Il est aujourd’hui acquis que le secteur des transports est un des acteurs «problématiques» pour sa contribution aux changements climatiques. Problématique non seulement du fait de la «masse» de sa contribution qui est de 20% des gaz à effet de serre wallons, ce qui le situe juste après le secteur industriel, mais surtout parce-qu’il ne cesse d’augmenter lesdites émissions (+ 38% entre 1990 et 2008) alors que l’industrie, par exemple, diminue (entre 5 et14% sur la même période). Peut-on espérer inversion rapide de la tendance ?
Les chiffres de la Febiac et du SPF économie n’augurent rien de bon : d’une part, les kilomètres parcourus en Belgique ont augmenté de 8.6% entre 2000 et 2008 et d’autre part, l’année 2 010 est une année record pour l’immatriculation des voitures neuves en Belgique : 574.347.
Le secteur automobile dira que ce dernier point est une bonne chose : il faut renouveler le parc automobile belge en remplaçant les anciennes voitures plus polluantes par de nouveaux modèles plus performants au niveau des émissions de CO2. Le message a été bien reçu par nos décideurs et des moyens non négligeables ont été débloqués pour encourager les Belges à acheter des voitures moins émettrices de CO2. Ainsi depuis 2007, vous pouvez bénéficier de la prime fédérale qui a coûté 65 millions EUR à l’État en 2009, 213 millions en 2010 et 11 millions sont prévus en 2011. En Wallonie, il existe en plus le système de l’éco-bonus/malus. qui a coûté plus de 150 millions EUR à la Région Wallonne. Un calcul de nos experts a permis de déterminer que le prix de la tonne de CO2 évitée en RW était de loin supérieur à 2.000 euros (elle n’a jamais dépassé 30 euros sur le marché des quotas d’émissions!!). Enfin, une toute récente étude demandée par la Commission européenne vient d’objectiver que le montant des subsides accordés aux constructeurs en Europe s’élève à 54 milliards d’euros [“At a time when Member States need to be consolidating their budgets, it makes no sense to continue subsidising company cars to the tune of 54 billion euros. This preferential tax treatment of company cars has shown to increase fuel use and encourage purchasing decisions unrelated to engine efficiency, all leading to more cars, more pollution and more emissions,” said Anselm Gorres, President of Green Budget Europe. Plus d’infos : [The Commission’s DG TAXUD commissioned a report which can be found here ]]!!
Résultats de ces mesures ? La Febiac est fière d’annoncer une réduction de 16% de la moyenne des émissions des voitures neuves vendues. C’est bien, mais ce n’est qu’une goutte (très onéreuse) dans l’océan des émissions du secteur ! Et est-ce pour autant que les voitures «remplacées» ont cessé d’émettre ? Que sont d’ailleurs devenus ces «vieux tacots polluants»?
Au 31 décembre 2006, le parc automobile comptait 4.929.257 véhicules. En 2007, ce sont 524.795 voitures neuves qui s’y ajoutent tandis que seulement 127.959 véhicules, âgés d’en moyenne 13 ans, sont catégorisés hors d’usage. Le parc au 31 décembre 2007 étant de 5.006.294 de véhicule, il manque 319.826 voitures à l’appel. Elles ont été exportées et polluent donc ailleurs. En conséquence, le gain en terme de réduction des émissions, au niveau global – qui est celui des changements climatiques – est particulièrement faible !
Il serait beaucoup plus utile d’imposer des mesures visant à limiter la production de véhicules énergivores comme les « véhicules utilitaires sports », tout en «invitant» les constructeurs à réduire les émissions sur toute la gamme et pas seulement sur quelques modèles-phares qui se vendront grâce aux primes. Une réforme de la fiscalité telle que nous la prônons depuis quelques temps dans notre dossier «taxer plus, taxer mieux» accompagnerait une telle évolution en orientant les choix vers ce qui nuit le moins à la population en général tout en favorisant le développement des alternatives que sont les modes doux et les transports en commun.
Extrait de nIEWs 89, (3 au 17 mars 2011),
la Lettre d’information de la Fédération.
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