La biodiversité wallonne, en péril, fait appel aux citoyen·ne·s. Un sursaut politique est indispensable.

Malgré le contexte de crise de la biodiversité au niveau mondial, la Wallonie ne s’est jamais dotée d’une Stratégie régionale qui permettrait de se fixer des objectifs ambitieux et ce, malgré de nombreuses tentatives politiques.

Vers une vraie Stratégie biodiversité ?

Pour pallier à ce manque, à l’initiative de la Ministre de la Nature, Céline Tellier, un projet de Stratégie prometteur a été élaboré en co-construction avec les acteurs de terrain. Cette Stratégie Biodiversité 360° s’appuie sur les résultats des Ateliers de la Biodiversité initiés fin 2018, et intègre les objectifs européens adaptés aux spécificités régionales de la Wallonie.

Parmi les objectifs majeurs de cette stratégie, on peut citer les 5% de réserves naturelles d’ici 2030 (contre à peine 1.5% aujourd’hui) et la mise en place d’outils pour l’amélioration de la protection de plusieurs espèces et habitats rares et/ou menacés. La Stratégie propose également des actions qui permettront de mieux intégrer la biodiversité dans toute une série d’activités socio-économiques, que ce soit l’agriculture, la forêt, les entreprises, le tourisme, la recherche scientifique, l’enseignement et l’éducation, etc. et ce jusqu’à l’échelon communal et citoyen.

L’espoir de voir enfin la Wallonie dotée d’une stratégie pour tenter d’enrayer la perte de biodiversité avec des objectifs clairs est bien présent. Le moment est historique, puisque, si la Stratégie Biodiversité 360° arrive au bout de son parcours démocratique et législatif, elle sera la toute première pour la Wallonie !

Des résistances inquiétantes

Malheureusement, nous assistons à la répétition des bras de fer politiques qui se sont joués (et se jouent encore !) au niveau européen concernant la Loi sur la Restauration de la Nature. Les pressions de certains lobbies ruraux et économiques se font lourdement sentir – portées par des motivations idéologiques aveugles aux faits objectifs. Leur objectif : vider de sa substance cette Stratégie. Ce serait navrant quand on sait que la proposition sur la table n’est qu’indicative et non contraignante. La menace est réelle de voir la stratégie vidée de sa substance, voire rangée dans un tiroir.

Aux armes citoyen·ne·s

Mais les citoyen.ne.s ont aussi leur mot à dire : la Stratégie Biodiversité 360° est soumise à enquête publique jusqu’au 2 octobre. Une mobilisation massive est nécessaire si nous souhaitons voir la Wallonie se doter d’une Stratégie forte.

C’est dans ce but que les ONG environnementales belges se mobilisent pour que tou.te.s les citoyen.ne.s soucieux de leur environnement y répondent ! Elles proposent deux actions concrètes pour faire bouger les choses !

• Soit vous souhaitez simplement apporter votre soutien à cette stratégie. Vous pouvez alors télécharger la lettre de soutien rédigée par Canopea et l’envoyer à l’adresse enquetepublique.biodiversite@spw.wallonie.be. Si vous avez un souci dans le téléchargement, vous pouvez aussi la copier ci-dessous et la coller dans un mail.
• Soit vous souhaitez apporter des commentaires supplémentaires. Dans ce cas, vous devez passer par le questionnaire en ligne : http://environnement.wallonie.be/enquetes-publiques/biodiversite/index.html. Pour accéder au document de la stratégie, vous devez vous rendre sur l’onglet « Ressources » : http://environnement.wallonie.be/enquetes-publiques/biodiversite/ressources.html

Vous pouvez aussi vous inspirer de l’avis de Canopea pour répondre au questionnaire.

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Lettre à copier/coller dans un mail à l’adresse enquetepublique.biodiversite@spw.wallonie.be

Mesdames, messieurs, 

En tant que citoyen.ne, je suis préoccupé.e par la vitesse à laquelle décline la biodiversité mondiale. Les constats en matière de conservation de la nature à l’échelle de la Wallonie sont tout aussi accablants : quasi tous les habitats naturels sont fortement fragmentés et dégradés et de nombreuses espèces, même parmi les plus communes, sont en déclin. 

Or l’action de la Wallonie pour faire face à cet enjeu aussi important que la crise du climat est assez faible : seul 1,5% de notre territoire est classé en réserves naturelles alors que l’Europe s’est fixé un objectif de 10% d’ici 2030 ! 

Les habitats naturels et les espèces rares continuent leur déclin. La biodiversité ordinaire n’existera bientôt plus, puisque de plus en plus d’espèces considérées autrefois comme communes sont maintenant sur la liste des espèces wallonnes en danger d’extinction. Le moineau friquet, la perdrix grise ou la tourterelle des bois en sont des exemples flagrants. Mais ce n’est pas inexorable, pour peu qu’on y mette réellement les moyens.

Malgré le fait que la plupart des indicateurs régionaux de biodiversité sont dans le rouge, notre nature continue à être soumise à une forte pression de la part des activités humaines. Les intérêts économiques à court terme ne peuvent primer sur des enjeux aussi essentiels pour le bien commun et la survie de nos sociétés, y compris de l’économie, à long terme ! 

Dans ce contexte, il est plus que temps que la Wallonie mette en œuvre une stratégie forte qui fixe des objectifs ambitieux échelonnés dans le temps. Nous devons faire face à cette crise qui hypothèque notre avenir commun, au même titre que la crise climatique. 

Par cette lettre, je souhaite demander au gouvernement wallon d’adopter rapidement la Stratégie Biodiversité 360°, en maintenant les éléments essentiels pour la conservation de la nature sur notre territoire, voire à en augmenter substantiellement l’ambition. Ces éléments sont les suivants :

– Revoir à la hausse les objectifs en matière de réserves naturelles, pour atteindre les 10% tels que préconisé par la Stratégie Biodiversité européenne et s’aligner sur l’objectif de 30% d’aires protégées de cette stratégie.

– L’amélioration de l’état de conservation de 30% des espèces et habitats menacés, et un objectif de non-détérioration des habitats et espèces, notamment grâce à une meilleure protection à l’intérieur et en dehors des aires protégées ;

– La validation et l’accès public à la cartographie d’un réseau écologique opérationnel, afin de mieux prendre en compte les enjeux de biodiversité jusqu’à l’échelon communal, voire citoyen. Utiliser cette cartographie pour se fixer des objectifs et programmer les actions de restauration/ conservation à entreprendre, en ayant aussi recours aux solutions fondées sur la nature ;

– Assoir le principe du « zéro perte de biodiversité » en passant notamment par une meilleure prise en compte des impacts de nos activités économiques et industrielles sur la biodiversité, ainsi qu’en freinant l’artificialisation de notre territoire ;

– Soutenir une agriculture réellement locale et familiale qui travaille en synergie avec la nature ;

– Faire évoluer la gestion de nos forêts en favorisant les processus naturels, pour plus de résilience face aux dérèglements climatiques ;

– Mobiliser les entreprises pour mieux préserver la biodiversité sur leurs terrains et bâtiments, mais également à travers leurs fonctionnements et leurs chaînes d’approvisionnement ;

– Décloisonner la conservation de la nature et faire en sorte que tout le monde s’approprie cet enjeu en augmentant la communication, la sensibilisation et une meilleure intégration de cette thématique dans l’enseignement, et ce, à tous les niveaux et dans tous les secteurs ayant un impact direct ou indirect sur la biodiversité.

– Viser un objectif de 15% de longueur de cours d’eau restaurés.

-Accompagner la stratégie d’un budget et des ressources humaines chiffrées par l’élaboration d’une stratégie financière transparente (qui inclura un subside structurel pour assurer la pérennité des parcs nationaux). Dans ce cadre, créer de la transparence sur les aides financières publiques octroyées aux activités susceptibles de porter atteinte à la biodiversité au moyen d’un inventaire annuel, contrôlé par le parlement, et mettre en place un plan d’action pour mettre progressivement fin à ces financements nuisibles.

Par ailleurs, je salue positivement la volonté d’intégrer la biodiversité de manière plus transversale dans toutes les politiques et tous les secteurs socio-économiques, et j’insiste pour que cette intention soit concrétisée. Par cette lettre, je souhaite enfin inviter le gouvernement wallon à adopter à l’avenir une position forte en matière de politique de conservation de la nature au sens large, pour assurer un avenir viable et vivable pour toutes et tous.

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