Nous connaissons tous l’étiquette énergétique des produits consommateurs d’énergie. Gradée de A ( +++) à G, elle renseigne sur le niveau de performance énergétique d’un frigo, d’une télévision, d’un lave-vaiselle. Mais pour que les consommateurs continuent de s’appuyer sur cette étiquette pour choisir leurs produits, il est nécessaire qu’ils fassent entière confiance sur les informations qu’elle leur fournit. Or c’est potentiellement une transposition du « dieselgate » à d’autres catégories de produits qui nous attend si rien n’est fait pour améliorer les protocoles de tests.
L’apparence de l’étiquette énergie et les informations qui doivent y apparaitre sont définies législativement par la Commission Européenne et les Etats-Membres, alors que les protocoles de tests européens harmonisés (EHTS pour European harmonised test standards), qui mesurent les performances d’efficacité énergétique, sont développés au sein de l’organe de normalisation CENELEC (dans le cas des télévisions, lave-vaiselles et frigos). Les associations ECOS, CLASP, EEB et Topten ont testé ces EHTS et des variantes de ceux-ci, plus représentatives des conditions rencontrées dans la vie réelle.
Bien que réalisées sur un échantillon limité, ces mesures aboutissent à des conclusions interpellantes :
- Les consommations d’énergie varient entre les EHTS et les conditions de test qui reflètent les conditions d’utilisation réelles. Ainsi, les frigos sont testés sans qu’il n’y ait aucune ouverture de porte, et les laves-vaiselles sur des programmes hautement efficaces mais rarement utilisés par les consommateurs. Les différences de consommation allant parfois du simple au double ! ;
- Les EHTS ne suivent pas les progrès technologiques : les EHTS pour les télévisions demandent le visionnage d’un clip vidéo vieux de 10 ans, et n’intègrent pas du tout l’évolution des modèles vers la connectivité qu’ils connaissent aujourd’hui ;
- Les EHTS contiennent des ambiguïtés, qui limitent la reproductibilité de certains paramètres mesurés (notamment pour la taille intérieure des frigos, qui conditionne directement le calcul de la classe énergétique)
- L’absence d’information – ou des informations sources de confusion pour les consommateurs : les programmes par défaut de certains modèles de télévision testés désactivaient les options économisatrices d’énergie, sans qu’aucune information ne soit fournie à l’utilisateur, et pour certains modèles la réactivation de ces options s’avéra être une réelle galère.
Ces résultats sont extrêmement problématiques, et appellent à l’adoption de mesures urgentes pour corriger la situation :
- Prévoir des conditions de tests qui correspondent aux usages réels des produits – ce non pas seulement pour les trois catégories de produits mentionnées ici, mais pour tous les équipements concernés par l’étiquetage énergétique et les normes ecodesign ;
- Actualiser les EHTS plus souvent, de manière à intégrer l’évolution des marchés et des performances des produits ;
- Veiller à ce que les informations sur la consommation soient fournies facilement aux consommateurs lorsqu’ils modifient les réglages des équipements ;
- Baser les classes énergétiques des labels sur base des programmes utilisés les plus fréquemment – et pas seulement sur les modes les plus efficients mais potentiellement les moins utilisés ;
- Renforcer et étendre la surveillance du marché ;
- Compléter les EHTS de tests complémentaires réalisés dans les conditions du monde réel . La réalisation de ces tests complémentaires permettrait de valider la classification d’un produit au sein d’une classe de l’étiquette énergétique.
Le rapport complet est disponible ici (en anglais uniquement)