Substances toxiques : l’Europe se hâte avec lenteur

D’ici trois à cinq ans, six substances seront « interdites » (des possibilités de dérogations subsisteront…) par l’Union européenne dans le cadre du règlement REACH. Motifs : leur propriété cancérigène et/ou leur toxicité pour la reproduction et/ou leur capacité de persister dans l’environnement et de s’accumuler dans les organismes vivants. cette mesure permettra de réduire la toxicité du polystyrène utilisé dans la construction et la rénovation…

La publication officielle de cette première liste prioritaire[[Pour rappel: les substances doivent d’abord être inscrites sur la liste des substances candidates avant de pouvoir être transférées à la listes des substances soumises à autorisation.]] marque une avancée notable du règlement après des mois de standby[[Cette liste a été initialement recommandée par l’Agence européenne des substances chimiques (ECHA) au mois de juin 2009]] du fait de différences d’opinion internes à la Commission sur des détails de la procédure d’autorisation – et notamment le fait d’imposer ou non un plan de substitution. Ces divergences ayant été réglées en début de cette année, plus rien ne s’opposait à la publication officielle des 6 premières substances bannies par REACH:

 le musk xylene, substances chimiques très persistances et bioaccumulables

 le diaminodiphenylmethane (MDA), substance cancérigène

 3 phtalates (le DEHP, le BBP et le DBP), toxiques pour la reproduction

 le retardateur de flamme hexabromocyclododecane (HBCDD), persistant, bioaccumulable et toxique.

Ce retardateur de flamme bromé est notamment utilisé dans le polystyrène utilisé pour l’isolation des bâtiments – tant dans le polystyrène extrudé qu’expansé. Les résultats d’une étude anglaise publiée récemment confirment la nécessité de restreindre l’exposition des consommateurs à cette substance: des mesures de contamination de lait maternel ont montré une contamination systématique par le HBCDD. Des substituts moins dangereux seront plus que certainement d’ores et déjà disponibles lors de l’interdiction du HBCDD, fixée au 21 juillet 2015. L’enjeu sera de s’assurer qu’une substances toxique n’est pas remplacée par une autre – et d’éviter donc que la substitution ne soit pas faite avec un autre retardateur de flamme halogéné (contenant du brome ou du chlore).

Bien sûr, il ne faut pas rêver, cette interdiction n’est ni définitive ni totale: les opérateurs qui souhaiteront vendre ou utiliser ces substances pourront le faire, sous preuve que les mesures de sécurité requises ont été prises pour contrôler efficacement les risques ou que les avantages pour l’économie et la société l’emportent sur ces risques. Dans le cas où des substances ou techniques de remplacement viables existent, un calendrier de substitution devra être remis.

La révision du règlement RoHS aurait constitué une belle opportunité de revoir les utilisations des retardateurs de flamme mais, comme nous vous en parlions récemment, il s’est surtout s’agit d’une belle occasion manquée.

Par ailleurs, 7 nouvelles substances sont proposées pour être identifiées comme substances très préoccupantes. Une consultation est en cours et durera jusqu’au 7 avril. Trois dossiers ont été préparés par des Etats-membres, parmi lesquels la Belgique qui, en coordination avec l’Autriche et la Pologne, a travaillé sur le 2-ethoxyethyl acetate.

Sources:

 http://www.chemicalshealthmonitor.org/spip.php?article490

 http://www.buildinggreen.com/live/index.cfm/2011/2/22/Flame-Retardant-Used-in-Polystyrene-to-be-Banned-by-EU

Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques