Stress tests nucléaires, une opération de greenwashing ?

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Greenpeace a soumis les fameux « stress tests » nucléaires, réalisés pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima, au regard critique de deux experts indépendants. Les 2 centrales nucléaires belges ont notamment été passées au crible… Sur base de leurs analyses, Greenpeace pointe du doigt le manque de crédibilité, de transparence et d’indépendance du rapport final et dénonce une vaste opération de greenwashing pour rétablir la confiance à l’égard du nucléaire tant que des analyses plus approfondies ne seront pas menées.

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L’association écologiste critique en premier lieu le manque d’évaluation indépendante dans le processus de réalisation des stress tests. Des risques de conflits d’intérêts étaient présents à chaque étape :

  • lors de la réalisation des tests de résistance par Electrabel – qui n’a pas nécessairement intérêt à révéler des défauts qui entraîneraient des coûteuses opérations de mise à niveau,
  • lors de l’évaluation par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) ensuite qui en, signalant des manquements, reconnaît par la même occasion ne pas avoir bien fait son travail par le passé,
  • et enfin lors du peer review par l’équipe internationale composée essentiellement de délégués des agences de contrôle nationales pour qui il n’est pas forcément aisé de critiquer le travail de collègues…

Notons également que de nombreuses conclusions des rapports des stress tests de GDF-Suez Electrabel ne sont pas basées sur une inspection ou des contrôles mais sur l’avis d’un ingénieur. Une évaluation ad hoc de ce type par un ingénieur peut être influencée par plusieurs facteurs, comme son expérience ou sa perception subjective des risques « acceptables ». Pour l’agence de réglementation nationale, il est quasiment impossible de vérifier la qualité de ces évaluations ad hoc effectuées par des ingénieurs d’Electrabel.

La portée trop limitée des stress tests est ensuite pointée du doigt. En particulier, les phénomènes de vieillissement n’ont pas été pris en compte alors que les réacteurs Doel 1, Doel 2, et Tihange 1 atteignent près de 40 ans. Les conclusions présentées dans les rapports des opérateurs ne se rapportent qu’à la qualité des matériaux, des composants et des systèmes des centrales nucléaires telles qu’elles étaient au moment de leur conception. Les scénarios pris en compte sont également trop limités alors que l’une des leçons importantes tirées de la catastrophe de Fukushima est que l’impensable doit être pris en compte, même si le risque qu’il se produise est considéré comme très restreint. Des facteurs comme les erreurs humaines n’ont pas été intégrés de manière standard, sans parler des scénarios combinant des facteurs environnementaux, techniques et humains.

Enfin, le rapport relève différentes failles, principalement pour les plus anciens réacteurs, Doel 1, Doel 2 et Tihange 1. Un point particulièrement critique est l’absence de système de ventilation filtré. En cas de catastrophe nucléaire, la pression dans le bâtiment du réacteur augmentera énormément. Pour éviter que le bâtiment du réacteur ne cède sous cette pression et que de grandes quantités de substances radioactives ne se déversent dans l’environnement, la vapeur radioactive doit être libérée de manière contrôlée. Or, aucun réacteur n’est équipé d’un système de ventilation filtré. Vu la proximité des centrales de centres populations importants (Doel est situé à 12 km d’Anvers, Tihange à 24 km de Liège, 30 km de Namur), ces personnes risquent en cas d’accidents d’être exposées à une dose de radiation élevée. Les experts jugent également la conception des plus anciens réacteurs obsolète (notamment pour Doel 1 et 2 les systèmes de sécurité importants sont reliés physiquement les uns aux autres, le bâtiment du réacteur n’a qu’une seule paroi en béton, …). La centrale nucléaire de Tihange ne répond pas aux exigences en matière de protection contre le risque d’inondation. Les conclusions des experts sont sans appel : ils recommandent de fermer immédiatement Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 et de mettre à l’arrêt les autres réacteurs tant qu’on aura pas remédié aux failles les plus problématiques (absences de système de ventilation filtré, risque d’inondation à Tihange).

A l’heure où la Belgique s’apprête à fixer le calendrier de fermeture des plus anciens réacteurs, le rapport de ces experts indépendants confirme une fois de plus la nécessité de renoncer enfin à l’atome et d’engager le pays sur la voie d’énergies propres, durables et sures en misant sur les économies d’énergie et le développement du renouvelable.

Cécile de Schoutheete

Anciennement: Développement durable & Énergie