En ville comme dans les centres ruraux, l’espace public peut être le support de bon nombre d’usages et de fonctions. Même si à l’heure actuelle, force est de constater que cet espace est généralement dédié à la circulation, à la desserte. L’espace public devrait pourtant être bien plus qu’un lieu de passage. Il est en effet un lieu de rencontres et d’échanges dans lequel des gens qui se connaissent, ou pas, peuvent choisir de se parler, ou au contraire de s’ignorer, de se rassembler pour manifester, de participer à des activités récréatives ou sportives, de s’asseoir pour se détendre et observer leur environnement. Symbole de l’urbanité, l’espace public peut également être un lieu d’expression artistique.
Les espaces publics ont longtemps été considérés comme de simples lieux de passage et de circulation. Une tendance neuve, certes encore trop timide de la part des urbanistes et auteurs de projets est maintenant de concevoir et aménager les espaces publics comme des lieux dans lesquels on s’arrête, on se pose. Dans le jargon commercial, nous dirions que l’espace public est bel et bien un lieu de destination. Outre le fait d’être confortable, accessible, ou animé, un espace public doit également être beau, attractif.
Par ailleurs, les lieux d’exposition, tels que les traditionnels musées et galeries, ne sont pas toujours accessibles à tous les artistes, ni à tout public. Comment imaginer un lieu plus ouvert et abordable qu’un espace public pour exposer, présenter, et partager son art ?
Même dans l’espace public, l’art n’est pas accessible à tous
Ici et là, dans bon nombre de villes et de villages, les œuvres se dévoilent dans les rues, les parcs, ou sur les façades. Cependant, cette présence artistique ne fait pas que des heureux. Certains critiquent le coût parfois exorbitant que doit supporter la collectivité pour exposer cet art dont ils ne perçoivent pas l’intérêt. D’autres trouvent certaines oeuvres de mauvais goût et ne comprennent pas « comment on peut trouver ça beau ». Il est vrai qu’on demande rarement l’avis des gens vivant dans les quartiers choisis (par qui ?) pour accueillir ces œuvres. Tout le monde ne partage pas le même intérêt pour l’art et pourtant, une fois installé dans nos lieux de vie, il s’impose à nous, qu’on le veuille ou non, qu’on l’apprécie ou non. Comment dès lors réconcilier les amoureux « d’art en rue » et ses détracteurs ? La culture artistique avec le goût populaire ?
Une piste à explorer serait peut-être de donner à ces œuvres d’autres fonctions que l’unique expression artistique. Support de biodiversité, jeux pour enfants, ou plus simplement, bancs pour se reposer, l’œuvre artistique peut également répondre à d’autres besoins, touchant ainsi un autre public que les seuls amateurs d’art.
Quoiqu’il en soit, la présence de l’art dans l’espace public fait l’objet d’une multitude de réflexions sur l’accessibilité tant « physique » que « d’esprit » de ces œuvres qui peuvent en émouvoir certains et dans le même temps, en offusquer d’autres. Mais au final, n’est-ce pas là la richesse et l’intérêt de ce type de démarche : susciter le débat en faisant émerger des manières diverses et complexes d’apprécier et de s’approprier cet art public ?
En savoir plus
IEW vous propose ce mardi 12 décembre 2017 une formation centrée sur les espaces publics : « Ennemis publics », par Pierre Henrion – Cycle des Mardis [tabous] du territoire
Installer des œuvres d’art dans l’espace public représente une somme considérable de décisions et de choix. L’artiste qui a été sélectionné par les pouvoirs publics pour peindre, carreler, sculpter, illuminer, se voit désigner un lieu précis, un calendrier et des collaborateurs pour mettre en place son projet.
Par contre, ce qu’on ne lui présente pas à l’avance, ce sont les usagers, ceux qui vivront avec l’œuvre. Ils la contourneront, l’apercevront de loin ou auront le nez dessus, parfois ils passeront des centaines de fois avant de la voir. Par définition, l’art public est à la merci du public, autant qu’il s’impose à lui…
En prenant place hors de ses lieux habituels d’exposition – musée ou galerie d’art, le travail des plasticiens prend des risques, notamment quant à l’indifférence ou au rejet qu’il peut susciter.
D’où la question que propose Pierre Henrion pour cette conférence hors-piste : « Les artistes sont-ils des ennemis publics ? »
Quand ? Le mardi 12 décembre, de 12 à 14h
Où ? Salle du Chat à Sept Pattes, Rue Saint-Donat n°42 – 5002 Namur (Saint-Servais)
Inscription obligatoire
CONTACT : Julie Debruyne, 081/390 750
Le Conseil fédéral des géomètres-experts (www.economie.fgov.be) reconnaît IEW en tant qu’organisme accréditeur de formations continuées. Dès lors, les heures de formation suivies par des géomètres-experts peuvent faire l’objet d’une attestation. L’attestation est délivrée sur demande du géomètre-expert, à l’issue de la formation. Le demandeur devra signaler aux organisateurs ses coordonnées complètes ainsi que son n° d’inscription GEO.
Crédit photo :
- En octobre 2017, la ville de Charleroi accueillait la troisième édition d’Art Public. A cette occasion, des artistes et collectifs ont investi le cœur de la ville basse pour y présenter leurs œuvres. Crédit photo : www.charleroi.be
- Dans le parc provincial de Chevetogne, les jardiniers pratiquent l’art topiaire avec la réalisation de ces sculptures végétales. Crédit photo : Audrey Mathieu, 2015.