Aujourd’hui le Parlement Européen vote la Politique Agricole Commune pour la période 2023-2027.
Lors d’une mobilisation devant le Parlement Européen ce vendredi 19 novembre, IEW s’associait à une cinquantaine d’organisations pour inciter les eurodéputés à voter « NON » à la version de la PAC qui leur est soumise.
Vous n’avez pas le temps de lire ?
Pour agir à votre niveau, aujourd’hui, c’est par ici et c’est fait en 3 clics ! Ne sous-estimez pas l’impact que peut avoir un message juste avant un vote…
Si nous incitons les parlementaires à dire non à cette PAC. Ce n’est pas par simple volonté d’opposition de principe. C’est bien parce qu’une autre PAC est possible ; réellement plus juste pour les agriculteurs et les consommateurs et plus verte pour la planète et les citoyens.
Voici le speech prononcé par notre chargée de mission ruralité, Julie Van Damme ce 19 novembre :
« Oui, une autre PAC est possible !
Je fais partie de ce qu’on appelle les « parties prenantes » ; des acteurs qui ont la possibilité de participer aux discussions dans le cadre de la construction des plans stratégiques nationaux. C’était une première pour les organisations environnementales.
Et, je peux vous que des outils existent… Mieux, un nouveau cadre ambitieux a déjà été voté par l’Europe. Ce cadre, c’est celui du Green Deal avec des objectifs chiffrés on ne peut plus clairs (50% de pesticides en moins, 25% d’agriculture biologique, 10% de biodiversité). Votez cette PAC, c’est comme si les députés avaient dans une main un crayon et dans l’autre une gomme. D’une main, il signe le Green Deal et de l’autre en votant la PAC, ils effacent ce qu’ils viennent de signer.
C’est la première version du règlement PAC de la Commission en juin 2018 qui ouvrait la porte à la consultation d’organisations environnementales. Raison pour laquelle avec Greenpeace, Natagora, WWF-Belgique et Nature & Progrès, nous nous sommes unis dans une coalition imPAACte. Avec un double AA pour que la PAC ait un impact positif sur nos systèmes Agricoles et Alimentaires.
Parce qu’en tant que Fédération de plus de 120 organisations environnementales, ce qu’IEW plaide, c’est un retour à une agriculture qui envisage la nature comme une alliée. Comme le font les agriculteurs bio depuis des décennies, comme le préconisent les pratiques agroécologiques.
En tant qu’épouse de fermier, je suis toujours choquée d’entendre certains représentants d’agriculteurs coincés dans une vision de maîtrise de la nature (réminiscence de Révolution Verte) qu’ils font déjà assez « d’efforts » pour l’environnement. Oui, c’est vrai, au fil du temps, la PAC est venue ajouter des couches aberrantes de normes pour panser les plaies des atteintes à la biodiversité notamment. Mais cette voie est sans issue. Elle rend fou·olle·s les paysan.ne.s et elle nous rend malade également.
Alors ce qu’IEW propose, c’est de tirer parti de ce nouveau cadre européen ambitieux. De le voir comme tel et non pas comme une nouvelle contrainte.
D’en profiter pour ré-orienter ces 387 milliards vers des pratiques agricoles vertueuses qui existent déjà dans nos campagnes. Des pratiques mises en place par des paysans qu’il faut soutenir dès aujourd’hui dans une PAC ré-écrite. Car, si on attend la prochaine programmation, est-ce que ces paysans-là seront encore présents en 2027? Or, ce sont ces fermiers qui sont capables de produire une alimentation de qualité sans produits chimiques de synthèse, en connexion avec la terre, le sol vivant.
Vous, les citoyens présents aujourd’hui, vous êtes demandeurs de cette nourriture.
Une nourriture qui ne couterait pas forcément plus cher. Imaginez ce qu’il est possible de faire avec une manne de 387 milliards d’euros correctement orienté ! Fini les marges indécentes de la grande distribution qui captent finalement une partie des aides et place à un juste retour envers ceux qui cultivent et rendent des services à la société.
Des outils existent dans la PAC pour la faire changer en profondeur. Mais pour cela, il faut que toutes les parties prenantes jouent le jeu. Or, ce que j’ai aussi compris des débats auxquels j’ai participé, c’est que chacun se raccroche et défend bec et ongles ses « acquis » sans aucune vision commune du type de celle que je viens brièvement d’esquisser. Alors pour que tout le monde joue le jeu, il faut que chacun se remettent autour de la table avec les bonnes règles afin de remettre notre agriculture et notre alimentation dans la bonne direction et ne pas l’envoyer droit dans le mur.
No Nature No Future !
Change the CAP ! »
Retrouvez ici l’analyse du texte issu des trilogues1 faite par la coalition imPAACte.
- Ecouter à ce propos la brillante analyse de Daniel Guéguen, « Lobbyiste. Révélations sur le Labyrinthe européen«