Le Conseil Général de la CREG (Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) qui regroupe en son sein syndicats, patronat, associations de consommateurs, acteurs du secteur et ONG environnementales a adopté la semaine dernière un avis sur la marge bénéficiaire exorbitante tirée de l’exploitation des centrales nucléaire belges.
Au cours d’une séance hautement animée, Electrabel est parvenu à affaiblir l’avis soumis au vote et qui avait demandé six mois de discussions en groupe de travail afin d’aboutir à un consensus.
L’électricien considère en effet que l’existence des fameux « stranded benefits » liés à l’amortissement accéléré des centrales avant la libéralisation reste à prouver! Il est pourtant établi que les consommateurs belges ont payé leur électricité chère pour permettre d’amortir en 20 ans des centrales nucléaires prévues pour durer 30 ans à 40 ans. La libéralisation étant quasiment intervenue lorsque toutes les centrales étaient amorties, Electrabel dispose aujourd’hui d’un parc de production nucléaire lui permettant de produire à très bas coûts. Cette électricité est par contre vendue au prix du marché, lequel tient évidemment compte des coûts de toutes les unités de production et pas seulement du nucléaire… D’où, pour Electrabel, une marge plantureuse que le Comité de Direction de la CREG a récemment estimée entre 2,07 et 2,28 milliards d’euros… par an! Tout en contestant les chiffres de la CREG, les représentants de l’entreprise ont reconnu lors de leur audition au Parlement, le 9 février, que celle-ci tirait la grande majorité de ses bénéfices de l’exploitation des centrales nucléaires…
Malgré cet affaiblissement de dernière minute, l’avis adopté par le Conseil Général de la CREG comporte des messages importants.
Il stipule ainsi que l’existence des « stranded benefits » est indépendante d’un éventuel prolongement de la durée de vie des centrales, ce que le mouvement environnemental proclame depuis longtemps déjà. Cette absence de lien a également été confirmée par le ministre Magnette présent à la réunion. On se demande alors pourquoi l’avant projet de loi qu’il a remis aux parlementaires à titre « d’exercice de réflexion intellectuelle » mêle bel et bien la prolongation de la durée de vie des centrales et la récupération de la rente…
L’avis se prononce également sur l’utilisation de l’argent récupéré auprès d’Electrabel et recommande que celui-ci soit retourné aux consommateurs, notamment via le financement des investissements dans l’efficacité énergétique et un financement dans les sources d’énergie renouvelables.