En date du premier anniversaire des aides d’état au secteur aérien, Inter-Environnement Wallonie (IEW), Bond Beter Leefmilieu (BBL) et Greenpeace, sur base des travaux des associations européennes Transport & Environment (T&E) et Carbon Market Watch dénoncent l’erreur et l’injustice que représentent des aides accordées sans conditions crédibles : le secteur aérien ne peut être soutenu que s’il participe de façon plus équitable et transparente au bien commun et à la lutte contre les changements climatiques.
La crise de la Covid se prolongeant, il est très probable que les états, mis sous pression par le secteur aérien, soient à nouveau tentés de leur accorder des aides. Le secteur est, il est vrai, confronté à une diminution très importante de ses activités particulièrement pour le transport de passagers. Les administrateurs de l’aéroport de Charleroi ont notamment fait savoir, début mars, que 40 millions d’euros leur seraient nécessaires, à court terme, pour se maintenir à flots.
Les enjeux liés au renouvellement de ces aides sont principalement les suivants :
- Opacité et manquements dans la comptabilité des émissions de CO2: une part importante des émissions des compagnies aériennes n’est pas reprise dans le système européen ETS (EU Emissions Trading System). SN Brussels Airlines n’est, à ce propos, pas en reste avec 57,2 % des émissions non comptabilisées sur le marché du carbone (détails dans ce document);
- justice sociale et fiscale : une proportion assez faible de la population mondiale prend l’avion, particulièrement si l’on considère les voyages réguliers (« frequent flyers »); en outre, ce mode de transport bénéficie d’exonérations de taxes ce qui n’est pas le cas pour d’autres modes de transport : cette distorsion de concurrence en faveur d’un mode polluant destiné à une partie de la population aux revenus les plus confortables doit être abolie ; et des investissements doivent être faits dans d’autres formes de mobilité plus compatibles avec les impératifs climatiques et de santé publique ;
- impact environnemental et climatique : les émissions du secteur ont continué à croître de près de 30% pendant les 6 dernières années pré-Covid alors que la tendance des autres secteurs repris dans le système ETS était à la baisse – et il est prévu qu’elles doublent voire triplent d’ici 2050[1]); par ailleurs, les nuisances locales, autour des plateformes aéroportuaires, sont avérées et mettent à mal la santé des populations exposées.
Un élément crucial dans ce dossier : les conditions environnementales associées aux éventuelles aides ne seront crédibles que si elles résultent en une diminution effective des émissions du secteur à court terme (ce qui implique une diminution du nombre de vols), à un gel des investissements dans l’extension des aéroports et à un plan de transition réorientant les emplois vers d’autres secteurs.
Plus d’informations : vous trouverez dans ce document réalisé par Transport & Environnement (T&E) et Carbon Market Watch (CMW) toutes les informations détaillées qui étayent les éléments avancés ci-dessus.
Contacts :
Marie Spaey, Chargée de mission Tourisme durable, Inter-Environnement Wallonie – 0472 33 07 97
Laurien Spruyt, Policy officer Climate & Mobility, Bond Beter Leefmilieu – 0496 92 50 07
Elodie Mertz : Mobility expert, Greenpeace – 0470 77 48 58
[1] https://www.icao.int/environmental-protection/Pages/ClimateChange_Trends.aspx