Ce mercredi 11 septembre, l’ensemble des députés européens se sont prononcés sur la très controversée politique européenne en matière d’agrocarburants. On peut déplorer que le résultat global de ce vote serré consiste en un compromis chèvre-choutiste qui n’est pas du tout à la hauteur des enjeux : la concurrence insupportable des agrocarburants avec la production alimentaire et leur impact climatique néfaste continueront à se renforcer dans les années qui viennent. Les organisations cosignataires saluent néanmoins le vote des eurodéputés belges qui ont voté – à quelques regrettables exceptions près – dans le sens d’une limitation des impacts négatifs des agrocarburants.
Le compromis adopté consiste en une limitation à 6 % de la contribution des agrocarburants liés aux sols à l’objectif d’énergie renouvelable dans les transports. S’il est bienvenu que la définition des agrocarburants problématiques soit désormais basée sur l’usage du sol et non uniquement sur le type de matière première, on peut cependant regretter le fait que les 6 % retenus impliquent un développement accru de ces agrocarburants problématiques par rapport à la situation actuelle (4,7 %).
La Commission européenne, quant à elle, propose une limite proche du niveau actuel, à 5 %. Ce débat n’est pas anodin : passer de 5 % à 6 %, c’est permettre une croissance de plus de 20% pour les agrocarburants problématiques, ce qui nécessitera l’utilisation de plus de 2 millions d’ha de terres agricoles qui seront détournées de leur fonction nourricière. Et ce détournement sera financé par les citoyens européens, obligés à leur insu d’utiliser dans leurs moteurs ces agrocarburants. Et cette politique touche aussi la santé des Européens : l’Europe importe des quantités croissantes d’huile de palme pour remplacer dans notre alimentation le colza avec lequel on roule désormais…
Il y a toutefois des points positifs dans ce tableau peu réjouissant : la comptabilisation (très) progressive des émissions de gaz à effet de serre causées par les changements indirects d’affectation des sols (ILUC). Aujourd’hui ignorées, ces émissions font pourtant de la majorité des agrocarburants des carburants réchauffant la planète. Il y a également le vote des eurodéputés belges qui ont, dans leur majorité, soutenu la meilleure proposition. Le compromis final a ainsi été soutenu par l’ensemble des députés socialistes, écologistes et libéraux. Plus étonnant, le vote de Mathieu Grosch, social-chrétien germanophone, contre la plupart des avancées proposées. Il rejoint ainsi la ligne suivie par les Vlaams Belang et Lijst Dedecker, et se démarque d’autres centristes, dont Anne Delvaux, humaniste francophone, qui avait contribué à la proposition de Corine Lepage et a soutenu celle-ci lors du vote[Détail des votes disponible [ici ]] .
Même si l’ensemble du Parlement peine encore à tirer les conclusions qui s’imposent, nous observons que le climat a irrémédiablement changé : il n’est plus possible de cacher l’impact négatif de la production massive d’agrocarburants sur la lutte contre la faim, la destruction des forêts tropicales, le changement climatique et la violation des droits de l’homme. Les ONG cosignataires plaident avec constance pour une diminution progressive des agrocarburants problématiques et une suppression des généreux soutiens publics dont ils continuent à bénéficier indûment.
• IEW
• CNCD-11.11.11
• FIAN Belgium
• SOS Faim
• Oxfam Belgique
• CRIOC
• Greenpeace
• Pesticide Action Network
• CETRI