Ambitions climatiques insuffisantes : un défi pour la présidence belge

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On s’en souvient, à Copenhague en décembre dernier, la montagne des négociations climatiques avait accouché d’une souris, l’accord de Copenhague. Cette déclaration politique non contraignante, arrachée à la dernière minute par quelques grandes puissances, affichait l’objectif de limiter la hausse des températures à 2°C, conformément aux dernières recommandations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

Les Etats signataires de l’accord ont ensuite remis, début de cette année, leur contribution individuelle de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES). Mais entre la somme des objectifs individuels et l’objectif global, le fossé est énorme! Rappelons que pour atteindre cet objectif, la concentration dans l’atmosphère de GES (en équivalent CO2) ne doit pas excéder 450 ppm.

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Des chercheurs allemands [Analyse réalisée par le Postdam Institute for Climate Impact Research (PIK) ([www.pik-postadam.de) , Ecofys (www.ecofys.com) et Climate Analytics (www.climateanalytics.org)]] ont mis en lumière la dangereuse pente sur laquelle les politiques climatiques actuelles nous entraînent: une augmentation probable de plus de 3 °C en 2100 [Voir à ce sujet notre article [« Climat : Copenhague nous garantit +3° en 2100! » ]].

Les résultats de cette recherche ont été publiés dans une étude [[Article : Rogelj, J. et al. (2010). Copenhagen Accord pledges are paltry. Nature 464, 1126-1128, DOI: 10.1038/4641126a]] et sont régulièrement mis à jour sur leur site internet:

www.climateactiontracker.org

Sur ce site – à consulter de toute urgence – les engagements individuels de chaque pays sont analysés et classés sur une échelle en fonction de leur capacité à atteindre l’objectif global des 2°C: inadéquat, moyen, suffisant, modèle.

Le tableau est consternant:

 Seuls cinq pays sont « dans le vert », avec des engagements considérés comme modèles (Costa Rica et Maldives) ou suffisants (Brésil, Japon et Norvège);

 Sept pays obtiennent une cote moyenne (Croatie, Islande, Inde, Indonésie, Mexique, Corée du Sud et Suisse), c’est-à-dire suffisante si les autres pays adoptaient des engagements plus ambitieux, mais insuffisante si tous les pays relevaient de cette catégorie;

 Tous les autres pays, dont les plus gros pollueurs (USA, Chine) et l’UE doivent revoir d’urgence leur copie…

Différents critères sont utilisés pour évaluer les engagements climatiques des pays. A côté des émissions de GES, sont également pris en compte: le PIB, le PIB par habitant, les émissions de GES par habitant, le mix énergétique ainsi que les crédits/débits de GES liés à la gestion forestière. Cette méthodologie permet d’obtenir une image globale de la situation du pays et offre le grand avantage de rendre les comparaisons entre pays possibles.

Ainsi, l’UE, qui défend son image de leader en matière de lutte contre les changements climatiques, obtient un déplorable «inadéquat» pour son objectif de réduction des émissions de 20 % à l’horizon 2020. Le passage au 30 % permettrait d’obtenir un score « moyen », un résultat encore insuffisant étant donné la responsabilité historique de nos pays dans les changements climatiques en cours. Pas de quoi être fière!

Avec le nouveau module de Google Earth, qui permet de visualiser notre planète avec 4° de plus [Après avoir installé le programme Google Earth sur votre ordinateur, télécharger la nouvelle carte sur [http://www.fco.gov.uk/google-earth-4degrees.kml ]], un scénario toujours probable à l’heure actuelle, internet nous offre des outils efficaces et didactiques pour comprendre les enjeux des changements climatiques. Utilisons-les sans modération pour faire pression sur nos gouvernements ! D’autant plus que jusqu’à la fin de cette année, la Belgique, à la tête du Conseil de l’UE, a l’occasion de jouer un rôle clé pour hausser le niveau d’ambition de l’Europe.

A bon surfeur salut!

Cécile de Schoutheete

Anciennement: Développement durable & Énergie