À quoi ressembleront nos villes de demain ? Depuis plusieurs années, les personnes qui souhaitent investiguer le sujet peuvent s’appuyer sur des recherches et des articles plus intéressants et passionnants les uns que les autres.
Certains se focalisant plus particulièrement sur nos futurs modes de déplacement, d’autres sur les qualités techniques et énergétiques des nouvelles constructions urbaines, ou encore sur la multifonctionnalité des quartiers.
Mais peu importe la priorité que l’on souhaite accorder à ces différentes composantes de la vie urbaine, s’il y a une certitude dans notre vision de nos futures villes, c’est qu’elles seront plus vertes !
Des villes qui respirent
Pour contrer l’étalement urbain et les dégâts environnementaux qu’il induit, nous devons impérativement ramener des gens en ville. Or, pour rendre nos centres urbains plus attractifs, nous devons inévitablement nous poser la question : pourquoi les populations ont boudé les centres villes depuis plus de 50 ans ? Que sont-elles allées chercher en périphérie que la ville ne pouvait plus leur offrir ?
La recherche d’espaces et de nature apparaît comme une évidence. Se promener, jouer avec les enfants, faire un jogging, ou simplement observer les bienfaits de dame nature sur notre bien-être ne sont plus à démontrer. Ramener la nature en ville semble donc être un préalable minimum nécessaire pour que la population suive.
La nature urbaine est déjà là
Premièrement, il ne faut pas perdre de vue que les villes bénéficient déjà toutes d’espaces verts, plus ou moins importants. Et comme l’écrivait très justement Hélène Ancion dans une niews précédente (Donnez-nous, donnez-nous des jardins, le 4 juin 2015) : « Les citadins de Wallonie sont en demande d’espaces verts, partout. Ça ne veut pas dire qu’ils n’en ont pas, cela veut dire qu’ils apprécient ceux qu’ils ont déjà… et qu’ils n’ont pas trop envie qu’on les leur enlève, comme un tapis vous glisserait sous les pieds. ».
Au vu de divers projets urbains, en cours ou passés, dont la concrétisation engendre clairement la disparition d’espaces végétalisés en centre-ville, nous ne pouvons que regretter la contradiction suivante : alors qu’on tente de rendre nos villes plus attrayantes (pour attirer de nouveaux habitants, mais aussi pour maintenir ceux qui y vivent déjà, faut-il le rappeler ?), les autorités acceptent des projets d’urbanisation qui mettent en péril le maintien de ces espaces si chers aux yeux des riverains !
Dans les débats animés autour de ces projets, nous pouvons alors entendre : « De toute façon, personne ne se promène dans ce parc », « c’est un endroit tellement sale et mal fréquenté, on s’y sent en insécurité ».
Effectivement, même si maintenir en l’état les espaces verts existants peut déjà garantir une bouffée d’oxygène aux citadins, il ne faut pas pour autant oublier de les entretenir et les valoriser.
Si ce n’est pas le cas, le parc devenu infréquentable, et infréquenté, ne risque pas de manquer à ces personnes qui n’y voient qu’un espace abandonné et inutile. L’argument de l’insécurité et l’insalubrité qui y règnent risque ainsi de contribuer à sa disparition.
Du végétal sous toutes ses formes
Généralement, lorsqu’on parle de nature en ville, on pense aux agréments en termes de paysages, d’espaces verts disponibles pour se promener, lire un bouquin ou jouer.
Comme le montre une enquête menée dans trois villes françaises (Paris, Marseille et Strasbourg) afin de comprendre comment les citoyens voient et s’approprient la nature en ville, celle-ci « est, essentiellement, pourvoyeuse d’un bien-être dans lequel les sens ont un rôle prépondérant1» .
De l’odeur des tilleuls, au bruit des pas dans les feuilles mortes, en passant par le chant des oiseaux, on constate à quel point la biodiversité est appréciée de manière sensorielle. Mais les espaces verts en ville apportent tellement d’autres choses.
Anti-pollution par excellence, ils réduisent la quantité de CO² présente dans l’air et ils fixent les particules fines. Les arbres apportent de la fraîcheur et protègent du vent. Enfin, ils accueillent également une biodiversité insoupçonnée.
Par ailleurs, la question de l’alimentation et de l’autonomie sera inévitable dans les années à venir. L’apparition de diverses formes d’agriculture urbaine se fait d’ailleurs sentir depuis plusieurs années, souvent à l’initiative de collectifs et d’acteurs locaux.
La nature urbaine « cosmétique » (re)devient alors une nature « nourricière ». Parcs et espaces verts, mais aussi toitures et murs végétalisés, aménagement de berges, de marres ou d’étangs, trames vertes et bleues, potagers collectifs ou didactiques, fermes verticales… voici quelques exemples de ce que l’on trouve déjà réellement dans certaines villes, ou dans les dessins de certains architectes qui, grâce à leur audace et leur ingéniosité, nous permettent d’imaginer ce que sera la ville de demain.
Alors mesdames et messieurs les élus, on se lance ?
Pour en savoir plus :
- Le site officiel de Luc Schuiten, architecte belge : http://www.vegetalcity.net/
- Le site de Vincent Callebault, architecte belge ayant notamment travaillé sur la vision de Paris 2050 : http://vincent.callebaut.org/
- Sur les villes résilientes : P. Servigne, 2014, Nourrir l’Europe en temps de crise, éd. Nature et Progrès. http://pabloservigne.com/nourrir-leurope-en-temps-de-crise/
- La place de la nature en ville et au Parc Léopold de Namur, Niews d’Hélène Ancion, 2 février 2015.
Images :
- Image « la nature urbaine est déjà là » : Noordpark à Anvers, B. Assouad, 2014.
- Image « Du végétal sous toutes ses formes » : Bruges, par Luc Schuiten.
- [Blanc N., Glatron S., Grésillon E., Juillet 2012, « [Les trames vertes pour les citadins : une appropriation contrastée à Marseille, Paris, Strasbourg », Développement durable et territoires, Vol. 3, n°2.]