Ce 1er mai, la station de mesure de qualité de l’air de Marchiennes-au-Pont a enregistré pour la soixante troisième fois cette année une concentration en particules fines (PM10, celles dont le diamètre est inférieur ou égal à 10 micromètres) supérieure à 50µg/m3, dépassant ainsi la norme européenne autorisant 35 dépassements par an.
Les particules fines, émises dans l’atmosphère par les processus de combustion (trafic routier – en particulier les véhicules diesel, chauffage, industrie, incinération des déchets…), sont particulièrement dangereuses pour la santé car, en raison de leur très faible diamètre, elles atteignent les plus étroites ramifications des bronches et engendrent des complications respiratoires et cardio-vasculaires. On estime ainsi que l’espérance de vie des Belges est amputée de 14 mois en moyenne (certaines régions étant plus affectées que d’autres) en raison de l’inhalation de particules fines (1), ce qui se traduit par 10 000 décès par an dans notre pays dont 1100 à Bruxelles.
Les plus optimistes pourront voir dans ce constat une certaine « amélioration » puisqu’en 2006, Marchienne-au-Pont détenait une nouvelle fois la palme de la station de mesures la plus polluée de Belgique après avoir dépassé le seuil des 35 jours dès le mois de février ! Les résidents locaux auront ainsi, l’an dernier, respiré un air de qualité « médiocre » à « exécrable » près d’un jour sur deux. Et cette situation, qui s’explique en grande partie par la proximité immédiate d’installations industrielles, n’est pas pour autant spécifique à la région carolo puisque seules 10 des 42 stations de mesures du pays n’ont pas dépassé le seuil imposé par la Commission en 2006. La Belgique se situe de la sorte parmi les plus mauvais élèves de la classe européenne en matière de qualité de l’air.
Ce constat accablant ne semble pas émouvoir nos responsables politiques puisque les résultats moins défavorables enregistrés cette année s’expliquent davantage par des conditions météorologiques plus propices qu’à l’adoption de mesures politiques. Et ce n’est probablement pas le récent plan « Air-Climat », annoncé en grandes pompes par le Gouvernement wallon le mois dernier mais brillant surtout par la faiblesse – c’est un euphémisme – de ses engagements, qui changera fondamentalement la donne (IEW publiera prochainement sa position sur ce plan).
Nous attendons donc – l’espoir fait vivre – une véritable politique structurelle pour agir à la source afin d’améliorer la qualité de l’air que nous respirons (réduction drastique des consommations d’énergie, installation de filtres, etc.), lorsque des pics de concentration sont observés. Nos compatriotes flamands imposent par exemple, lors des pics de pollution, aux automobilistes de réduire leur vitesse. Le Ministre wallon de l’environnement estime quant à lui suffisant de « compter sur l’intelligence des conducteurs pour ralentir d’eux-mêmes (…), les gens sachant que conduire vite pollue » (2). Notre ministre renard espère-t-il, par la flatterie, que les corbeaux que nous sommes ne laisse tomber… notre bulletin de vote dans l’escarcelle de son parti?
(1) Commission européenne, Rapport CAFE – Clean Air For Europe (http://ec.europa.eu/environment/air/cafe/index.htm)
(2)Agence Belga, 14/03/2007.
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