Quelle effervescence durant ces quatre jours à la foire agricole de Libramont. On se retrouve après trois ans et on apprécie ce concentré de discussions typiques du lieu. Entre inaugurations des stands, conférences et drinks, on en profite pour faire des annonces et présenter des résultats. Les institutions se réinventent pour imaginer des animations insoupçonnées : un panier bio géant du Collège des Producteurs qui se balade, un massage offert chez Agricall, un pin sylvestre et un charme du côté des stands dédiés à la filière bois.
Parmi les innovations, à l’instar d’autres ministres, celui de l’agriculture a lui aussi finalement troqué ses chaussures de cuir pour des baskets. Moment propice que celui de la foire choisi par monsieur Borsus pour attirer ou détourner l’attention ?
Et puis, il y a les incohérences… (Mais qui n’en a pas ?)
– Le méga stand de Carrefour, dont la sono concurrence avec un certain succès celle du stand des ministres de l’agriculture et de l’environnement, à côté de celui beaucoup plus modeste de la cellule Manger Demain où l’on signe une pétition pour l’exception alimentaire.
– Au bout du parking VIP à moins de 200 mètres de l’entrée, on vous propose un trajet en SUV climatisé jusqu’à l’entrée ! Pour ne pas être recouvert par la poussière que la terre qui n’a plus reçu une goutte de pluie depuis des semaines, charrie sous nos pas ?
– L’attraction phare et historique derrière le stand du RSHCB qui consiste à « s’entraîner à tirer pour mieux chasser » ne m’était jamais apparue aussi interpellante que cette année. Elle ne laisse en tous cas pas indifférent : soit on y fait la file, soit on s’en offusque en passant à côté.
Vendredi, il y eu cette image, dure, de la détresse d’un agriculteur et son épouse fustigés par un autre qui lui reprochait de « continuer à faire la ferme avec son fils alors qu’il ne lui parle plus ». Sur la journée, j’aurai essuyé d’autres histoires de disputes familiales dans des fermes toutes aussi familiales qui brisent une profession nourricières, des hommes, des femmes, des familles…
Et puis, il y a ces espoirs avec les bébés au sens propre comme au figuré vus sous la tente de la Fugea… Deux naissances, un garçon et une fille, prévues en septembre ; un appel aux agriculteurs lancés par Terres-en-Vue pour sécuriser leurs terres ; le petit stand discret, mais qui a attiré la grande distribution, de « C‘Durable ? » ! On en reparlera…
Et finalement, une valeur sûre, présente contre vents et marées (particulièrement intenses de nos jours) : le chapiteau « En Terre Bio ». Même si on se chamaille dans les salles de conférence, c’est souvent là qu’on se réconcilie grâce à la nourriture qui y est proposée et que l’on refait le monde une bière (certifiée bio) à la main.
Ici, commençait donc un monde durable…