Oui, on peut le dire les circuits courts font l’unanimité. Le « consommons local, wallon, patriote, » est sur toutes les lèvres de nos dirigeants qu’elles soient rouges, bleues, oranges ou vertes. Les consommateurs et les acteurs économiques s’y intéressent de plus en plus. Même une célèbre chaîne de restauration rapide belge s’y met avec son nouveau « local burger ». La presse fait le relais de cet engouement puisqu’une analyse rapide de 7 journaux indique une augmentation vertigineuse de l’occurrence du mot « circuits courts » au cours des 10 dernières années.
Mais ne nous emballons pas. ! D’abord, parce que les circuits courts restent encore marginaux à côté du gigantesque système agroalimentaire. Ensuite, parce que les projets en circuits courts ne sont pas par essence durables ou de qualité. Sont-ils toujours bons pour l’environnement ? Pas forcément : il suffit, pour s’en convaincre, d’imaginer le nombre de kilomètres supplémentaire parcourus si tous les wallons faisaient leur courses dans les fermes wallonne en plus d’aller dans leur supermarché (bio ou non) favori. Toujours bons pour la santé ? Soyons sérieux : un hamburger de chez BiiiP, même local reste un hamburger… Rentables pour les producteurs ? La charge de travail est en tout cas souvent plus élevée pour les producteurs en circuits courts… qui travaillent plus sans forcément gagner plus. Et qu’en est-il de l’accessibilité sociale, ou encore de l’optimisation de la gouvernance ? Le questionnement de la rentabilité, de l’impact environnemental ou encore de la responsabilité sociétale doit s’appliquer aussi au modèle des circuits courts.
Et c’est précisément l’objet de l’étude réalisée par le Centre d’Etudes Economiques et Sociales de l’Environnement (CEESE-ULB) à la demande de la Fédération Inter-Environnement Wallonie. Afin d’identifier les freins et les leviers permettant d’améliorer la durabilité des circuits courts, les chercheurs ont investigué au sein de quatre filières (céréales – pain ; écoconstruction ; maraîchage et lait – fromage) en veillant à la diversité et la complémentarité des organisations mobilisées. Ce travail a permis d’identifier et d’analyser trois enjeux transversaux dans le développement et la durabilité des circuits courts :
la structuration des filières
les compétences et l’accompagnement
la logistique, problématique centrale des circuits courts.
Chacun de ces enjeux a été l’objet d’une étude approfondie et a donné lieu à la réalisation d’un « cahier » qui se veut un outil à destination des porteurs de projets et des professionnels de l’accompagnement. Nourris d’extraits d’entretiens reprenant questionnements, récits d’expériences et paroles d’experts, ces cahiers permettent d’aborder ces enjeux d’une manière à la fois originale et enracinée dans la pratique des acteurs. En complément de ces trois cahiers consacrés aux enjeux transversaux, une analyse a été réalisée sur les réalités vécues par les acteurs de deux filières, la filière « céréales-pain » et la filière « éco-construction chanvre-paille ».
Le rapport complet de l’étude est également disponible. Il comprend, en plus du contenu des 5 cahiers, un descriptif complet de la méthodologie de recherche, quelques éléments d’analyse des filières « maraîchage » et « lait-fromage » et une revue de la littérature scientifique sur la durabilité des circuits courts.
En résumé donc, voici les 5 documents disponibles :
- le cahier 1 : la structuration des filières
- le cahier 2 : les compétences et l’accompagnement
- le cahier 3 : les enjeux logistiques
- le cahier 4 : la filière céréales-meunerie-boulangerie et le cahier 5 : la filière éco-construction
- Le rapport complet de l’étude
De quoi nourrir celles et ceux qui rêvent de circuits courts qui soient à la hauteur des enjeux environnementaux, économiques et sociaux !