Pour la 19e année consécutive, le Climate Change Performance Index évalue les performances climatiques de 63 pays et de l’Union européenne. Ensemble, ces pays représentent plus de 90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Notre pays reste bloqué à la 39e place, une position embarrassante à laquelle elle ne peut pas se résigner. WWF, Greenpeace, Canopea et Bond Beter Leefmilieu appellent nos gouvernements à réduire structurellement les émissions de gaz à effet de serre. La Belgique doit de toute urgence proposer un Plan national énergie-climat (PNEC) amélioré, qui respecte l’Accord de Paris.
Le classement politique climatique semble stagner depuis l’année dernière. Les trois premières places restent inoccupées. Le Danemark (4), l’Estonie (5) et les Philippines (6) obtiennent les meilleurs résultats. Les pays producteurs de pétrole, dont les Émirats arabes unis, qui accueillent la COP 28, occupent les dernières places. Les énergies renouvelables sont en plein essor dans de nombreux pays, mais cela ne suffit pas. La course contre la montre se poursuit : nous devons réduire de plus de moitié nos émissions d’ici à 2030, et l’élimination progressive des énergies fossiles est le meilleur moyen d’y parvenir.
Un score médiocre
À la 39e place (entre le Mexique et la Slovaquie), la Belgique continue de faire piètre figure dans les classements internationaux. Notre pays est loin derrière la moyenne européenne et même de pays émergents comme l’Inde, le Maroc ou le Chili. Le classement est basé sur les progrès réalisés par les différents pays, avec quatre indicateurs : la réduction des émissions, les énergies renouvelables, la consommation d’énergie et la politique climatique globale.
L’Europe a fixé à la Belgique un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 47 % (uniquement les émissions non liées au SCEQE) d’ici à 2030. Mais il n’y a toujours pas de consensus entre les régions sur la manière dont elles répartiront cet objectif et sur les mesures à prendre. La deuxième version du plan national pour le climat et l’énergie n’est toujours pas un plan intégré. La Flandre refuse de réduire ses émissions de plus de 40 %. Cette situation a conduit récemment à la condamnation de l’Etat belge pour inaction climatique dans l’Affaire Climat, obligeant notre pays à réduire ses émissions de 55 % (ETS + non-ETS).
Le transport et la mobilité : plus d’un cinquième de nos émissions
Les émissions du secteur des transports et de la mobilité restent particulièrement problématiques. Les émissions de ce secteur continuent de croître, en raison de l’augmentation du transport de marchandises, et de l’augmentation du nombre de SUV et de kilomètres parcourus dans le transport de personnes. Les émissions du secteur des transports représenteront 21,5 % des émissions totales en 2021 (contre 14,4 % en 1990).
Une vision intégrée de la mobilité fait donc totalement défaut : notre pays doit investir davantage dans les transports publics et les systèmes de partage de voitures électriques. Nous devrions nous engager en faveur d’une taxe kilométrique et promouvoir l’usage du vélo. Le système des voitures salaires et des cartes de carburant doit être revu.
Énergies renouvelables : des progrès pas assez rapides
Des progrès évidents sont à constater en matière d’énergies renouvelables. Mais ils ne vont pas assez vite. Le WWF, Greenpeace, Canopea et BBL demandent instamment aux gouvernements belges de fixer des objectifs clairs et ambitieux en ce qui concerne la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, tant pour l’électricité que pour le chauffage. L’intégration de sources renouvelables telles que l’énergie éolienne et solaire nécessite de donner la priorité à la modernisation et à l’extension du réseau électrique, et l’énergie et le chauffage propres doivent devenir moins chères que l’énergie issue de combustibles fossiles. Une conception respectueuse de la nature et une planification minutieuse pour éviter les impacts indésirables sur la nature devraient également faire partie des procédures standard lors de la construction de projets d’énergie renouvelable.
Une nouvelle loi fédérale sur le climat prévoit un meilleur contrôle de la politique climatique fédérale par le biais d’un comité d’expert·es et d’un rapport annuel. Un nouveau mécanisme a également été mis en place pour utiliser de manière transparente et efficace les recettes du système d’échange de quotas d’émission de l’UE. En ce qui concerne la politique climatique internationale, la Belgique obtient quelques bons points en rejoignant la High Ambition Coalition for Nature and People en 2021. Notre pays s’est également engagé à soutenir les objectifs internationaux 30×30 qui visent à protéger 30 % de la nature sur terre et 30 % de la nature dans les océans.
Le Climate Change Performance Index 2024 est disponible ici (en anglais)