Jeudi dernier, le Gouvernement wallon décidait de renoncer à l’installation d’une grande centrale biomasse – d’une puissance supérieure à 20 MW – et mettait ainsi fin à l’appel à projets lancé en mai 2016. Loin de couper les ailes au développement des énergies renouvelables, le Gouvernement, par l’intermédiaire de son Ministre de l’Energie Jean-Luc Crucke, repart ainsi sur une base saine pour envisager l’avenir énergétique de la Wallonie.
Le projet de grande centrale biomasse péchait en effet à plusieurs niveaux. Sur le plan environnemental, plusieurs éléments incitaient IEW à la plus grande prudence :
- une durabilité environnementale toute théorique sachant que les pellets brûlés sur le sol wallon auraient dû être importés de Norvège et d’Afrique du Sud, sans valoriser l’économie circulaire wallonne ;
- un calcul de l’empreinte carbone de la biomasse négligeant la combustion de la biomasse sur notre territoire ;
- une multiplication par huit des importations de biomasse pour notre production d’électricité d’ici 2030, alors même que la Belgique est déjà l’un des plus gros importateurs mondiaux de pellets. L’utilisation à large échelle de la biomasse a des conséquences néfastes pour les pays producteurs : compétition entre usages, surexploitation forestière, perte de biodiversité, impacts sur le sol et l’eau, changements d’affectation des sols et accaparement des terres ;
- l’absence d’intégration de la cogénération dans le projet, qui bénéficierait d’un bien meilleur rendement énergétique ;
- une centrale inadaptée à nos besoins en électricité flexible pour compléter notre production éolienne et solaire variable.
Sur le plan économique également, le principe d’une grande centrale semblait bancal. Le projet aurait nécessité un soutien public (sous forme de certificats verts) pouvant aller jusqu’à 1,3 milliards d’euros sur une durée de 20 ans, principalement pour financer l’importation de biomasse. Ce budget pourrait être utilisé à meilleur escient pour financer une véritable transition énergétique au bénéfice du climat (en ce compris via des petites unités utilisant la biomasse) mais aussi créatrice de richesse sur le sol wallon.
La barre ayant été redressée, il s’agit maintenant de fixer le cap que la Wallonie souhaite prendre pour baliser son avenir énergétique. Et le travail ne manque pas sur ce plan !
Afin d’éclairer le Gouvernement et, plus largement, d’ouvrir la discussion publique sur cette question cruciale, IEW organise d’ailleurs une soirée-débat avec le Cluster TWEED et l’ICEDD, le 23 octobre prochain, sur le thème « Comment chauffer durablement la Wallonie ? ». Bienvenue !