C’est officiel: cette année, les travailleurs pourront recevoir des eco-chèques de leurs employeurs pour un montant de 125 euros maximum. Le but: renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs et promouvoir les produits « écologiques ». Mais peut-on vraiment parler d’ « eco »-chèques?
Consommation « verte » mais pas consommation « durable »
Inutile de se voiler la face: les éco-chèques s’inscrivent avant tout dans une démarche surtout économique (et partiellement sociale) visant à renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs sans déroger au blocage des salaires. Point. La volonté, certes louable, d’inciter les travailleurs à privilégier les produits plus respectueux de l’environnement relève, à ce stade, de l’anecdote. Pourquoi me direz-vous? Parce que le principe même de ces chèques est d’inciter à la consommation, laquelle consommation a, dans nos pays riches, atteint de tels niveaux qu’elle s’accompagne inévitablement de dégâts collatéraux graves. Consommer mieux est un premier pas qui ne peut ouvrir la voie qu’à un consommer moins.
Une liste peu cohérente
Cette objection fondamentale énoncée, passons à l’analyse de la liste de produits qui pourront être achetés grâce aux eco-chèques. Remarque préalable : cette liste a été établie sans consultation des environnementalistes. Ils seraient pourtant d’une pertinence certaine dans l’identification des secteurs prioritaires et dans la sélection de produits en phase avec les priorités de l’urgence écologique. Ces secteurs prioritaires ont par ailleurs déjà été fort bien mis en évidence par l’étude EIPRO[Environmental Impact of Products (EIPRO): Analysis of the life cycle environmental impacts related to the final consumption of the EU-25 disponible [ici ]]: il s’agit du transport, de l’alimentation et de l’habitation.
Non à une alimentation durable, oui aux petites fleurs
Si le transport (avec, malheureusement un accent sur le transport individuel plutôt que sur un transport collectif plus durable) et l’habitation (au travers des économies d’énergie et d’eau) sont bien repris, il n’en est pas de même pour l’alimentation. Les partenaires sociaux ont choisi de dire non au bio ou aux productions alimentaires de qualité contrôlée. Pourtant, nombreux sont les consommateurs qui y renoncent à cause du coût, ignorant souvent qu’un » panier de la ménagère » constitué de produits alimentaires de saison sains et équilibrés destinés à une assiette également équilibrée est souvent source d’économies mais aussi de bonne santé (donc d’une diminution des frais médicaux par exemple).
A l’opposé, le secteur du jardinage se voit offrir une fleur: les produits de jardinage bio pourront en effet être achetés grâce aux eco-chèques. Mais les tulipes et les jonquilles plantées dans les jardins ne résoudront pas les problèmes de la nature et de la biodiversité.
Un premier pas qui pourrait ouvrir la voie
Un nouvel outil de sensibilisation à la consommation « verte » vient donc de voir le jour. Première étape d’un long chemin qui, sans nul doute, devra passer par une modification et une réorientation du système actuel de production/consommation dans lequel « moins » et « qualité » seront les fers de lance d’une économie différente.