Le 31 janvier 2023 était signé l’arrêté ministériel accordant à Liège Airport le permis unique visant le renouvellement du permis d’environnement pour l’exploitation de l’aéroport de Liège-Bierset dans sa globalité ainsi que la régularisation urbanistique du parc à conteneurs et du dépôt d’un sous-traitant (nettoyage des pistes et avions). Canopea et Dryade ont décidé de déposer au Conseil d’Etat un recours en annulation de ce permis qui, s’il contient des éléments positifs, ne répond avec le sérieux requis ni aux enjeux climatiques ni à ceux de santé humaine.
Le permis délivré en janvier limite à 55 000 le nombre annuel de mouvements (décollages et atterrissages) autorisés pour les avions dont la masse maximale au décollage (MTOW) est égale ou supérieure à 34 tonnes ou dont l’aménagement intérieur maximal certifié comporte 19 sièges passagers ou plus. Le permis ne limite pas les mouvements des avions plus légers. Il fixe par ailleurs un agenda de diminution progressive du bruit maximum autorisé pour chaque décollage nocturne sans toutefois limiter le bruit admissible lors des atterrissages ni le bruit total généré par les activités de l’aéroport sur une année.
Le nombre maximal de mouvements (55 000, soit une augmentation de 40% par rapport aux 39 124 mouvements opérés en 2021) n’est correctement motivé ni au regard de la santé humaine (réduction du bruit) ni au regard du climat planétaire (réduction des émissions de gaz à effet de serre).
En ce qui concerne ce dernier point, Canopea et Dryade tiennent à rappeler les paroles de Monsieur Antonio Gutteres, Secrétaire général des Nations Unies, lors de son discours inaugural de la COP 27 en novembre dernier : « Notre planète approche à grands pas de points de basculement qui rendront le chaos climatique irréversible. Nous sommes sur une autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur »
Levier le pied de l’accélérateur et le poser sur la pédale de frein en diminuant la demande de transport aérien (sans négliger, bien sûr, les apports bénéfiques de la technologie) : ce sont là les recommandations du GIEC, de l’Agence Internationale à l’Energie (IEA), du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) … et de l’Agence wallonne de l’Air et du Climat (AwAC) qui a remis un avis négatif par rapport à l’accroissement des activités de Liège Airport. L’AwAC a calculé que les émissions de CO2 liées aux activités que l’aéroport ne gère pas directement (et qui sont donc gérées par les sous-concessionnaires, transporteurs en tête) sont 358 fois plus élevées que les émissions qu’il génère directement. L’AwAC souligne à raison que, même si les émissions de l’aviation internationale ne sont pas incluses dans les objectifs de réduction des émissions wallonnes, il convient de les comptabiliser pour évaluer les effets indirects de l’aéroport sur le climat. L’AwAC rappelle également que les pays voisins initient des politiques de limitation du trafic aérien.
Si, dans ses développements, l’arrêté ministériel contesté fait bien état de la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre, on peine à identifier en quoi cette nécessité a bien été prise en compte dans le choix de limiter à 55 000 le nombre maximal admissible de mouvements à Liège Airport.
C’est pourquoi, après une analyse approfondie du dossier, Canopea et Dryade ont décidé d’attaquer le permis délivré.