Le vélo cargo, une idée saugrenue ?

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Selon une étude réalisée dans le cadre du programme européen Cycle Logistics, il existe un potentiel important de report modal vers le vélo cargo. Mais pour quel type de déplacements ? Et qu’en est-il en Wallonie ?

Le bruit et la pollution de l’air sont deux éléments qui font malheureusement partie du paysage urbain belge. Les flux motorisés constituent une source majeure de ces pollutions et sont particulièrement impactant dans un contexte de trafic chargé entrainant des arrêts et des redémarrages fréquents. Alors même que la ville, par sa concentration en logements et en activités, est la mieux à même de proposer des alternatives aux déplacements motorisées, elle est la première à en souffrir. Au risque de voir fuir ses habitants vers la campagne pour trouver le calme et l’air frais. Mais c’est aussi cette concentration d’habitats et d’activités qui génèrent autant de flux, dont les allées et venues de personnes et de leurs biens divers et variés. Effectivement, une des raisons régulièrement évoquées pour justifier l’utilisation d’un véhicule motorisé est d’avoir à transporter de lourdes charges. Qu’il s’agisse des courses de la ménagère, des dossiers de l’employé de bureau ou des repas du traiteur à livrer, la réflexion habituelle est celle-ci : « Je suis trop chargé, j’ai besoin d’une voiture ».

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Source : www.cyclelogistics.eu

Face à de tels enjeux, présents dans la plupart des villes européennes, l’Union Européenne a lancé le projet Cycle Logistics[Ce projet européen a été soutenu et financé par l’UE à travers le programme Intelligent Energy. Il se poursuit à présent via l’[European Cycle Logistics Federation ]]. L’étude réalisée s’est intéressée au transport de biens dans une optique large, incluant les déplacements privés. Ainsi, Cycle Logistics parvient à l’estimation suivante pour les villes européennes : 42% de tous les transports de biens motorisés pourraient être reportés vers le vélo car ils concernent des marchandises légères (moins de 200 kg), sur des distances courtes (moins de 5 km = vélo classique ou de 7 km = vélo électrique) et qu’ils ne font pas partie d’une chaîne de déplacements complexe incluant nécessairement un véhicule motorisé. Le potentiel est donc non négligeable.

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Source : www.cyclelogistics.eu

Cette étude met en évidence le potentiel important au niveau des déplacements privés, et en particulier parmi ceux-ci, ceux liés aux achats. Il faut cependant ne pas négliger les tendances actuelles dans les comportements d’achats, de plus en plus orientés vers l’e-shopping, ce qui augmentera à terme les activités de livraison de biens, souvent en petites quantités.velo3.jpg

Suite à l’estimation de ce potentiel, basé sur les données disponibles et en fonction d’hypothèses arrêtées[[Pour plus de détails sur la méthodologie du calcul du potentiel, voir le document Cycle Logistics Baseline Study disponible sur www.cyclelogistics.eu]], le programme Cycle Logistics a défini des objectifs en termes de report modal et de réduction d’émissions de CO2 à l’horizon 2020.

Comme par exemple : 10% des villes européennes de plus de 100.000 habitants recourent au vélo pour organiser les services communaux et soutiennent les services de livraisons existant pour permettre leur extension ou encore 20% de tous les déplacements pour achats sont transférés de la voiture vers le vélo.

Au-delà de ces beaux objectifs, quelques réalisations concrètes existent déjà et méritent d’être mises en exergue. Dans le cadre du programme européen Cycle Logistics, une fédération a ainsi été créée en juillet 2012 pour rassembler à travers l’Europe les initiatives existantes dans le vélo cargo, afin de mutualiser les bonnes pratiques, d’élargir les champs d’application et d’encourager de nouveaux porteurs de projet. La Belgique y est relativement bien représentée avec 10 membres.

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Source : www.cyclelogistics.eu

En Wallonie, le coursier wallon est membre de cette fédération. Cette très belle initiative présente à Mons et à Namur, a d’ailleurs été récompensée en juillet 2014 par le Prix Mercure de l’originalité. L’expérience a même été tentée pour le ramassage des déchets. Vous pouvez en tant qu’entreprise ou particulier faire appel à leur service. Nous vous invitons vivement à consulter leur site internet : http://www.lecoursiermosan.be et http://www.lecoursiermontois.be. Et bientôt, une initiative similaire devrait voir le jour à Liège.

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Source : http://www.gracq.be/NEWS-2013-05/Poubelles

Du côté des particuliers, quelques vélos cargos apparaissent çà et là sur nos routes wallonnes mais, selon nos informations, aucune statistique n’existe pour chiffrer l’importance de ce phénomène. Seriez-vous tenter d’élargir les possibilités d’utiliser le vélo dans votre quotidien en acquérant un vélo cargo ?

Un vélo cargo vous permet d’utiliser le vélo quel que soit votre chargement (courses, dossiers, équipements de sport) ou si vous êtes accompagnés de plusieurs enfants. Voici dans ce cas quelques conseils, tirés d’ATE Magazine[[ATE Magazine, mai 2015. Publication de l’association ATE Association transports et environnement qui œuvre depuis 1979 en faveur d’une mobilité d’avenir. Elle génère des idées novatrices et pertinentes pour l’environnement et la mobilité.]], pour guider votre achat.

Tout d’abord, mieux vaut s’adresser à un revendeur professionnel qui pourra vous offrir un service après-vente local. Ensuite, il faut faire le choix entre un modèle bipoteur, c’est-à-dire à deux roues ou tripoteur, à trois roues. A vide, les vélos cargos pèsent leur poids – environ 45 kg- justifiant une motorisation électrique même pour des pentes légères.
Comme la plupart des vélos de transport proviennent de pays plats comme la Hollande et le Danemark, leaders en la matière, il est judicieux de demander au magasin d’équiper la roue avant d’un frein à disque. Comme pour les bicyclettes de courses, on privilégiera un cadre bas et un bon système de changement de vitesse. Les modèles les moins chers auront 7 ou 8 vitesses, ceux de milieu de gamme en compteront 11 et les modèles de luxe seront munis d’un moyeu Rohloff à 14 vitesses. Dans les prix moyens, la transmission Nu-Vinci, continue et particulièrement agréable, s’impose. Il est préférable d’éviter les dérailleurs. Ces dernières années, la palette des vélos de transport s’est considérablement diversifiée. Les fabricants traditionnels suivants proposent des modèles bipoteurs ou triporteurs : les hollandais Bakfiets et Babboe, la marque danoise Christiania, le fabricant allemand Riese und Müller ou encore l’entreprise suisse Bike-Innovation. Nous mettrons ici en évidence un modèle : le vélo de transport hollandais Urban Arrow de construction modulaire, avec transmission continue Nu-Vinci et moteur central Bosch, se distingue par son châssis bas et son puissant frein à disque avant. Il existe en version « Family » avec cadre en alu, sièges enfants et housse de pluie en option, ou « Cargo » avec surface de chargement, ou encore « Shorty » plus court et avec plate-forme sur la roue avant. Des kits de conversion permettent de passer d’une version à l’autre.
velo7.jpg Source : ATE Magazine, mai 2015

Mais peut-être avant de vous lancer dans un tel achat, souhaiteriez-vous tester ce vélo plein d’avenir ? A Bruxelles, il est possible de louer un bi ou tripoteur auprès de l’asbl Cyclo. Vivement qu’un tel service existe en Wallonie !

Juliette Walckiers

Anciennement: Mobilité