Cette fois ça y est ! Les associations environnementales rejoignent le Conseil économique et social de Wallonie (CESW). Cette demande historique du secteur associatif environnemental vient d’être adoptée par le Parlement de Wallonie ce 17 octobre dernier. Narration des faits marquants…
Ne dites plus Conseil économique et social de Wallonie mais bien Conseil économique, social et environnemental. Le Parlement vient d’adopter le décret qui intègre la composante associative environnemental au sein d’une institution qui regroupait jusqu’ici les partenaires socio-économiques.
Un engagement de la DPR qui n’est pas passé inaperçu
Après avoir eu l’impression de prêcher dans le désert pendant des années, la Fédération a eu l’heureuse surprise de découvrir, en juillet 2017, l’engagement du Gouvernement wallon qui prévoyait dans sa Déclaration de politique régionale: « Compte tenu de l’évolution de la société et de l’importance des enjeux climatiques et du développement durable, et à l’instar des réformes initiées en France, la concertation sociale sera renforcée en ouvrant la porte du conseil économique et social et des instances de concertations aux acteurs environnementaux ».
Engagement courageux vu la frilosité non dissimulée avec laquelle certains partenaires socio-économiques percevaient cette intégration des associations environnementales dans un conseil constitué exclusivement des interlocuteurs socio-économiques. Pourtant, cet élargissement n’a rien de novateur, d’autres organisations ont déjà évolué de manière encore bien plus importante que l’élargissement du conseil wallon. Tel est le cas du Conseil économique, social et environnemental français, du Conseil économique et social européen, ou encore du Conseil fédéral de développement durable.
Les démarches initiées par IEW
La Fédération n’a pas ménagé ses efforts pour faire évoluer les mentalités en faveur de cet élargissement. A l’automne 2016, elle a notamment co-organisé avec ConcertES des auditions de représentants du Conseil économique, social et environnemental français et du Conseil économique et social européen. S’en était suivi un échange avec certains représentants du Conseil économique et social de Wallonie invités pour l’occasion.
Dans une logique d’ouverture et dialogue, la Fédération n’a également pas manqué d’entreprendre des démarches pour rencontrer l’essentiel des organisations du CESW pour leur faire part des motivations à l’appui de cette volonté d’intégrer le Conseil. En effet, pour IEW, cette ouverture à d’autres composantes de la société, et plus particulièrement aux associations environnementales, est fondée sur des textes et engagements internationaux, tel la convention d’Aarhus ou les Objectifs de développement durable (ODD), auxquels la Belgique a souscrit. Cet élargissement s’inscrit également dans une logique de bonne gouvernance et de transversalité au vu de la nécessité de ne plus fonctionner en silo avec les acteurs socio-économiques d’un côté et les autres composantes de la société civile de l’autre.
Malgré l’avis défavorable du CESW, le Gouvernement décida de maintenir le cap pour conduire au final à l’adoption du décret par le Parlement wallon ce 17 octobre dernier.
Dans son intervention devant les députés wallons, le Ministre-Président du Gouvernement wallon a fait état d’un décret « d’une grande modernité ». Par ailleurs, autre élément notoire en terme symbolique suffisamment peu courant que pour être relevé : il n’y eut aucun vote « contre » le décret, uniquement des votes « pour », en ce compris de certains membres de l’opposition, et des « abstentions ».
Comment le décret concrétise-t-il cette intégration des associations environnementales ?
Au final, six représentants des associations environnementales intègrent l’Assemblée générale du CESW. Ces représentants seront désignés par le Gouvernement wallon sur proposition du Réseau Idée et d’Inter-Environnement Wallonie en leur qualité d’associations environnementales reconnues comme « Fédération/Réseau » en vertu du décret de reconnaissance et de subventionnement des associations environnementales adoptées en 2014. Parmi ces 6 représentants, un d’entre eux siègera également au Bureau du CESW.
La Fédération des associations environnementales soutient la philosophie du décret même si celui-ci était perfectible sur certains aspects. Deux amendements ont donc été soumis par IEW dont un en vue de supprimer le dispositif visant à plafonner la présence des associations environnementales dans certains pôles – la nouvelle dénomination des conseils d’avis depuis la réforme de la fonction consultative – du fait qu’elles seraient désormais présentes au CESW. Aux yeux d’IEW, ce mécanisme est discriminatoire (atteinte au principe d’égalité de traitement et de non-discrimination) par rapport à la représentation des autres organisations qui siègent dans les différents pôles. La disposition sujette à critiques fut néanmoins maintenue.
Face aux réticences avec laquelle certains partenaires socio-économiques perçoivent cette intégration, Inter-Environnement Wallonie tient à rassurer ceux-ci. La Fédération des associations environnementales travaillera dans un esprit propositionnel, d’ouverture et de dialogue pour faire face aux nombreux défis de la transition écologique et sociale.