La voiture bénéficie d’une survalorisation dans nos sociétés, ce qui rend très difficile le changement de mobilité. L’industrie automobile veille à entretenir cette survalorisation, en ne négligeant aucun canal de communication (jouets pour enfants – focus garçons, pubs, placements dans les films, sports moteurs, salons…).
L’emprise de la publicité sur notre mobilité ne se réduit pas à celle de la seule publicité automobile. Elles participent, notamment, à véhiculer des idées reçues sur la voiture.
De nombreuses associations environnementales, dont Canopea, souhaitent depuis longtemps réguler la publicité commerciale : https://www.canopea.be/wp-content/uploads/2023/06/POSITION-CANOPEA_Reguler-Pub-Commerciale_WEB2.pdf
À l’occasion du Salon de l’Auto 2024, déconstruisons les plus grands mythes sur la voiture !
La voiture, c’est la liberté
🟢 Côté pile :
🚗 La voiture permet d’accéder à de nombreux endroits « de porte à porte » sans devoir changer de mode de transport. Il « suffit » de monter dedans, de démarrer de (se faire) conduire et de se garer. La voiture est fort bien adaptée à nos modes de vie actuels et permet d’avoir une vie sociale et culturelle riche, même quand on habite à la campagne 🏡.
🔴 Côté face :
Posséder et utiliser une voiture est très coûteux (achat, assurance, entretiens, réparations, carburant, pneus…) 🤑. Une voiture modeste vous coûte 35 à 40 c€/km et une voiture « haut de gamme », autour de 1€/km. Cet argent pourrait être utilisé à d’autres fins (logement, alimentation, loisirs…) ce qui diminue cette liberté 😞.
🛻 En voiture, on se retrouve régulièrement coincé.e dans un bouchon, sans possibilité de s’échapper. Par ailleurs, rouler est dangereux (pour soi et les autres), nous prive d’activités physiques (marche et vélo) et de contacts sociaux (transports en commun) 🚊.
Dans une (grosse) voiture, on se sent en sécurité
🟢 Côté pile :
Selon une étude de VIAS, en cas de choc entre deux véhicules, les occupants de la voiture la plus lourde et la plus puissante ont moins de risques de blessures graves et de décès que les occupants de la voiture la plus légère et la moins puissante : « Lorsque la masse d’un véhicule augmente de 300 kg, le risque de perdre la vie chez les occupants de voiture diminue de moitié tandis que ce même risque augmente de respectivement 77% pour les opposants en voiture et de 28% pour les usagers vulnérables »).
🔴 Côté face :
Se focaliser sur cette « protection » qu’offre – dans certaines circonstances – une grosse voiture à ses occupants, c’est entrer dans une logique de « course à l’armement » dont seuls sortent gagnants… les constructeurs de voitures lourdes et puissantes. En voiture, on meurt plus dans les accidents sans « partie adverse » que dans les accidents impliquant plusieurs véhicules (en 2022, sur 243 occupants de voiture ayant perdu la vie sur la route, 144 (51%) l’ont été dans un crash sans partie adverse et 64 (26%) dans une collision avec une autre voiture). Les assureurs savent depuis longtemps que plus un véhicule est puissant, plus le risque d’accident et la gravité de ceux-ci sont élevés (ce qu’ils répercutent, dès le départ, sur leurs prix).
Il n’y a que les loosers qui roulent dans des « cacahuètes »
🟢 Côté pile :
Conduire une grosse voiture puissante, confortable et « bien » équipée peut être source de plaisir (tout comme porter de « beaux » vêtements, manger dans des restaurants étoilés, etc.).
Seules les personnes qui disposent de revenus élevés peuvent se le permettre. Rouler dans une grosse voiture est ainsi une manière de faire savoir aux autres que l’on fait partie d’une certaine classe sociale.
🔴 Côté face :
Un plaisir moins « avouable » est celui de « faire envie » aux autres. La voiture est avant tout un outil de mobilité utile (ce avec quoi sont d’accord 94% des personnes ayant répondu à notre sondage – « Représentation de la voiture dans l’imaginaire collectif »).
La considérer sous cet angle (et pas comme un signe de réussite sociale) permet de s’affranchir de la pression publicitaire, de mieux choisir la manière dont on utilise ses moyens financiers et notamment de « se contenter » d’une voiture qui réponde à ses besoins objectifs de mobilité – voire de franchir le pas d’un autre mode de transport.
La technologie permettra de rendre la voiture totalement propre
🟢 Côté pile :
Selon un sondage, moins d’une personne sur deux est consciente du caractère polluant de la voiture. Carburants de synthèse propres, voitures électriques, voitures autonomes : les solutions ne manquent pas pour dépolluer la voiture et améliorer la sécurité routière.
🔴 Côté face :
Le bilan environnemental d’une voiture électrique est loin d’être parfait.
- Si une voiture thermique émet 229 gCO2/km, la voiture électrique en émet beaucoup moins … mais tout de même plus de la moitié (120 gCO2/km).
- L’impact du prélèvement des matières premières nécessaires pour les batteries risque de s’avérer aussi catastrophique que celui de l’exploitation pétrolière et des biocarburants.
- L’absence de pot d’échappement risque de faire (encore plus) perdre conscience des incidences de la voiture : refoulement, pollution en toute bonne conscience, etc.
- La majorité des impacts négatifs de la voiture ne sont pas résolus avec l’électrification (accidents, encombrement espace public, usure des pneus, déchets, inégalités sociales, manque d’activité physique, etc.).
Un bon conducteur qui roule vite dans une voiture puissante est moins dangereux qu’un pépère imprudent (ou une femme) dans une petite bagnole
🟢 Côté pile :
Beaucoup de voitures neuves lourdes et puissantes obtiennent de bons scores aux tests EuroNCPA qui mesurent leur sécurité. Il n’est pas dangereux de rouler vite quand on est seul sur la route. Les équipements de sécurité sont là pour pallier les défaillances humaines. Pour un homme, conduire vite une voiture puissante reste une manière élégante d’affirmer sa virilité.
🔴 Côté face :
Les voitures deviennent toujours plus lourdes et puissantes, au détriment de la sécurité. Mais on est seul sur la route que jusqu’à ce qu’un imprévu arrive (enfant courant après un ballon, autre véhicule débouchant d’une voie latérale, etc.).
Une trop grande confiance dans les dispositifs de sécurité induit des comportements dangereux (croyance que la technologie « va arranger les choses »). Et les faits sont là : 80% des personnes tuées sur les routes belges en 2022 étaient des hommes.
Faut-il donc mourir sur la route (et mettre les autres en danger) pour prouver sa « virilité » ?