Viande : le problème, c’est l’élevage intensif

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Les débats relatifs à la consommation de viande sont souvent houleux. Ils cristallisent en effet des enjeux de société plus fondamentaux que ceux pointés régulièrement par l’actualité : inégalités sociales au nord, relations nord-sud honteusement déséquilibrées, mise en concurrence de produits qui n’ont en commun que leur nom et surtout appels à l’aide d’un secteur agricole qui, pour survivre, s’est engagé dans une course à la surproduction… et trébuche !

La simpliste assimilation de la consommation (excessive) de viande à la malbouffe n’apporte par ailleurs pas grand chose au débat, bien au contraire. De quelle viande parle-t-on ? Un steak de boeuf nourri à l’herbe en Wallonie ou des saucisses industrielles de porcs engraissés en Flandre ?

L’impact de la consommation de viande sur la santé et l’environnement fait intervenir bien d’autres choses que le nombre de grammes ingurgités. Oser parler des incidences de la surproduction et la surconsommation de viande ne signifie nullement une volonté d’arrêter la consommation et de nuire à la production.

Certains l’oublient, la viande provient directement du muscle d’un animal, qu’il ait été spécialement élevé pour sa viande ou non. Et, si l’on veut bien y réfléchir, la qualité de la viande dépend de la manière dont le muscle s’est développé (quelle a été son alimentation) et a été exercé (la bête ayant besoin de sport pour avoir bon goût !).

Ainsi, premier facteur de qualité : la nourriture. Que mangent nos animaux d’élevage aujourd’hui ? Depuis l’après-guerre, le régime de notre bétail est devenu de plus en plus exotique : maïs pour apporter l’énergie et soja pour les protéines.

Table rase des nombreuses heures de broutage en prairies complétées par des rations à base de céréales produites localement et de légumineuses européennes (pois, féveroles, lin, luzernes, etc.) ! D’où vient ce changement ? De l’aide américaine, au lendemain de la seconde guerre mondiale, qui s’est transformée en désastreux accords commerciaux.

Ainsi, les accords de Blair House, conclus en 1992, interdisent à l’Europe de produire plus que 30% de sa consommation en oléoprotéagineux. Objectif ? Écouler les surplus agricoles des Etats-Unis sur le marché européen.

Le maïs, devenu indispensable pour équilibrer les apports en soja, charrie, lui, son lot de problèmes environnementaux : utilisation importante d’eau, érosion des sols, utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires, etc.

Deuxième facteur : le sport. Pour cela rien de tel que le plein air : en prairies, les animaux transforment la cellulose de l’herbe en protéines animales. Avantages connexes : ces prairies, difficilement valorisables autrement (par des cultures), constituent notamment des puits de carbone, des zones de préservation de la biodiversité, des zones tampons contre l’érosion des sols.

L’excès nuit en tout, sortons de l’élevage intensif

Mettre en culture des surfaces de plus en plus importantes aux quatre coins de la planète pour produire la nourriture de nos animaux eux-même de plus en plus nombreux est une logique meurtrière pour la survie des populations humaines, l’environnement et l’agriculture wallonne elle même.

L’élevage « hors sol » (sol qui sert pourtant à nourrir le bétail) est quasiment devenu la règle. Or, des systèmes agricoles respectueux de l’environnement impliquent (entre autres choses) :

  • une interdépendance forte entre productions végétales et animales ;
  • un arrêt de l’importation de protéines d’Amérique ;
  • une diminution de la concentration des animaux – favorisant l’enrichissement en azote de l’environnement et les zones d’épizootie – …

En se battant à coup de chiffres de production annuelle de viande, de consommation moyenne ou de recommandations nutritionnelles, on s’écarte de ce que devrait être la solution : une production rémunératrice, environnementalement propre et socialement juste.

Ne nous trompons donc plus de débat : si le prix de la viande – et de beaucoup d’autres productions wallonnes – était juste, équitable et donc rémunérateur, les difficultés du secteur seraient toutes autres.

Mangeons moins, mieux et au prix juste pour tous !

Canopea