Le Gouvernement wallon a entrepris dans la seconde partie de sa législature une réforme en profondeur de la chasse, réforme attendue depuis plus de 10 ans. Notre Fédération a salué l’adoption et la mise en œuvre du plan de réductions des densités de grands gibiers. Pour certains, ces évolutions ne sont cependant toujours pas acquises. Une campagne de désinformation orchestrée par les organisations représentatives des chasseurs et relayée par les médias et certains politiques bat en effet actuellement son plein.
Cette campagne véhicule les messages suivants :
« Les cervidés sont menacés en Wallonie, les densités ont atteint des seuils critiques. Les densités réelles ne sont pas connues et les méthodes d’évaluation sont mauvaises ». Semez le doute, cultivez le flou, entretenez la confusion : il en restera toujours quelque chose… une technique manipulatoire probablement inspirée des pratiques des fabricants de tabac, plus récemment adoptée par les climato-sceptiques.
« Quand bien même le niveau de densités serait clairement déterminé, qu’est ce qu’une densité cible tolérable pour l’équilibre faune-flore ». Cette affirmation porte en creux une contestation des densités actuelles et le nécessaire renforcement de la position des chasseurs dans la définition de l’équilibre faune-flore idéal, en concertation avec les propriétaires.
Très vite ce discours ouvre la voie aux déviances puisqu’il donnerait la responsabilité aux propriétaires et chasseurs d’identifier les densités cibles : « Quand bien même cet équilibre faune-flore serait rompu, c’est au propriétaire et non à l’Administration d’en décider. Les dégâts sont de toute façon très limités et géographiquement localisés … et, de toute façon, s’ils ont les moyens d’indemniser les propriétaires, où est le problème ? » Une telle affirmation nie la mobilité des cervidés et pénalise évidemment les plus petits propriétaires forestiers qui ne peuvent négocier une indemnisation des dégâts ou des baux de chasse à la hauteur des pertes subies. C’est aussi et surtout un déni de l’article premier du code forestier qui vise à développer la multifonctionnalité de la forêt plutôt qu’à privilégier une fonction au détriment des autres.
Cette campagne de communication ne s’arrête pas là. Elle vise également à diaboliser les associations environnementales en leur prêtant des intentions qu’elles n’ont jamais eues. Ainsi dans un éditorial récent de la revue Chasse et Nature, Benoît Petit affirme « … Cette biodiversité a bon dos, et permet à ces ayatollahs de tenter d’imposer leur charria verte sur toute la nature. Le gibier de nos forêts et de nos plaines paie cher l’aversion dogmatique de quelques-uns aux chasseurs. Or, ce n’est pas tant vis-à-vis des animaux que leur aversion s’exprime mais bien vis-à-vis du plaisir de chasser, (…), du privilège de pouvoir gérer un espace naturel et … in fine … du privilège de la propriété privée. Car c’est bien elle qui est dans le collimateur ! ».
Ces propos, relevant de l’imaginaire fécond de leur auteur, sont, à notre sens, très dommageables pour le monde de la chasse qu’il prétend pourtant défendre. Notre Fédération souhaite en effet renforcer la position du propriétaire qui, aujourd’hui, n’a aucune possibilité de recours contre les dégâts et coûts induits par les densités trop importantes résultant des pratiques de chasse déviantes.
Cette radicalisation ne se limite pas à l’éditorial mais s’étend à la ligne éditoriale de la revue dont les articles ne font plus échos à la diversité des points de vue qui traversent le monde de la chasse. L’enjeu pour les représentants des chasseurs est bien de faire « cause commune » autour des intérêts et de la vision de quelques-uns imposant ainsi à tous des positions qui paraissent de plus en plus indéfendables pour l’ensemble de la société.
L’analyse réalisée par la Fédération de la gestion des « points noirs » pour le sanglier corrobore ce point de vue puisqu’elle concluait d’une part en l’implication réelle du monde de la chasse et d’une partie des gestionnaires de « points noirs », indiquant clairement que l’appel du Ministre a été largement entendu et d’autre part en l’absence d’implication d’une minorité de chasseurs (50 territoires) qui attendent manifestement que la législature se termine. Il est plus que probable qu’une analyse similaire pour les cervidés aboutirait aux mêmes conclusions, avec un fort recoupement des territoires de chasse concernés.
Enfin, le RSHCB vient d’envoyer un questionnaire aux partis politiques en vue de connaître leur positionnement sur la chasse. Certaines affirmations y sont simplistes et/ou non étayées, d’autres reflètent ou prêtent aux chasseurs des postures d’un autre âge et des positions très minoritaires. Pour ces différentes raisons mais également pour soutenir certaines revendications, la Fédération a transmis au Politique ses commentaires et son analyse de ce questionnaire.