Ma vie en mode avion

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« Ma vie en mode avion ». Détrompez-vous, ceci n’est pas le slogan d’une compagnie aérienne ! Il s’agit ici d’un collectif émergent, aspirant à ce que notre environnement quotidien soit moins pollué par les ondes électromagnétiques de nos technologies sans-fil. Constitué de personnes électrohypersensibles, le collectif souhaite informer la population (et les politiques !) des symptômes subis ainsi que des pistes de solution permettant de limiter notre exposition.

Le collectif belge « Ma Vie en Mode Avion » est constitué de personnes électrohypersensibles, parfois appelées E.H.S. Un acronyme de plus en plus répandu pour désigner un ensemble de symptômes dont souffrent certaines personnes lorsqu’elles sont exposées aux rayonnements électromagnétiques.

Face à l’inaction politique et au manque de communication autour de cet enjeu, le collectif s’est lancé dans la réalisation d’une web-série dont l’objectif est d’informer et sensibiliser la population. Ils organisent également diverses rencontres permettant de porter leurs messages au-delà de la toile. C’est ainsi qu’en mars 2023, le collectif réunissait différents acteurs politiques afin de les informer sur les impacts sanitaires que peuvent occasionner l’exposition aux ondes électromagnétique.

Cet article présente brièvement le contenu des vidéos déjà diffusées par la web-série ainsi que les principaux arguments présentés aux acteurs politiques lors de cette rencontre.

En guise d’introduction, nous vous proposons une courte interview de Katie et David, deux des membres du collectif, témoignant des différents symptômes les incommodant lorsqu’ils sont exposées aux ondes.

Ma vie en mode avion, la web serie

Sur les 11 épisodes prévus à l’agenda de cette web-série belgo-belge, cinq ont déjà été diffusés.  L’initiative a deux objectifs : expliquer les différents symptômes dont souffrent les EHS et présenter les astuces à la portée de tou·te·s pour se protéger des ondes électromagnétiques (OEM) qu’émettent nos appareils sans-fil.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, nous vous proposons un petit résumé des trois premiers épisodes de la web-série.

Episode 1:  « Cet autre Burn-Out »

Le 1er épisode se penche sur la question des burn-out1. David, trentenaire EHS, témoigne des différents symptômes dont il a souffert lors de son burn-out ; battements de cœur irréguliers, maux de têtes, grosses fatigues, perte de mémoire, baisse de concentration, …

Une fois son burn-out diagnostiqué, David a contacté plusieurs spécialistes (cardiologues, psychologue, neurologue, …) mais aucune piste médicale ne semblait concluante. Jusqu’au jour où il suit son instinct : couper la box wifi. Et là, paf ! Miracle ! tous les symptômes disparaissent ! C’est pour éviter de subir à nouveau ces symptômes que David vit désormais en zone rurale, dans un périmètre épargné par la présence d’antenne, appelé « zone blanche »

A l’aide de son acoustimètre, appareil permettant de rendre audible la présence des ondes électromagnétiques, David rend palpable l’impact de différents dispositifs de notre environnement électromagnétique (REM) quotidien. Oreillettes Bluetooth, GSM, box wifi, téléphone fixe sans-fil (DECT), antennes GSM,… toutes ces technologies émettent un REM.

La parole est ensuite donnée àune psychologue clinicienne spécialisée dans le burn-out avec un focus sur la fatigue liée à l’exposition aux différentes technologies sans fil. Celle-ci remarque auprès de ses patients que les symptômes s’intensifient proportionnellement à l’utilisation quotidienne des technologies sans-fil.

Le micro passe ensuite à une médecin généraliste, spécialisée en électrohypersensibilité. Cette docteure remarque que de nombreux·euses patient·e·s diagnostiqué·e·s en burn-out souffrent de différents symptômes : maux de têtes, troubles du sommeil, perturbations de la mémoire et de l’attention, palpitations, douleurs physiques et articulaires… Elle constate également la présence d’un symptôme spécifique qu’elle ne retrouve pas chez tous ses patients en burn-out, la sensation d’échauffement au niveau de la tête ou du corps. La médecin appelle chacun à observer, à être à l’écoute de ces éventuels symptômes lorsque nous sommes en présence d’appareils émettant des ondes.

Episode 2 : « Comment j’ai récupéré mon sommeil »

Dans ce 2ème épisode, on découvre l’histoire de Valérie et Katie qui relatent comment leur sommeil s’est amélioré depuis qu’elles ont coupé leur wifi la nuit.

La Dr. Magali Koelman, spécialiste en médecine environnementale, remarque que la majorité de ses patients EHS ont des gros problèmes de sommeil. Lorsque la personne a été longuement exposée à des REM artificiels, les insomnies sont intenses et fort présentes. Ceux-ci mettraient nos cellules dans un état de stress pouvant impacter la qualité du sommeil. Certaines études mettent en avant une diminution de mélatonine – hormone régulant les cycles du sommeil – chez les personnes EHS (80% des cas). Une explication viendrait du fait que le stress subit par les cellules provoque une oxydation, or la mélatonine a des effets anti-oxydants. Le corps stressé consommerait donc plus de mélatonine pour faire face à ce stress. Selon la médecin, le sommeil de certaines personnes peut être impacté par la présence de rayonnements artificiels, bien que celles-ci ne soient pas électro hypersensibles en tant que tel. Son conseil ? Si vous souffrez d’insomnies dont la cause reste inconnue, tentez l’expérience d’éteindre tous les appareils émettant des ondes EM durant plusieurs nuits !

A noter que certaines personnes sont également sensibles aux basses fréquences émises par le champ électrique d’appareils filaires tels qu’un radio-réveil, une lampe de chevet, … dans ce cas il faudra aller un cran plus loin et couper le compteur avant d’aller dormir pour mettre tout le logement hors tension.

Episode 3 : « Bye bye maux de têtes »

L’ennemi n°1 de ce 3ème épisode se résume en 4 lettres. D.E.C.T, Digital Enhanced Cordless Telecommunications, « télécommunications numériques améliorées sans fil » en bon français. Vous voyez, ce téléphone fixe sans fil clipsé dans son petit support et attendant dans les starting block le prochain appel. Photo ci-dessous si ça ne vous évoque rien ! Ce petit coquin, même au repos, peut engendrer des REM (24h/24h) allant de 2 à 5 volt/m… soit une puissance quelques centaines de fois supérieures aux recommandations sanitaires (0.2 V/m).

Heureusement des solutions existent pour limiter le rayonnement du téléphone lorsqu’il n’est pas nécessaire. Privilégier un téléphone doté du mode EcoDect ou EcoDect+. Le 1er mode permet au téléphone de ne rien émettre lorsqu’il est au repos (pas d’appel en cours). Le 2ème mode, complémentaire au premier, permet au téléphone d’adapter la puissance d’émission du téléphone selon sa distance avec la base. Bref, une petite option vertueuse pour la santé mais aussi la facture d’énergie !

Exemple de téléphone DECT

Si vous souhaitez en savoir plus, les épisodes 4 et 5 sont également disponibles en ligne. Ils vous présenteront les pistes de solution permettant de limiter la perte de mémoire et les acouphènes avec des gestes simples au quotidien !

Comme annoncé en introduction, ce petit groupe a décidé d’aller un pas plus loin que la diffusion d’une web-série. En mars 2023, ils ont ainsi réussi à rassembler différents acteurs politiques pour les informer quant aux impacts des ondes sur notre santé. Parmi la trentaine de participants figuraient : conseillers ministériels, députés parlementaires, conseillers politiques et responsables d’institutions publiques. Pour l’occasion, la Médecin Magalie Koelman fut invitée comme oratrice principale. La Dr. Koelman dispose d’une longue expérience en médecine environnementale et d’une expertise particulière sur l’enjeu sanitaire des OEM et de l’électrohypersensibilité2.

Dans les paragraphes qui suivent, nous vous proposons une synthèse de quelques éléments abordés par le Docteur Koelman à cette occasion.

Une exposition de plus en plus intense

En retraçant l’historique de l’apparition de différentes technologies on comprend vite comment l’exposition aux REM s’est intensifiée ces dernières décennies. Quelques dates pour s’en rendre compte :

  • 1933 : Premières antennes FM
  • 1963 : Arrivée de la télévision couleur
  • 1977 : Premier téléphone analogique sans fil
  • 1991 : Installation des premiers dispositifs Wifi
  • 1994 : premier téléphone digital sans fil
  • 2003 : lancement de la 3G
  • 2007 : sortie de l’IPhone
  • 2009 : lancement de la 4G
  • 2022 : mise en place de la 5G

De plus, la structure des REM artificiels est fort différente de celle de ceux émis naturellement. En effet, nos technologies nécessitent généralement des ondes tantôt « polarisées », tantôt « modulées », tantôt « pulsées », … et parfois un mix de tous ces attributs. Résultat des courses, nos cellules se retrouvent exposées à des ondes chaotiques et complétement imprévisibles.

Le graphique suivant illustre l’évolution de notre exposition aux ondes électromagnétiques depuis 19503. On y voit très clairement que notre exposition a fortement évolué au cours de ces dernières décennies, tant qualitativement que quantitativement. En raison de l’augmentation exponentielle de l’utilisation des appareils sans fil et des infrastructures associées, les niveaux d’exposition aux REM de radiofréquence avoisinant la bande de fréquence de 1 GHz4, principalement utilisée pour les communications sans fil modernes, ont augmenté d’environ 1018 fois par rapport à des niveaux naturels extrêmement faibles. 10 exposant 18 (1018). C’est beaucoup. Vraiment beaucoup. Astronomiquement beaucoup. Pour donner un ordre de grandeur, c’est comme si le volume de votre verre d’eau (25 cl) se transformait en 3 millions de fois les Lacs de l’Eau d’Heure (ou 90 fois le lac Victoria). La portion de graphique en vert illustre l’exposition à laquelle nous serions exposés de manière naturelle. On y voit très clairement que, naturellement, nous ne sommes quasiment pas exposés aux rayonnements ayant une fréquence avoisinant 1 GHz.

Figure 1: Exposition journalière maximale typique aux rayonnements électromagnétiques de radiofréquence provenant de densités de flux de puissances artificielles et naturelles en comparaison avec les directives de sécurité de la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP).

Prise en compte belge du principe de précaution

En Belgique, il existe un institut scientifique national de la santé publique. Son nom ?  Sciensano. Comme d’autres structures de santé publique, Sciensano a pour mission d’améliorer la santé humaine et animale. Sur leur page internet dédié aux rayonnements électromagnétiques non-ionisants, on peut y lire :

« L’omniprésence des appareils électriques dans notre quotidien suscitent des inquiétudes. À ce jour, aucune étude scientifique n’est parvenue à démontrer la nocivité des champs électromagnétiques non ionisants. Quelques études ont révélé des corrélations statistiques, sans pour autant parvenir à expliquer le lien de cause à effet. Dans le doute, on applique le principe de précaution »5.

Mais applique-t-on vraiment le principe de précaution ? Pour certains « oui » car les normes internationales sont respectées, pour d’autres « non », car la réglementation se base sur des normes obsolètes au regard des connaissances scientifiques accumulées depuis leur mise en place (1990). Tentons d’y voir plus clair dans le paragraphe suivant !

Des normes anormales ?

L’une des raisons pouvant expliquer la sérénité des autorités et la non-application du principe de précaution vient du fait que les recommandations internationales sont respectées par l’application des normes en vigueur. Mais qui dicte ces recommandations ? C’est là que ça commence à devenir un peu enquiquinant…

Il existe une commission internationale, l’ICNIRP,  habilitée à remettre des avis et des recommandations ayant normalement pour mission de protéger la population des rayonnements non-ionisants. Cette commission, reconnue partenaire de l’OMS, est en réalité une « ONG scientifique » composée de 14 membres auto-élus. Plusieurs manquements et conflits d’intérêt ont déjà été reprochés à l’ICNIRP. Citons par exemple les liens étroits qu’entretiennent certains de ses membres avec l’industrie des télécom. Ou encore la seule prise en compte des effets thermiques dans leurs expérimentations censées définir les seuils d’exposition à ne pas franchir.

Ce dernier point attire la méfiance de nombreux experts et associations. En effet, l’ICNIRP évalue uniquement les effets thermiques des rayonnements électromagnétiques. Pour ce faire, ils utilisent un mannequin synthétique rempli de liquide et l’exposent au rayonnement pendant 6 minutes. Si la température augmente de 1°C (ou plus), l’ICNIRP considère alors qu’il y a un risque pour la santé.

Mais le corps humain peut-il être assimilé à un mannequin rempli de liquide ? Aux yeux de nombreux scientifiques et profils médicaux, une simplification aussi extrême revient à nier la complexité de l’organisme, faire fi des effets apparaissant suite à une exposition sur le long terme. Plusieurs études épidémiologiques6 mettent pourtant en avant les liens entre exposition aux OEM et le risque accru de développer certain cancer. Ce mécontentement est également éprouvé par de nombreux biologistes et entomologues, estimant que le test du mannequin ne tient pas compte du facteur taille. Face à une même dose de rayonnement, une abeille n’encaisse pas les radiations avec la même « résilience » qu’un humain, de la même manière qu’un bébé est plus vulnérable qu’un adulte.

Un autre point d’attention abordé par la médecin concerne l’ensemble des processus physiologiques pouvant être altérés par l’exposition non-raisonnée aux REM. Comme le rappelle la médecin, les ondes sont essentielles au bon fonctionnement des organismes vivants, y compris de l’humain donc. Plusieurs mécanismes physiologiques de notre corps reposent en effet sur des micro-oscillations régulant le fonctionnement de nos organes. Citons par exemple les ondes cérébrales, le repliement de certaines protéines. Parmi les fonctions potentiellement impactées par les ondes on retrouve notamment les canaux calciques voltage-dépendants (CCVD), le stress cellulaire, le stress oxydant, les liaisons de l’ADN, inflammation des mitochondries, …

Alors certes ces termes sont assez techniques, mais tentons d’un vulgariser un au mieux pour démystifier le jargon.

Les CCVD sont un peu comme des petites portes à la surface des cellules de notre corps permettant de laisser rentrer du calcium lorsque nécessaire. Ces « portes » se trouvent dans de nombreux types de cellules (musculaires, neuronales, endocrines, etc…) et sont essentielles à de nombreuses fonctions biologiques.

Ce mécanisme serait vulnérable à certain type de REM étant donné que les canaux s’ouvrent et se ferment en fonction du potentiel électrique à la surface de la cellule. Par exemple, lorsqu’un muscle se contracte ou lorsqu’un nerf envoie un message, cela provoque une augmentation d’électricité à la surface de la cellule. En réponse à cette augmentation électrique, ces portes s’ouvrent et laissent entrer du calcium à l’intérieur de la cellule. Le calcium est un élément nécessaire à de nombreuses fonctions cellulaires telles que l’envoi des messages à d’autres cellules ou pour se contracter. Les canaux calciques voltage-dépendants sont donc très importants pour que notre corps fonctionne correctement et pour que ses différentes parties puissent communiquer entre elles.

Que dit la science ?

Face à la littérature scientifique abondante, la médecin rappelle que toutes les études scientifiques n’ont pas la même robustesse. Il faut distinguer les études in vivo, in vitro, les études cliniques, les études épidémiologiques, … et le Graal ce sont les « Systematic Review » (revue systémique) collectant, évaluant et synthétisant l’état des connaissances existantes sur une question donnée. L’une d’entre elle constate que pour les études menées en conditions réelles, un effet nocif est systématiquement détecté tandis que pour les études se déroulant en conditions artificielles, seule la moitié d’entre elles relèvent des effets nocifs. Cette différence est notamment liée au fait que les études en laboratoire ne permettent pas de prendre en considération les conditions réelles d’exposition, c’est-à-dire des ondes modulées, pulsées, polarisées, … une durée d’exposition suffisamment longue, l’apparition de symptômes sur le moyen / long-terme, la présence d’effet cocktail, le caractère non-linéaire de la relation dose / réponse,… Bref, il est très facile de faire une étude incomplète si le protocole ne prend pas en considération la complexité du phénomène.

Comme le souligne la médecin, une étude « négative » (ne montrant pas de lien) ne peut pas être simplement balancée avec une étude « positive » (montrant un lien). Pour le dire autrement, je vais me permettre de reprendre la métaphore utilisée par l’oratrice (ici un chouïa reformulée).

« Imaginons une famille s’activant à la cueillette de champignons dans les bois. Une fois rentré à la maison, la petite famille s’apprêtent à préparer une bonne omelette aux champignons. Soucieux de ne pas intoxiquer leurs enfants, les parents demandent à différents spécialistes dans leur entourage si ces champignons sont bien comestibles. Trois experts tirent la sonnette d’alarme sur la toxicité de ces champignons, sept experts estiment qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Que faire ?»

Mettez-vous à la place des parents. Prendriez-vous le risque de faire manger ces champignons à vos enfants ?

L’appel au principe de précaution

En 1992, lors du sommet de Rio, le principe de précaution a été établi et adopté. Ce principe stipule que lorsque les connaissances techniques, scientifiques ou économiques ne sont pas suffisantes pour garantir une certitude absolue, des mesures anticipatives doivent être prises pour gérer les risques potentiels pour l’environnement et la santé, en prévision des dommages immédiats ou futurs.

Pour clarifier ce qui se cache derrière ce concept sage faisant appel à la prudence, je vous propose ces quelques phrases extraites d’un avis du Conseil Supérieur de la Santé7 ;

  • « La prévention doit reposer sur les connaissances, et pas seulement sur les preuves » ;
  • « Si le produit ou la technologie en question est important ou comporte des avantages substantiels, l’hygiène physico-chimique devrait conduire au lancement d’une stratégie basée sur le principe de précaution, menant, de manière prudente, raisonnable et transparente, à une décision dans laquelle les risques et les bénéfices sont équilibrés » ;
  • « Le principe de précaution est un concept très large qui peut être appliqué à des menaces graves et plausibles, lorsqu’il existe une incertitude quant à la nature, l’étendue et la probabilité des dommages » ;
  • « Le principe de précaution justifie les actions de politique publique dans les situations de complexité, d’incertitude et d’ignorance scientifiques, où il peut être nécessaire d’agir pour éviter, ou réduire, des menaces potentiellement graves ou irréversibles pour la santé ou l’environnement, en utilisant un niveau approprié de preuves scientifiques et en tenant compte des avantages et inconvénients probables de l’action et de l’inaction »8 ;
  • « … le Conseil d’État a décidé qu’une industrie polluante pouvait être fermée même s’il n’avait pas été prouvé qu’elle mettait en danger l’environnement, la simple existence du risque constituant une base d’action suffisante (De Sadeleer, 2000) »9

Ce principe est également inscrit dans le traité de Maastricht :

« La politique de la Communauté dans le domaine de l’environnement vise un niveau de protection élevé, en tenant compte de la diversité des situations dans les différentes régions de la Communauté. Elle est fondée sur les principes de précaution et d’action préventive, sur le principe de la correction, par priorité à la source, des atteintes à l’environnement et sur le principe du pollueur-payeur. »

Alors, à quand l’application du principe de précaution en Belgique à l’heure où la 5G est installée et la 6G déjà imaginée ?

Recommandations politiques :

En guise de conclusion, voici quelques pistes d’actions proposées par le collectif Ma Vie en Mode Avion (ainsi que de nombreuses autres structures) et dont nous recommandons la mise en œuvre pour minimiser l’exposition de la population et les risques sanitaires associés :

  • Préserver les « zones blanches » actuelles : les opérateurs du réseau internet et téléphone ont pour ambition de couvrir l’ensemble du territoire afin que les zones blanches, actuellement épargnées de rayonnements électromagnétiques ne soient qu’un lointain souvenir. Il s’agit pourtant des dernières zones potentiellement habitables (et déjà souvent habitées) pour les personnes EHS. Il est nécessaire que ces zones blanches soient préservées d’une couverture réseau afin de permettre aux EHS de trouver un lieu de vie viable.

Exemple inspirant : La commune de Tintigny10, via son collège et conseil communal, a décidé de préserver une zone blanche pour permettre un cadre de vie adapté aux EHS y vivant.

  • Autoriser les communes à établir des « zones grises » avec des seuils d’émissions plus basses : autour des écoles, hôpitaux, résidences pour personnes âgées, personnes électrohypersensibles qui en font la demande auprès de leur commune ..
  • Réserves naturelles : Interdire les antennes émettrices dans un rayon de 2 kilomètres autour des futures réserves naturelles nationales
  • Hôpitaux : Créer des chambres protégées des ondes électromagnétiques et des procédures d’accueil adaptées dans les hopitaux pour permettre aux EHS de bénéficier de leur droit à la santé
  • Transports en commun : « Wagons de la convivialité » dans les trains, téléphones éteints et on se parle entre voyageurs
  • Aménagements au travail : possibilité de demander des aménagements raisonnables sur le lieu de travail (cable ethernet, déplacer les box wifi …)
  • Formation : Développement d’une formation de « Conseiller en environnement électromagnétique » pour structurer une filière professionnelle reconnue sur le sujet
  • Secteur culturel : Systématiquement proposer d’éteindre les téléphones avant la séance (aussi pour la convivialité)
  • Compteurs intelligents filaires : Possibilité systématique de refuser les compteurs « intelligents » émettant des rayonnements (électricité, eau, gaz) et opter pour des compteurs intelligents utilisant un câble ethernet pour transférer les données
  • Wifi public : Ne pas ajouter de bornes wifi publiques supplémentaires (point d’attention particulier dans les écoles où l’internet filaire doit redevenir la norme)
  • Campagnes de sensibilisation sur un usage sobre des technologies numériques
  • Former les futurs médecins sur l’EHS dans les universités : Former les médecins au diagnostic et à la prise en charge de l’EHS dans les universités belges
  • Financer de la recherche appliquée sur l’EHS : formuler des traitements efficaces pour aider les patients EHS à travers un protocole à développer
  • Reconnaitre l’électrohypersensibilité comme handicap fonctionnel

Crédit photo d’illustration : Tada Images – Adobe Stock

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  1. Selon les dernières données de l’INAMI : « Entre 2016 et 2021, le nombre de personnes en incapacité de travail de longue durée en raison d’un trouble mental a augmenté de 30,97 %, avec une augmentation de 46,35 % pour cause de dépression ou de burnout. »
  2. Voir notamment l’une de ses chroniques : Santé conjuguée n°87, « Sommes-nous tous des cobayes ? », Magali Koelman et Vincent Jadoulle, Juin 2019
  3. Priyanka Bandara, David O Carpenter, “Planetary electromagnetic pollution: it is time to assess its impact”, The Lancet Planetary Health, Volume 2 – Issue 12 – Pages 512-514, December 2018, DOI: 10.1016/S2542-5196(18)30221-3
  4. GHz = gigahertz, soit 1 milliard de Hertz (109)
  5. https://www.sciensano.be/fr/sujets-sante/champs-electromagnetiques-incl-ionisants-et-non-ionisants
  6. Voir notamment les études de Lennaert Hardell et Annie Sasco
  7. 2019, CSS, Avis du Conseil Superieur de la Sante n° 9404, « Hygiène de l’environnement physico-chimique (limitation de l’exposition aux agents mutagènes ou perturbateurs endocriniens) et importance des expositions en début de vie »
  8. Ibid, extrait de : Gee D. Establishing evidence for early action: the prevention of reproductive and developmental harm. Basic Clin Pharmacol Toxicol 2008;102:257-66.
  9. Ibid, extrait de: De Sadeleer N. The Enforcement of the Precautionary Principle by Gerrman, French and Belgian Courts. Reciel 2000;9:144-51.
  10. RTBF, « Tintigny : une zone préservée des ondes à Poncelle », 23/06/2022