Cécile de Schoutheete, notre chargée de mission Energie/Climat qui accompagne la délégation belge à Durban, nous livre son regard impressionniste sur les enjeux, les débats et les coulisses de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.
Depuis quelques jours ma boîte mail est bombardée de messages concernant la Chine. Les nouvelles circulent vite sur la mailing liste du Climate Action Network (CAN), le réseau des organisations qui travaillent sur le climat, chacun y va de son commentaire, son interprétation…
Alors pourquoi toute cette agitation ? Tout cela est encore à confirmer mais la Chine semble montrer de plus en plus d’ouverture à accepter un objectif de réduction d’émissions contraignant pour après 2020. Jusqu’à présent, les pays émergents et en développement ont refusé de se voir fixer des engagements contraignants dans le cadre des négociations internationales sur le climat. Ils ne veulent en effet pas avoir le même niveau de contrainte que les pays industrialisés, responsables historiques des changements en cours, et demandent que les pays industrialisés montrent l’exemple par une deuxième période d’engagements du Protocle de Kyoto . Dans celui-ci, seuls les pays industrialisés ont souscrit à des engagements de réduction d’émissions. Or, depuis son adoption en 1997, la Chine et les autres pays émergents ont connu un développement économique fulgurant et ont vu leurs émissions exploser. La Chine est ainsi devenu en 2009 le premier pollueur mondial devant les Etats-Unis ; les pays engagés dans le Protocole de Kyoto ne représentent plus eux qu’environ 20% des émissions mondiales. Les Etats-Unis demandent dès lors que la Chine accepte les mêmes engagements que les pays industrialisés et l’Europe a également conditionné sa participation à un Kyoto II à l’adoption à terme d’un accord engageant tous les pays. Chacun se renvoie ainsi la balle. Un petit jeu de « je bouge, si tu bouges » qui, en l’absence d’un premier pas, menace de paralyser toutes les négociations…
D’où l’effervescence autour de l’ouverture possible de la Chine qui permettrait de débloquer la situation. On pourrait ainsi, dans le meilleur des scénarios, voir émerger un deal Chine – Europe avec une prolongation du Protocole de Kyoto et une feuille de route vers un accord global. Les Etats-Unis, première puissance mondiale, resterait en rade, bloqués sur le plan intérieur par leur Sénat républicain très climato-septique.
Si l’ouverture de la Chine se confirmait, il s’agirait d’une belle éclaircie sur les négociations à Durban mais la route pour maintenir le réchauffement sous la barre de 2° serait encore longue. Affaire à suivre…
A lire sur le même sujet:
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L’autre Durban, le blog des ONG publié par « La Libre Belgique »