La neige s’en vient, la neige s’en va. Que le paysage soit blanc ou boueux, prenez le temps de vous asseoir avec nous, une tasse de thé fumant à portée de la main. Après la rétrospective 2010 en matière juridique, nous vous présentons les perspectives en aménagement du territoire. Foin du sur-place frénétique, cette année les citoyens wallons veulent s’informer pour bouger à bon escient!
L’aménagement du territoire ne manquera pas de défis en 2011, à commencer par celui du régime des eaux. Lors des débats qui ont succédé à la catastrophique inondation de novembre, on a beaucoup cassé de sucre sur l’habitat construit en zone inondable, puis sur l’occupation des fonds de vallée. Il est temps de lever les yeux. Nos ruisseaux, nos rivières, l’Escaut et la Meuse ne viennent pas de nulle part ; ils commencent tout petits, sur les hauteurs de notre pas si plat pays, voire sur les hauteurs des pays voisins. Ils se nourrissent de myriades de capillaires souvent imperceptibles à l’oeil nu, mais aussi hélas de plus en plus souvent canalisés, redressés, détournés pour drainer des terrains et les rendre constructibles ou cultivables. La première perdante est la biodiversité, la deuxième, c’est la civilisation ! Artificialiser le réseau hydrographique, comme on le fait depuis des années en Wallonie, revient à signer un chèque en blanc pour des crues de plus en plus violentes. Une publication néerlandaise de 2003, éditée en français sous le titre « Stockage à la source. Moins d’inondations lors des hautes eaux, plus d’eau en période de sécheresse », rend extrêmement bien compte du phénomène, et explique comment l’épanchement des petits cours d’eau en amont, dans de larges zones inondables, serait capable d’adoucir ce phénomène effrayant que les climatologues nous promettent de plus en plus fréquent. Sous le même titre « Stockage à la source », notre association membre WWF met à disposition du grand public une brochure téléchargeable de 58 pages abondamment illustrée, à lire d’urgence pour mieux faire passer le message. Bob l’Eponge vous le confirmera : en cas d’inondation, pour savoir qui est en faute, il ne faut pas toujours regarder qui est mouillé…
Le besoin de formations ne se tarit pas, lui non plus, et nous tenterons à nouveau d’y répondre. Cette fois, les deux jours d’affilée seront des jours de semaine. Le programme paraîtra début février pour vous permettre d’ organiser l’agenda en conséquence. Il devrait concerner quatre grandes villes wallonnes. L’expérience nous a en effet montré que vous prenez plus facilement le train quand la ligne est desservie au moins une fois par heure. La formule de formation suivra le modèle des deux années précédentes : alternance de mises en situation pratiques et d’exposés-débats sur les outils de l’aménagement du territoire, le tout dans une ambiance à la fois concentrée et décontractée. A l’automne, nous organiserons à nouveau une rencontre-débat comme celle qui vient de se dérouler à Namur. Gageons que l’actualité régionale saura nous inspirer un nouveau thème accrocheur!
L’Observatoire Citoyen du Paysage a atteint sa vitesse de croisière. Avec les premiers flocons, de nouvelles photos vont certainement s’ajouter à l’album déjà bien étoffé. N’hésitez pas à enrichir ce site de vos propres clichés et à l’utiliser comme un vrai forum : c’est avec vos réflexions citoyennes que la Fédération pourra construire des revendications politiques pertinentes. Nous avons en effet comme bonne résolution de faire le pont entre l’Observatoire et une démarche de lobby. Elle concernera notamment l’application de la Convention de Florence, d’une part, et la reconnaissance des périmètres ADESA dans les plans de secteur, d’autre part.
De fil en aiguille, nous en arrivons au nerf de la guerre : le CWATUPE et sa nécessaire évaluation. La Fédération Inter-Environnement Wallonie a été pressentie pour faire partie des instances consultées lors de l’évaluation du Code, évaluation qui devrait commencer au début 2011. Nous vous tiendrons informés de nos revendications et du déroulement du processus de consultation. En attendant, voici une petite guirlande destinée à garnir votre sapin : accessibilité, égouttage séparatif, articles 49, 111, 127bis, 414 et 415, résidences secondaires en zone de loisir, Natura 2000, ZACC, petits permis, lignes de force du paysage, périmètres de remembrement urbain, activités agro-économiques en zone agricole, compensations alternatives… avouez que ça commence à clignoter!
Enfin, si on peut se permettre? Une bonne résolution pour la Wallonie : qu’elle regarde d’un ½il plus acéré les projets d’urbanisation excentrés, accompagnés de bassins d’orage et de citernes individuelles utilisables en cas « d’épisodes pluvieux exceptionnels », raccordés tant bien que mal à un système d’égouttage insuffisant. Qu’elle s’interroge en toute honnêteté à propos des effets délétères de l’habitat éparpillé sur l’habitat déjà existant, sur ses villes, sur ses villages. De notre côté, nous lui concoctons un poster sur l’éparpillement de l’habitat pas piqué des vers !
Photo : Toits de l’ilot Albert sous la neige – 2009 – Hélène Ancion