L’initiative n’est pas banale et mériterait une plus large publicité : le Parlement wallon interroge les citoyens sur le pic pétrolier et ses implications potentielles pour la Wallonie. Sujet qui peut sembler abstrait, ardu pour certains, mais n’en reste pas moins crucial tant notre société fortement dépendante du pétrole est des plus vulnérable face à un phénomène inéluctable. Alors, plutôt que d’adopter une attitude fataliste, contribuez à la réflexion !
Le Parlement wallon est une des rares assemblées à disposer d’un comité dédicacé aux questions relatives au pic pétrolier et gazier. « Inutile »[[« Le comité du Parlement wallon qui ne sert à rien »- Article publié dans LaLibre le 20 novembre 2013]] aux yeux de certains, une chance pour d’autres acteurs de la société qui voient en l’existence d’un tel comité un espoir que le monde politique s’empare d’un sujet aussi important mais difficile, éloigné des préoccupations actuelles des électeurs et peu compatible avec le court-termisme inhérent à la dynamique d’une législature.
A l’instar de ce qui s’est fait dans d’autres pays comme l’Australie, ce comité du Parlement wallon lance la réflexion auprès des citoyens en les invitant à répondre à une enquête publique sur les liens entre économie et pic pétrolier, et ses implications pour la Wallonie. La description du contexte de cette enquête ainsi que les questions posées sont accessibles sur le site du comité Pic pétrole et gaz du PW et sur via le site de l’ASPO (Association for the Study of Peak Oil & Gas) qui contribue à cette initiative et participera au rapport de synthèse. Cette enquête se déroule jusqu’au 15 décembre.
Le sujet peut sembler difficile à cerner et les questions de l’enquête, très larges et peut-être éloignées de la réalité quotidienne de tout un chacun, pourraient décourager le citoyen. Néanmoins, le fait même de s’arrêter pour réfléchir à la réalité du pic pétrolier et à ce que, concrètement, le déclin du pétrole et les hausses de prix qui y sont liées vont impliquer pour notre quotidien, est une démarche importante, qui mène directement à l’autre question essentielle : que devons-nous faire pour ne pas SUBIR de plein fouet le fin d’une économie pétro-basée et surtout comment être plus résilients ?
Pas besoin d’être analyste des questions énergétiques, ni économiste chevronné pour répondre à l’enquête. Ergoter sur la date du pic pétrolier n’est pas le plus fondamental (diverses études issues de différentes « écoles » le situent aux alentours de 2020[Voir notamment Agence internationale à l’Energie, World Energy Outlook 2008 et 2013, publications de l’ASPO http://www.peakoil.net/, IFPEN, Yves Mathieu 2009 [Le point sur les ressources en hydrocarbures ]]). On ne peut plus ignorer que physiquement et géologiquement les ressources fossiles sont finies et non renouvelables à l’échelle de l’humanité. Et si un pétrole cher permet d’exploiter des gisements jusqu’alors inaccessibles, ces nouvelles réserves ne permettront de prolonger que très temporairement le plateau du pic. Le déclin n’en est pas moins inéluctable.
Par ailleurs, faut-il rappeler que le dérèglement climatique nous impose de ne pas « attendre » la déplétion des énergies fossiles. Deux tiers ! Plus des deux tiers des réserves fossiles prouvées doivent rester dans le sol pour limiter la hausse de température sous le seuil de 2°C[[Agence internationale à l’Energie (AIE)- World Energy Outlook 2012 « Less than 900 Gt CO2 can
be emitted up to 2050 in a 2 °C world, meaning that, in the absence of significant deployment of CCS, more than two thirds of the current fossil-fuel reserves could not be commercialised before 2050. »]]. Substituer le pétrole par du gaz (conventionnel ou non) ou du charbon, dont la déplétion semble plus éloignée, n’est donc pas une solution.
A travers cette enquête, citoyens et représentants de la société civile peuvent envoyer un message essentiel à nos politiques wallons : la nécessité d’anticiper et de créer MAINTENANT un cadre d’adaptation à une société sevrée de pétrole, une société qui consomme moins, mieux et une autre énergie. En initiant cette enquête le Parlement wallon a ouvert une petite porte. Ouvrons-la tout grand pour oser dire que ce n’est pas seulement d’énergie qu’il faut changer mais aussi de système !
La Fédération Inter-Environnement Wallonie a répondu à cette enquête. Une réponse consultable ici et dont les idées ne sont pas soumises à copyright !