Centrales nucléaires belges : la poule aux ½ufs d’or d’Electrabel (GDF-Suez)

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Une étude réalisée par la CREG (Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) vient de communiquer des chiffres intéressants même s’ils ne surprennent plus personne. La CREG a estimé les coûts de production de l’électricité à partir des centrales nucléaires belges exploitées par Electrabel, appartenant aujourd’hui au groupe GDF-Suez. L’étude révèle ainsi une marge bénéficiaire plus que confortable pour une entreprise qui, cet automne encore, rechignait à verser sa contribution à l’Etat belge.

Les calculs réalisés et récemment communiqués par la CREG intègrent les coûts liés au cycle du combustible et à la gestion des déchets, les frais d’exploitation, les amortissements ainsi que les provisions relatives au démantèlement. Exercice réalisé pour l’année 2007 et renforcé par d’autres études internationales qui tendent à confirmer les résultats présentés par la CREG.

Ainsi calculé, le coût de production de l’électricité dans nos deux centrales varie de 17 à 21 ¤/MWh. A partir de ces coûts et en se basant sur le prix moyen sur le marché forward pour 2007 (60 euros/MWh) et également sur la quantité d’électricité produite par les sept réacteurs en 2007, soit 45.9 TWh, l’étude chiffre la marge bénéficiaire de l’exploitant entre 1,75 et 1,95 milliards d’euros par an. Des chiffres qu’Electrabel conteste, arguant que la méthode appliquée par la CREG était hautement contestable « et qui conduit celle-ci à des résultats totalement surestimés et disproportionnés. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que le résultat d’exploitation réalisé par Electrabel en 2007 s’élève à 960 millions d’euros. » Ce « petit » bénéfice expliquerait-il pourquoi, en 2009, GDF a contesté devant la cour constitutionnelle le montant de la rente réclamé par l’Etat belge ? Les exploitants des centrales n’avaient toutefois pas obtenu gain de cause.

Mais disproportionnée est surtout l’inégalité d’un système où l’écart entre les coûts de production de l’énergie nucléaire et le prix de l’électricité, prix fort payé par le consommateur, contribue directement et largement à remplir les poches des exploitants confortés dans une position monopolistique. En effet, si les coûts de construction des centrales nucléaires sont élevés, ils sont rapidement amortis par une contribution des consommateurs. En Belgique, l’amortissement des centrales a été planifié sur une période de 20 ans pour une durée de vie est prévue pour 40 ans… (voire 50 si les choses vont mal !!). Tout bénéfice donc pour Electrabel mais pas pour le consommateur dont la facture n’a en rien reflété cet état de fait et qui continue à payer le prix fort.

D’autre part, ces coûts n’intègrent nullement toutes les externalités négatives également supportées par le citoyen comme l’insécurité liée à cette technologie ou encore le spectre de devoir gérer des déchets dangereux et toxiques et qui planera sur les générations futures pour des milliers d’année ……

Nucléaire : (un) bon marché pour GDF-Suez qui espère encore exploiter ce filon quelques années de plus ?

Crédit photographique : Morad HEGUI – Fotolia.com

Gaëlle Warnant

Économie Circulaire