par un manque de soutien pour développer le tri des emballages auprès du personnel des entreprises, par un refus d’enrayer la présence des emballages de produits dangereux dans le sac bleu ou encore par le peu d’investissements pour mieux trier le verre déposé dans les bulles. Le mot d’ordre est devenu exclusivement financier alors que la démarche était au départ environnementale. De nombreuses entreprises se demandent dès lors si cela a encore un sens de proposer ses services pour la gestion des emballages ménagers. La FEGE souhaiterait donc qu’on ne s’endorme pas sur ses lauriers et qu’on continue à relever le défi de la qualité des flux ramassés. Le secteur privé est d’ailleurs totalement prêt à coopérer avec Fost+ sur ces dossiers. Il est fondamental que nous restions un des meilleurs élèves européens. »

Un véritable appel semble lancé ici. Il témoigne que des améliorations sont possibles pour permettre un recyclage de qualité avec des meilleurs avantages environnementaux. Si cela doit avoir un coût, il doit être mesuré par rapport à ces critères, et pas uniquement à l’avantage des « actionnaires » de Fost+, asbl… (!)

Crédit photographique : Roman Milert – Fotolia.com

Extrait de nIEWs (n°76, du 27/5 au 10/6),

la Lettre d’information de la Fédération.

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