Cancer et environnement, mieux cerner les enjeux

La France vient de découvrir les grandes lignes de son plan Cancer 2014-2018 dont un des éléments marquant est le peu de références aux facteurs environnementaux ayant une influence sur le développement de certains types de cancers… Cette lacune est relativement fréquente. Aussi, nous vous proposons de défricher ce domaine trop peu connu en quelques épisodes. Aujourd’hui : quelques chiffres pour baliser le terrain.

Lorsque l’on s’intéresse aux données relatives à l’influence des facteurs environnementaux sur certains cancers, les chiffres varient énormément en fonction des sources, à tel point qu’on finit par ne plus savoir qui est responsable de quoi ! L’Observatoire Wallon de la Santé vient de publier le Wallonie Santé n°4, numéro qui fait fort opportunément le point sur « Le cancer en Wallonie ».

En Wallonie, on constate que 62% des cancers chez la femme et 72% des cancers chez l’homme surviennent après 60 ans. Ils touchent donc globalement plus de personnes âgées que de personnes jeunes. Avant 50 ans, ce sont les cancers du sein, gynécologiques et les mélanomes malins qui sont majoritairement responsables de l’excès de cancers observés chez la femme. Les cancers de la prostate, du poumon et les cancers colorectaux représentent 54.9% des cancers diagnostiqués chez l’homme, alors que chez la femme, les cancers du sein, colorectaux et du poumon représentent 54.4% des cancers diagnostiqués.

Que dire des facteurs de risque ? Si certains ne sont absolument pas modifiables (l’âge, le sexe, l’hérédité), d’autres le sont plus (tabagisme, alimentation, activité physique, exposition au soleil, etc.). Mais le cancer est multifactoriel : il faut généralement une conjonction de plusieurs facteurs de risque à un moment donné pour que se développe un cancer particulier.

Et l’environnement alors ? D’après l’OMS[L’OMS définit l’environnement comme « l’ensemble des facteurs physiques, chimiques et biologiques externes à l’être humain et les comportements liés qui y augmentent l’exposition (dont l’utilisation de pesticides, l’usage de la voiture, etc.) mais en excluant le style de vie (tabagisme, activité physique, etc.) »)]] (Organisation mondiale de la santé) au moins 19% des cas de cancers seraient attribuables chaque année à l’environnement. Pourquoi au moins ? Parce que l’évaluation du caractère cancérigène d’un facteur physique, chimique ou biologique se fait au cas par cas… et que cela prend du temps. De nouveaux facteurs environnementaux pourraient bien venir allonger cette liste de cancérigènes avérés dans les années à venir, au fur et à mesure de leur évaluation par le [Centre International de Recherche sur le Cancer. Le désormais connu « effet cocktail » est également susceptible d’influencer la donne : un facteur environnemental seul peut être anodin, mais son caractère toxique peut être amplifié en présence d’un autre facteur environnemental. Cet effet cocktail – qui correspond pourtant à notre situation quotidienne – n’est pas évalué… et son influence sur l’apparition de la maladie non plus. Dernier élément : l’exposition in utero à des perturbateurs endocriniens pourrait également avoir une influence sur le développement de certains types de cancers à l’âge adulte.

Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques