Ces jeudi 30/9 et vendredi 1/10, les ministres européens des finances se sont retrouvés autour de la table à l'occasion du Conseil ECOFIN. On espérait que dans le cadre des discussions sur une "contribution financière du secteur bancaire" inscrit au menu des grand argentiers de l'Union, le principe d'une taxe sur les transactions financières - communément appelée taxe Tobin, du nom de l'économiste qui en émit l'idée il y a plusieurs décennies - serait abordé sinon adopté. Malheureusement, il n'en fut rien.
Chroniquement mises à mal dans un contexte dominé par la pensée libérale, les finances publiques ont du mal à se maintenir à un niveau décent pour assumer les charges collectives qui leur reviennent. L'examen de certains subsides et leur réévaluation (voire leur suppression) au regard des enjeux actuels permettraient d'apporter une bouffée d'air frais et autoriseraient le développement de politiques publiques mieux adaptées aux priorités : défis énergétiques et climatiques, maintien de la biodiversité... dans un contexte de justice sociale renforcée.
Une taxe carbone à 20 ¤ la tonne de CO2, tel est le souhait de la Commission européenne. Son parcours risque néanmoins d'être semé d'embûches si l'on considère la réticence de certains États membres envers ce concept et que l'on sait qu'en matière de fiscalité au niveau européen, l'unanimité est de rigueur. Sur le fond, la proposition européenne présente malgré tout quelques petits bémols, au niveau notamment du régime d'exemptions qu'elle prévoit.
La taxe sur les transactions financières appelée aussi "taxe Tobin", revendication chère au mouvement altermondialiste, est aujourd'hui l'objet d'un regain d'intérêt. Ces derniers mois, des hommes politiques de tous bords, se sont en effet prononcés en sa faveur. Par ailleurs, les ministres européens des finances, au chevet de l'Euro, ont réaffirmé leur volonté de mieux réguler le système financier notamment par un recours à cet outil. Le FMI et la Commission européenne semblent plus sceptiques quant à son efficacité, proposant plutôt de taxer les banques. Si l'on peut se réjouir de voir émerger une politique soucieuse de réguler le marché, les crises auxquelles nous sommes confrontés imposent d'aller plus loin et de sortir de la logique destructrice du capitalisme financier.