L’avenir du territoire wallon s’écrit tous les jours. Dans les lignes du nouveau Code de Développement Territorial (CoDT), en cours de finalisation, dans les pages du futur Schéma de Développement de l’Espace Régional (SDER), mais aussi, plus pratiquement, dans les multiples projets qui se mettent en place, çà et là, et impactent, parfois durablement, l’aménagement de notre région.
Effort de densification, mobilité alternative, redécouverte de l’eau en ville, création de quartiers dits « durables », recentrage des commerces et services, les perspectives pourraient bien être prometteuses pour un développement plus soutenable du sol wallon. Pourtant, ce n’est pas sans embûche qu’elles s’incarneront peut-être, demain, en Wallonie.
La Fédération Inter-Environnement Wallonie vous invite, durant cinq mardis midis, cet automne, à ouvrir les idées et imaginer des possibles enthousiasmants pour l’avenir du territoire wallon. Par l’entremise d’exposés de qualité, suivis d’une large plage de débat, nous évoquerons, avec quelques interlocuteurs de choix, les potentialités, mais aussi les difficultés pratiques d’une orientation plus durable de l’aménagement du territoire.
Mardi 4 novembre : Intérêt, indifférence ou rejet : quelle participation de la population à l’effort de densification ?
Recentrage de l’urbanisation, densification du bâti, reconstruction de la ville sur la ville, le « compactage » nécessaire de l’habitat semble désormais faire l’unanimité. Pourtant, la population ne voit pas toujours d’un bon œil ces nouveaux voisins venus occuper le paysage et créer des « embarras de circulation » ou ces dernières friches urbaines un peu bucoliques disparaître au profit de lotissements parfois massifs. Avec indifférence parfois, avec rejet souvent, et, espérons-le, avec intérêt bientôt, le citoyen est pourtant, de facto, concerné par la question de la densification. Comment faire pour l’intégrer au mieux, et positivement, à cette dynamique nouvelle ?
David Miet, ingénieur, architecte et urbaniste, créateur du concept de BIMBY (Build in my back yard), viendra de Bordeaux nous donner des pistes pour rendre les processus de fabrication de la ville plus démocratiques. Luc Maréchal, ancien directeur de la DG04 (l’administration wallonne de l’aménagement du territoire), principal auteur du premier SDER (1999), les mettra, quant à lui, à l’épreuve du territoire wallon.
Mardi 25 novembre – Un territoire aménagé pour la voiture : quelles réorientations pour diminuer la dépendance automobile ?
Parkings à profusion, larges voiries et autoroutes urbaines ont historiquement soutenu le développement de la voiture… et compliqué la vie des cyclistes et des piétons. Aujourd’hui, c’est une forme de dépendance automobile qui s’est instillée dans nos veines en conditionnant toute activité à une accessibilité essentiellement routière. Nombreux sont les ménages qui, aujourd’hui, ne peuvent se passer, même une journée, d’une voire de plusieurs voitures. Urbanisme, transport et réseaux sont ainsi étroitement associés et produisent des effets durables sur les possibilités ou non de sortir de cette spirale de la dépendance automobile.
Nous en parlerons avec Gabriel Dupuy, professeur émérite d’aménagement et d’urbanisme à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, qui a consacré une partie importante de sa carrière à l’urbanisme des réseaux et au concept de dépendance automobile. Nous lui demanderons notamment quels remèdes envisager pour enfin envisager la « désintoxication ».
Mardi 2 décembre – L’eau dans la ville : quelles opportunités pour le développement urbanistique ?
Là où l’eau retrouve une place dans les aménagements urbains, la qualité de vie semble s’améliorer. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. D’une des conditions de fondement des villes au déni total de ses fonctions, aboutissant, dans certains cas, à une invisibilisation de l’eau par son recouvrement (on pense à la Senne bruxelloise, notamment), la place de l’eau dans la ville n’a cessé d’évoluer. Ses fonctions d’agrément et d’esthétique paraissent aujourd’hui revenir sur les devants de la scène (l’autre). Pourtant, nombreux sont encore les aménagements purement fonctionnalistes des berges de nos cours d’eau, parmi lesquels leur transformation en véritables « autoroutes urbaines ». Que faire, aujourd’hui, de ce patrimoine – naturel ou non – qui colle à la peau de nos espaces de vie ?
Kristel Mazy, chercheure en urbanisme et aménagement du territoire à l’Université Libre de Bruxelles et à l’Université Lille1, nous présentera quelques-uns des résultats de sa récente thèse de doctorat, tandis que Pierre Cox, professeur à l’ISURU et vice-président de la Chambre des Urbanistes de Belgique, nous entretiendra de l’application, à Gembloux, de ces nouveaux espoirs pour l’aménagement de nos villes d’eau.
Mardi 9 décembre – Eco-quartiers : avec la ville ou contre la ville ?
Quelle est la durabilité d’un projet de construction où les logements sont dotés des meilleures techniques disponibles en matière d’isolation, mais où le moindre des déplacements sera assumé en véhicule motorisé privé ? La question, bien qu’un peu directe, mérite d’être posée. Car l’urbanisme ne peut être durable que s’il permet de réduire l’un des plus gros soucis des temps modernes : la pression incessante, la dépendance dirait Gabriel Dupuy, à l’automobile. Alors, si durable il doit être, le nouveau quartier idéal doit se saisir de cette question de la mobilité pour intégrer dans son essence propre les possibilités de réduire l’utilisation de la voiture.
Nous en débattrons avec Anne-Françoise Marique, ingénieur de recherches en architecture et urbanisme, et co-rédactrice du référentiel « Quartiers durables » wallon.
Mardi 16 décembre – Quels projets d’avenir pour les territoires non centraux ?
Villages dortoirs, enchaînements de villas quatre façades à la monotonie architecturale un brin déprimante, hameaux vides de toute activité, le topo est peut-être excessif, il n’en rappelle pas moins quelques images typiques d’une certaine Wallonie. Bucoliques à l’origine, ces « petits coins de paradis » paient le prix de leur attrait paysager par un grignotage par l’habitat qui condamne, dans le même temps, leurs qualités premières. Un éparpillement qui réclame, par la même occasion, une desserte qualitative en transports publics, pourtant impayable par les finances wallonnes. Que faire, alors, de ces espaces, ni villes, ni villages ? Comment redéfinir les limites entre ruralité et urbanité ? Quelles perspectives envisager en termes de mobilité ?
Nous terminerons le cycle 2014 des Mardis du territoire par une question cruciale et pour le moins tabou de l’aménagement du territoire wallon.
Les Mardis tabous du territoire
4 et 25 novembre, 2, 9 et 16 décembre 2014, de 12h à 14h.
Mundo Namur, Rue Nanon, 98, 5000 Namur (Salle Okavango)
Participation gratuite mais inscription obligatoire.
Infos et inscriptions auprès de Julie Debruyne : par mail à j.debruyne@iew.be, par téléphone au 081/390.750, par fax au 081/390.751.