Les constructeurs automobiles produisant des voitures gourmandes en carburant manipulent davantage les chiffres de consommation que ceux dont les véhicules sont plus sobres. C’est que révèle un rapport[Le [rapport analyse les données relatives à un demi million de voitures privées et de voitures de société en Europe en 2011]] de l’International Council on Clean Transportation (ICCT) publié ce mardi et qui fait suite à des études récentes[Voir par exemple [T&E ou TNO et al. ]] établissant que la différence entre les résultats officiels des tests de consommation de carburant (chiffres constructeurs) et les consommations réelles constatées par les automobilistes s’accroît d’année en année.
Pour Inter-Environnement Wallonie et Greenpeace, il est plus que temps que les législateurs européens mettent fin à cette situation.
L’ICCT a comparé l’évolution, sur les dix dernières années, du différentiel entre les consommations annoncées et réelles des différents constructeurs. BMW arrive en tête de ce peu glorieux palmarès avec des consommations réelles qui sont, en moyenne, supérieures de 30% à celles annoncées. L’acheteur d’une BMW brûle donc environ un tiers de carburant de plus qu’indiqué dans les brochures de la marque ! Audi s’attribue la deuxième place avec une différence « réel-annoncé » de 28%, talonnée par GM (27%) et Mercedes (26%). En fin de classement on trouve Toyota, dont les consommations réelles n’excèdent « que » de 15% celles annoncées, puis Renault et Peugeot – Citroën (16%).
Pour Pierre Courbe, chargé de mission Mobilité chez IEW : « Les citoyens européens doivent disposer d’informations fiables pour choisir leur véhicule en toute connaissance de cause. Les constructeurs automobiles ne leur fournissent pas ces informations. Il est du devoir des législateurs européens de mettre fin à ces pratiques de manipulation des chiffres ».
Les consommations de carburant et les émissions de CO2[Les émissions de CO2 sont directement proportionnelles à la consommation de carburant : la combustion d’un litre d’essence produit environ 2,36 kg de CO2, celle d’un litre de diesel en produit 2,63]] sont mesurées à l’aide d’un cycle de test appelé NEDC (New European Driving Cycle), un outil aujourd’hui dépassé. Non représentatif des conditions réelles de circulation, il contient en effet de nombreuses échappatoires que les constructeurs utilisent de plus en plus pour « bricoler » leurs chiffres, au préjudice des consommateurs[[Voir le briefing « [Les constructeurs automobiles et la manipulation des tests »]]. Un nouveau système global de tests plus fiable, le WLTC/P (World Light duty Tests Cycle/Procedure), devrait être finalisé en 2014 et le Parlement européen propose de l’appliquer dès 2017. Le sujet est en discussion au sein du Conseil européen dans le cadre de la révision du règlement relatif aux émissions de CO2 des voitures neuves.
Pour Brecht Van der Meulen, campaigner chez Greenpeace : « les procédures très laxistes du test actuel, vieux de près de 30 ans, permettent de déclarer des consommations irréalistes. Les Etats membres doivent emboîter le pas aux eurodéputés afin que les citoyens/acheteurs ne soient plus trompés par les constructeurs. »
Figure : différence entre les consommations mesurées en conditions réelles d’utilisation et les consommations officielles annoncées par les constructeurs