Bisphénol A : l’agence européenne de sécurité sanitaire nie l’évidence

Cela fait des mois que les conclusions de l’Agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA) sur le Bisphénol A sont attendues. C’est aujourd’hui chose faite et le moins que l’on puisse dire est qu’elles sont consternantes, voire révoltantes.

Au mois de juin, alors que l’EFSA était toujours en cours de rédaction de ses conclusions sur le BPA (Bisphénol A), l’Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL), accompagnée par d’autres associations de protection de l’environnement et de la santé ainsi que par de nombreux scientifiques, indiquait dans un courrier adressé à l’autorité européenne que « toute analyse objective et complète de la littérature scientifique amène à la conclusion qu’il est nécessaire de réduire les niveaux d’exposition au BPA, particulièrement dans les groupes à haut risque« .

L’EFSA a donc une lecture particulièrement différente de cette littérature scientifique puisqu’au bout d’une année d’analyse, elle conclut qu’il n’existe aucune nouvelle preuve pouvant l’amener à revoir la valeur de la Dose Journalière Admissible (DJA) fixée en 2006 et revue en 2008 – ni à considérer que le BPA présente des risques de neurotoxicité.

Le panel chargé de cette analyse considère en effet que les études mettant en évidences des effets du BPA sur le système nerveux et le système immunitaire, ainsi qu’une augmentation du risque de développement de cancer du sein – et ce, à des doses inférieures à la DJA – souffrent de nombreux défauts. L’EFSA indique également dans son communiqué de presse que « Si la pertinence de ces résultats pour la santé humaine ne peut pas être évaluée à l’heure actuelle, toute nouvelle donnée disponible dans le futur sera analysée par le pannel. »

Alors que les études à charge du bisphénol s’accumulent et que plusieurs Etats-membres (la France, le Danemark et l’Allemagne – lire le rapport de l’agence fédérale de l’environnement sur le BPA) ont pris des mesures pour réduire l’exposition de leurs citoyens à ce perturbateur endocrinien et que d’autres (comme l’Autriche et la Suède) prévoient des actions nationales en cas d’inaction de l’Union Européenne, l’EFSA s’inscrit indubitablement à contre-courant – en ignorant royalement que les effets sanitaires du BPA – suspectés ou avérés – sont sérieux!!!

Les associations de protection de l’environnement et de la santé en appellent à une régulation plus stricte et à une meilleure protection de la santé public au niveau européen et soutiennent les actions d’interdictions nationales, ce qui, en Belgique, cela ne sera a priori pas pour tout de suite vu l’absence de gouvernement fédéral…

N’hésitez pas, pour forger votre jugement, à relire nos autres articles sur le thème du BPA!

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Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques