Un nouvel épisode de négociations internationales sur le climat vient de se terminer ce jeudi 11 juin à Bonn, en Allemagne. Cette rencontre, à caractère principalement technique, a permis de reprendre les négociations sur les différentes questions restées en rade à Copenhague en vue de préparer le nouveau sommet onusien qui aura lieu à Cancún (Mexique) fin de cette année. Les résultats après 15 jours de discussions sont encourageants mais restent néanmoins tout à fait insuffisants pour faire face à l’urgence du défi climatique.
Le progrès essentiel de cette session réside dans la nette amélioration de l’ambiance de travail entre les délégations. Après les tensions de la Conférence de Copenhague et le climat de désillusion et de méfiance qui l’a suivie, les négociations ont enfin pu reprendre dans un esprit plus serein et constructif. On a ainsi délaissé les polémiques sur les procédures de travail pour s’attaquer – enfin – au fond des dossiers. Et des avancées ont été acquises sur différents points.
En matière de financement, un large soutien se dégage en faveur de la création d’un nouveau Fonds Climat placé sous l’égide de l’ONU et ce, au plus tard en 2011, lors de la Conférence annuelle des Parties qui se tiendra en Afrique du Sud.
Un accord a par ailleurs été trouvé sur la question de la périodicité avec laquelle les pays en développement sont tenus d’informer la Convention de leurs efforts pour lutter contre les changements climatiques tandis que des progrès réels ont été faits sur le mécanisme contre la déforestation REDD (Reduced Emission from Deforetation and Degradation).
Enfin, la Présidente du principal groupe de travail sur la Convention, Margaret Mukahanana- Sangarwe (du Zimbabwe) a présenté un nouveau texte dit de « facilitation » qui synthétise en 22 pages les différents points de vue des pays. Ce texte ne règle pas les problèmes de fond mais permettra aux Parties d’avoir une base de discussions commune pour avancer.
Si ces éléments sont encourageants, force est néanmoins de constater que les questions majeures sont toujours au point mort. Ainsi, le tir n’a pas été rectifié en matière de réduction des émissions de CO2 pour les pays développés. Malgré l’objectif de l’accord de Copenhague de limiter l’augmentation de la température du globe à 2°C, les engagements remis à ce jour par les Etats nous emmènent droit sur la dangereuse voie d’un réchauffement de 3 à 4°C.
De même, aucun éclaircissement n’a été apporté sur les sources de financement sans lesquelles le Fonds Climat ne sera qu’une coquille vide. Et une grosse incertitude demeure sur l’avenir du Protocole de Kyoto après 2012.
Il ne reste plus désormais que deux rounds de négociations, à Bonn début août et en Chine en octobre, soit deux semaines de discussions, avant le sommet de Cancún fin d’année. D’aucun annoncent déjà qu’il sera très difficile d’atteindre un accord global et contraignant cette année. L’espoir pour Cancún est d’arriver à boucler un premier paquet de mesures opérationnelles qui devra ensuite être complété et finalisé en 2011 pour aboutir à un accord global.
La Belgique qui sera à la tête de la Présidence tournante de l’Union Européenne à partir du mois de juillet, aura un rôle crucial à jouer pour relancer le leadership européen en matière de lutte contre les changements climatiques. Les dossiers clefs qu’il s’agira de faire avancer durant cette présidence concernent le passage unilatéral à un objectif de réduction des émissions de CO2 de 30%, le respect des engagements pris à Copenhague en matière de financement – notamment veiller à ce que les moyens débloqués soient réellement nouveaux et additionnels -, l’efficacité énergétique et la biomasse.
Espérons qu’après avoir remis un accord sur les voies lors de ce rendez-vous de Bonn, les Parties sauront passer à la vitesse supérieure et donner l’élan nécessaire pour une percée significative à Cancún. Le temps où l’homme imposait son rythme de production effréné à la Terre est terminé. Aujourd’hui, c’est la Terre qui dicte le pas : les changements climatiques se manifestent déjà et avec une ampleur inattendue. Le climat n’attendra pas que nos gouvernements se mettent d’accord… N’oublions pas que le réchauffement climatique n’aura pas uniquement pour impacts la disparition d’espèces sympathiques comme les ours polaires ou la modification des paysages alpins familiers avec la fonte des glaciers – même si ces effets ne sont évidemment pas à minimiser. La vie de millions de personnes, surtout dans les pays du Sud, est déjà et sera de plus en plus affectée par les perturbations du climat.
Comme le souligne Christiana Figueres, bientôt à la tête de l’UNFCCC, « l’humanité doit relever ce défi. Nous n’avons tout simplement pas d’autres options.». Puissent nos gouvernements entendre ce message!
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