3, 2, 1, Zéro… Déchet en Wallonie !

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Ressources
  • Temps de lecture :6 min de lecture
You are currently viewing 3, 2, 1, Zéro… Déchet en Wallonie !

Dix communes wallonnes[Saint-Ode, Gesves, Namur, La Hulpe, Ecaussinnes, Braives, Waremme, Pont-à-Celles, Dour et Thuin]] ont été désignées par le Ministre Carlo Di Antonio pour s’engager dans une démarche visant à devenir Commune « zéro déchet » d’ici 2025. Très bien mais « ENFIN ! » a-t-on envie de dire ! … Aux quatre coins de la planète, des municipalités poussées dans le dos par des citoyens n’ont pas attendu les décisions « d’en-haut » pour impulser la dynamique.


Le mouvement Zéro Déchet a le vent en poupe chez nous. De plus en plus d’initiatives sont lancées avec pour but de faciliter des changements de comportement qui génèrent moins de déchets. Repair’ cafés, ateliers récup’, restaurants qui préparent des repas avec des invendus alimentaires, vide-dressing, magasins qui proposent une large gamme de produits en vrac[[Liste non exhaustive sur [https://zerocarabistouille.be/2017/01/14/les-magasins-objectif-zero-dechet-vrac/]], etc. Ces démarches, souvent impulsées par des individus ou des collectifs citoyens, proposent des solutions concrètes pour signifier la fin de cette société du ‘je consomme, je jette’. La motivation derrière ces initiatives n’est pas uniquement la réduction du poids de nos poubelles car souvent les rencontres, le partage d’idées et de savoir-faire, le développement d’une économie sociale et solidaire s’ajoutent à l’envie de diminuer l’impact des déchets sur l’environnement.

Si le mouvement Zéro déchet s’inscrit dans la tendance « hype » de l’économie circulaire avec la volonté d’éviter le gaspillage de ressources, d’optimiser et d’allonger l’usage des produits, il ose sans tabou interroger notre modèle de consommation actuelle, avec un appel à consommer plus sobrement. La philosophie zéro déchet s’articule autour de 5 axes qui ne sont pas sans rappeler les échelons de l’échelle de Lansink[[Echelle de Lansink ou principes de hiérarchisation dans la gestion des déchets : l’échelon prioritaire étant la prévention puis, la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique et l’élimination en décharge comme solution ultime. ]]. Si le niveau supérieur « refuser » entre dans la prévention, il nous invite plus explicitement à nous interroger sur nos besoins : Avant même de savoir si je pourrai réutiliser ou recycler ce truc, en ai-je vraiment l’utilité ? Dois-je pour autant l’acquérir ? Par ailleurs, le zéro déchet affiche haut et fort son objectif de fermer les décharges et les incinérateurs. Ce à quoi nos gouvernements ne se risqueraient pas encore à rêver.


gw-graphe.jpg
Illustration : 5 règles à suivre pour une vie zéro déchet (source : Zero Waste Home – The Ultimate Guide to Simplifying Your Life by Reducing Your Waste – Bea Johnson)

Le zéro déchet est une démarche individuelle mais aussi collective qui est loin d’être un phénomène de mode. Dans de nombreux pays, ce mouvement est bien structuré avec des ONG reconnues[Notamment voir réseau sur Zero Waste Europe : [https://www.zerowasteeurope.eu/zw-groups-in-europe/, Zero Waste France : https://www.zerowastefrance.org/fr ]] par les pouvoirs publics qui viennent en appui de groupes locaux qui collaborent avec les autorités locales et les entreprises. Car si l’impulsion vient souvent de citoyens, l’implication des municipalités est cruciale pour la mise en œuvre d’une stratégie zéro déchet à l’échelle d’un territoire. En concertation ou en co-construction avec des groupes citoyens, les pouvoirs locaux peuvent décider d’une trajectoire zéro déchet et des instruments pour parvenir à leur objectif de réduction. Les villes et municipalités ont un rôle crucial pour mettre en place les systèmes de tri, de collectes sélectives et décider des modes de tarification optimale pour faire évoluer les comportements. De plus, le niveau local, plus proche du citoyen, permet d’informer et de sensibiliser en ciblant mieux certains quartiers/populations. Quant aux bénéfices en termes de créations d’emplois locaux ou encore de propreté publique, ils touchent davantage les gens que les plus belles statistiques européennes.

Les résultats produits par les stratégies zéro déchet établies par des villes ou groupes de communes sont spectaculaires. Ainsi la ville de San Francisco aux USA vise le zéro déchet en 2020. Elle a adopté un plan en 2002 et a depuis lors appliqué l’obligation de tri et de collectes sélectives, une tarification au poids incitative, l’interdiction de sacs plastiques, des clauses de marchés publics qui font la part belle aux matériaux récupérés et recyclés. « Frisco » vient d’interdire la vente ou distribution de bouteilles en plastiques dans tous les lieux gérés par la ville. Aujourd’hui le taux de recyclage dépasse les 80% et les différentes filières de valorisation ont créé des centaines d’emplois. Les meilleurs vignobles de la Napa Valley s’arrachent le compost issu des déchets verts produits par les habitants de San Francisco.

Si l’association des termes « déchets » et « Italie » renvoient peut-être à ces montagnes d’immondices à Naples, la réalité est tout autre dans certaines communes du Nord de l’Italie. Parme, Trevise et bien d’autres villes ont signé une charte zéro déchet avec des résultats qui ont de quoi faire pâlir d’envie le Belge, pourtant souvent proclamé champion du recyclage ! Capannori en Toscane, première ville européenne zéro déchet, enregistre en à peine 10 ans une réduction de la génération de déchets de 40% et les déchets produits sont recyclés à plus de 80%. 50 municipalités autour de Trévise produisent aujourd’hui moins de 50 kg de déchets résiduels par habitant et par an avec un objectif de 10 kg/hab/an en 2023 alors que les ordures ménagères brutes d’un Wallon pèsent en moyenne 150 kg/an !

Alors, 10 communes wallonnes « zéro déchet » ? L’initiative peut sembler « sympathique » alors que notre région fait figure d’exemple en matière de gestion des déchets, elle n’en est pas moins importante pour répondre à une attente citoyenne et à un défi environnemental.

Gaëlle Warnant

Économie Circulaire