Carrière de Live-Bossimé (et les autres!) : être ou ne pas être, telle est la question…

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Le gouvernement wallon vient de refuser à la S.A. Sagrex une demande de permis pour la réouverture de la carrière de Live-Bossimé. De nombreux riverains se sont opposés au projet (particulièrement dans le village de Loyers) et ils seront certainement soulagés de la décision. Pourtant, lors de l’examen du dossier par le CWEDD (Conseil Wallon pour l’Environnement et le Développement Durable) en mai 2010, la Fédération Inter-Environnement Wallonie avait émis un avais favorable à la réouverture, le site de Lives-Bossimé présentant une série d’opportunités. Cette position avait été mal acceptée par les opposants ; la décision du gouvernement wallon, contraire à celle que nous préconisions…, nous donne l’occasion de revenir sur nos arguments.

Le groupe carrier entendait exploiter pendant 30 ans cette ancienne carrière afin d’en extraire des granulats à raison d’un million de tonnes par an. De cette production, environ 75 % auraient été convoyés par la voie d’eau, acheminés jusqu’aux péniches sur une bande transporteuse entre la fosse d’extraction et la berge de Meuse. Le restant du transport, assuré par camion, était un des points noirs du dossier – notamment pour l’association Namur 80, qui voyait d’un très mauvais oeil la surcharge en charroi pour les voies rapides voisines, mais aussi la destruction du paysage mosan par l’installation des silos de stockage en pied de falaise.

Pour la Fédération, par-delà ce cas particulier, il convient avant toute chose de s’interroger globalement sur la forme de l’exploitation des ressources minérales à privilégier. Est-il plus logique d’extraire localement ou de faire venir des matériaux de loin ? Vaut-il mieux poursuivre l’extraction dans des lieux déjà exploités, déjà répertoriés comme tels au plan de secteur, ou ouvrir de nouveaux sites? Préfère-t-on préserver la fillière des emplois spécialisés, à haute qualification de main d’½uvre, comme on les recherche dans le secteur carrier, ou se limite-t-on à des emplois de manutention et de transport, comme ce sera le cas si nos matériaux de construction sont importés?

Ensuite vient la question de l’adaptation d’un projet industriel aux exigences environnementales : depuis sa précédente demande de permis (refusée), en 2004, la S.A. Sagrex a amplement modifié son projet, au point de rencontrer les critiques formulées par les associations de défense de l’environnement.

Grâce à la bande transporteuse souterraine, pas de concassage en bord de Meuse, rien que du stockage dans des loges couvertes pour éviter la dispersion des poussières. La fosse d’extraction devait être bordée d’un merlon paysager. Puisque l’exploitation antérieure s’était arrêtée depuis près de 10 ans, une biodiversité riche s’était implantée sur les flancs rocheux: des mesures devaient être prises pour déplacer certaines espèces et habitats, faire avancer le front d’exploitation progressivement, restaurer les zones après exploitation. S’ajoutait à la liste le transport par bateau et un allègement corollaire pour la N90.

L’exploitation des carrières constitue un dossier particulièrement sensible en termes d’environnement et la mobilisation des riverains fait partie intégrante de quasi tous les cas soumis aux décideurs. La Fédération comprend la mobilisation d’habitants soucieux de préserver leur cadre de vie. Il y a toutefois des réalités incontournables et des enjeux complexes qui obligent à sortir d’un réflexe NIMBY pour s’interroger plus globalement (voir ci-dessus) et, dans certains cas, s’attacher à la qualité d’un projet, à son respect de conditions essentielles, plutôt que lutter contre son existence même.

C’est pourquoi l’avenir nous semble devoir passer par une reconnaisance réciproque entre les carriers et le public, notamment à travers les démarches menées par les comités d’accompagnement des carrières.

Canopea